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 RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand



POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Thermes de Stabies
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Patricien
Mar 31 Mar - 23:04
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




Claudia Rufia
₪ Arrivée à Pompéi : 26/09/2013
₪ Ecrits : 761
₪ Sesterces : 59
₪ Âge : 19 ans
₪ Fonction & Métier : Patricienne de la maison Claudii, et future épouse de Marcus Pompeius

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: Sic iutr ad astra
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Fiancée
Claudia Rufia
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RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand  - Page 2 303499Windinthehair

Etait-ce vraiment bien prudent ? Pas de se rendre à cette fête, mais plutôt d'y aller comme ça ? Rufia avait déjà dû faire des pieds et des mains pour que Marius la laisse venir ... Cela n'avait pas été aisé. Il avait à faire à l'extérieur de la ville, Rufia ne savait plus trop où, elle n'avait pas tout écouter. En tout cas, son frère n'avait pas été opposé à ce, qu'en soit, sa cadette se rende à cette fête. Il trouvait même que, dans le fond, c'était encore une possibilité pour elle de se faire connaître des Pompéiens, et surtout des membres de son élite patricienne. Cependant, puisque lui devait s'absenter, il estimait qu'elle devrait se passer de ces festivités, puisqu'il ne pourrait pas l'y accompagner. Rufia aurait pu faire en sorte d'y aller quand même, derrière son dos, mais elle connaissait suffisamment bien son frère pour savoir qu'il finirait par l'apprendre. Et si on apprenait qu'elle lui avait désobéi, cela la placerait en position délicate : nombreux seraient alors ceux qui n'hésiteraient pas à y voir de mauvais augures dans son futur mariage, si son propre frère ne pouvait même pas la tenir ... Alors, la jeune patricienne avait dû manœuvrer, faire des concessions, et accepter que, une nouvelle fois, Ystos l'accompagne. Cependant, elle avait joué à la petite maline, et elle savait qu'il risquerait de le lui faire payer. Marius, pas Ystos, bien sûr.

Rien n'avait été dit concernant son apparence. Alors, disons que Rufia avait pris quelques libertés. Troquant, pour un soir, son apparat pour celui, plus minimaliste (et pour cause !) de Diona, son esclave personnelle. Disons que, puisqu'elle aussi l'accompagnerait, car il ne pouvait en être autrement aux yeux de Rufia, des deux jeunes femmes, ce serait la plus âgée, et donc, Diona, qui serait parée la plus richement. Sans parler de la couleur de leur chevelure. Là où, habituellement, Diona était d'une blondeur incomparable, en cette soirée, ses cheveux prendraient des teintes rougeoyantes. Là où ceux de Rufia sembleraient embrasser avec tendresse par un soleil clément, et non calcinant, comme c'était pourtant le cas, habituellement. Et, honnêtement, Rufia se réjouit de l'absence de son frère, lorsqu'elle s'était regardée dans le grand miroir fêlé de sa chambre. Déjà, la voir plus nymphe que déesse, cela lui aurait fait un choc. Mais pas autant que de la voir blonde : ainsi, elle ressemblait encore plus à leur mère. Porter un masque la prévaudrait de tout risque d'être reconnue, du moins cela en diminuerait-il les chances. C'était agréable, en tout cas, d'être plus libre de ses mouvements qu'à l'accoutumée, même si, du coin de l'oeil, elle voyait bien que, pour Diona, le constat était inverse. Ce qui amusait grandement la vraie patricienne, qui se gardait cependant bien de se moquer de son esclave personnelle. Diona avait toujours été d'une gentillesse et d'une loyauté sans faille, tout en étant, également, sous les cieux divins, la personne qui devait le mieux la connaître ...

Des fleurs piquées dans ses cheveux, de très aériennes sandales, quelques discrets bracelets autour du bras, et de la cheville, et surtout, un masque aux accents de nature et de verdure, partant en quelques envolées lyriques et bucoliques ... Avec ça, et en s'étant éloigné quelque peu d'Ystos, puisque, après tout, elle avait promis de le laisser les accompagner, mais n'avait rien juré à propos de toute obligation à ce qu'il reste sans cesse auprès d'elles, Rufia commençait déjà à se lancer dans quelque pari mental. Qui, en ces lieux, parviendrait à la reconnaître en premier, là où, respectivement, avec Diona, elles ne s'étaient épargnés aucun effort et aucun détail pour se métamorphoser ? Elle ne connaissait les organisateurs que de nom, mais ils avaient bien sûr leur faire parvenir, à Marius et à elle, une invitation, de quoi légitimer sa présence, à elle, en ces lieux. Entrecroisant ses doigts avec ceux de Diona, une fois entrées, et après avoir quelque peu progressé, se postant près d'une colonne, en écoutant ce don discret, car à quelques mètres d'elles, de cette flûte enchanteresse. Ainsi parée, Rufia est sans doute moins reconnaissable, et donc plus à même de pouvoir épier, écouter, et observer sans être vue, ou repérée. Les langues se délient bien plus lorsqu'elles pensent être loin de votre portée auditive ou visuelle, et il est toujours bon d'en savoir plus que d'autres ne le voudraient, ou que ce qui serait convenable. Du moins, c'était ainsi que résonnait Rufia, qui ne manquait pas de sentir la joie de son esclave lorsque certains convives ne lui adressaient, à elle, aucun regard, et qu'ils s'inclinaient poliment devant sa compagne : pour sûr, cela les changeait ! Ah, s'ils savaient ... Sans doute lui en voudraient-ils, mais, peu importe. C'était le jeu de Rufia, cela n'engageait que sa satisfaction personnelle à elle, après tout.
Patricien
Mer 1 Avr - 18:42
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




Nemetoria Loreia Ovidia
₪ Arrivée à Pompéi : 22/08/2012
₪ Ecrits : 1428
₪ Sesterces : 10
₪ Âge : 18 ans.

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: « Chacun de nous porte en lui le ciel et l'enfer. »
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Mariée à Cnaeus Loreius Tacitus.
Nemetoria Loreia Ovidia
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Les plaisirs ne sont jamais vains, au moins pendant la minute où on les goûte.

Les fêtes. Ces instants où l’on veut faire croire à tous ceux qui sont présents que l’on vient simplement pour se divertir alors qu’en vérité il n’est rien de plus politique. Lors des fêtes, on montre patte blanche, et on commence par donner son nom avec une grande fierté, montrant bien que sa gens est représentée et que sa gens est la bienvenue. Et ensuite, on affiche. On affiche nos belles femmes, nos belles filles à marier, notre belle richesse en nous couvrant de bijoux, notre bel esprit en parlant malgré le vin. On prouve, on se prouve, et le combat est tout aussi présent que dans l’Arène des gladiateurs ou les Sénat des citoyens. Simplement, il est caché, il n’a l’air de rien, on le dissimule derrière une coupe de vin, au plus profond des saphirs dont on s’habille le cou…

Un mois à vivre complètement recluse ne l’avait pas fait oublier à Nemetoria Loreia Ovidia. Et aujourd’hui, Tacitus était parti régler les affaires à Rome, Tacitus qui lui était sorti quand le poison l’empêchait de quitter la villa, quand la douleur feinte du deuil qu’elle avait elle-même provoqué dans la villa familiale l’avait enfermée dans un silence et une solitude dont elle n’était sortie qu’aux côtés de son époux, dans l’intimité de leurs instants partagés. Mais ce soir, c’était Tacitus qui ne pouvait sortir et se faire voir, parce qu’il était parti à Rome, parce que des affaires l’avait appelées. Cependant, il était hors de question de laisser aux Pompéiens une chance de l’oublier, ou d’oublier son nom. Ovidia lui ferait honneur.

Elle accorda à son propre reflet dans le bronze poli un sourire fier, passa ses doigts sur ses cheveux d’un blond presque blanc tressés sur sa tête, frôla sa nuque nue, toucha sa palla bleue et grise et attrapa finalement le masque qu’elle avait décidé de porter ce soir. Celui-ci ne couvrait que ses yeux et son nez, et en soie blanche il était constellé tout autour de son regard de petites pierreries. Il servirait plus de bijou que de masque, car le portant son identité ne pouvait rester bien longtemps un mystère – mais n’était-ce pas le but ? Du reste, elle était restée assez sobre dans sa tenue et dans ses ornements, la mort du pater familias était encore proche et il était important de ne pas en faire trop. Nemetoria Loreia Ovidia hocha la tête en direction de la jeune femme qui lui tenait le miroir. Elles pouvaient partir.

Les fêtes. Moments de joies et d’orgies, où chacun s’adonne au voyeurisme, à l’ivresse et à la perversion avec un sourire pétillant et heureux. L’Olympe ou le Styx, selon si on se trouve dedans ou autour, selon le rôle qu’on y joue convive ou marchandise. Quand les gros poissons se battent, les crevettes doivent se tenir tranquilles. Car c’est ce que sont les fêtes, des batailles de gros poissons abrutis par le vin et que ceux qui servent suivent la tête baissée.

Enfin elles arrivaient. Les portes ouvertes offraient à Ovidia le spectacle d’un faste étourdissant. Sans aucun doute, les hôtes s’étaient démenés pour offrir une soirée inoubliable à ceux qu’ils avaient honorés d’une invitation.  Elle eut un sourire amusé. Elle se souvenait à peine d’avoir déjà rencontré l’un d’eux depuis son arrivée, quoique leurs visages ne lui fussent pas tous totalement inconnus. Elle s’approcha d’eux pour présenter ses respects et ses félicitations pour le décor qu’ils avaient su peindre, mais comme de nouveaux invités s’avançaient déjà elle ne s’attarda pas plus – si jamais l’envie venait de parler vraiment, le reste de la soirée lui en offrirait certainement l’occasion. Elle s’éloigna et goûta du regard les décorations, les courtisanes qui offraient leur beauté tout autant que leurs talents, les gladiateurs huilés. Dans cette dernière catégorie, son regard fut attiré par une jeune femme qu’elle peina à reconnaître au début, et devant laquelle elle s’émerveilla tout d’abord de loin pendant quelques instants. Saisissant un verre au passage, elle se fraya un chemin jusqu’à elle et vint se planter devant la guerrière qui ce soir ressemblait plus à une nymphe, le regard pétillant d’adoration. Son admiration pour les gladiatrices était sans borne, et son visage tout entier rayonnait face à celle sur qui son attention s’était portée. « Tu es Antiope n’est-ce pas ? »

Les fêtes. Lieux de combats et d’amusements. La romaine était déterminée à jouir des deux.

code by biscotte

Mer 1 Avr - 23:06
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




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Invité
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L’élite, le plébéien & le truand
RP commun
I though I'd found a reason to live
Just like before when I was a child
Only to find dreams made of sand ▬

Les doigts de la nymphe à la crinière de jais pianotaient prestement sur la flûte en bois sculpté, une mécanique bien huilée qui lui rappelait les chaudes soirées passées en Égypte à courir le désert avec son frère en espérant capturer un serpent. Elle se souvenait comme si c’était hier de la fois où, gamine, elle s’était mise à pleurer à chaudes larmes dans les bras d’Adjib en apprenant que le reptile ne pouvait guère survivre plus de deux mois après qu’on ait pratiqué une ablation de ses glandes à venin. La donzelle ne s’était pas pour autant découragée, multipliant les tentatives - ce qui lui avait valu d’attirer l’œil de sa souveraine qui malgré sa crainte de l’animal, s’était laissée charmer par sa prestation. Le serpent avait beau représenter Apophis, le malin de ce monde qui n’espérait qu’attirer Rê dans les profondeurs du Nil souterrain pour l’y garder enfermé, la fascination dépassait le terrifiant lorsqu’il s’agissait de songer à cet animal somme toute peu banal. Après tout, sa Reine ne se passionnait-elle pas pour la mue des serpents, la renaissance de cette jeunesse à laquelle elle s’accrochait tout autant qu’à sa beauté légendaire ? Philaé, pour une raison qui lui était inconnue, avait toujours apprécié la présence des reptiles ondulant à ses côtés. Leurs écailles luisantes, au delà du frisson d’effroi qu’elles suscitaient, étaient aussi douces que les plumes d’un oiseau au duvet chamarré. Les apparences étaient trompeuses et Philaé l’avait appris à ses dépends. Combien de langues acerbes et friandes de complots cachaient donc ces airs affables ? L’égyptienne n’aurait su dire.

Tandis que des intéressés venaient apprécier son spectacle, l’exotique distingua quelques mèches d’une crinière reconnaissable s’échapper d’un masque tout de nacre et de voile. Julia Felix. Philaé devinait l’œil attentif de sa domina détailler le moindre de ses mouvements pour évaluer sa capacité à plaire à l’élite. Nonobstant la curiosité qui la poussait à vouloir guetter sa maîtresse, Philaé prétendit vouloir satisfaire l’attention particulière que lui réservait ses spectateurs. Elle remarqua du coin de l’œil la carrure voutée du tenancier adverse s’approcher de Julia pour venir lui susurrer quelques mots doucereux. Le minois de Faustus, tout en sourire hypocrite avait de quoi faire froid dans le dos. Bien que l’égyptienne ne l’ait jamais réellement rencontré, elle avait entendu à bon nombre de reprises sa domina médire à son sujet. Philaé fut dès lors interpellée par une palabre visant à flatter sa prestation. Elle posa ses yeux sur l’individu qui se tenait à deux pas d’elle avec une risette enjôleuse vissée sur ces lippes arrogantes. La brune se fit la réflexion que le masque qu’il portait, demi-noir et demi-blanc, dénotait avec ironie. Ami ou ennemi ? Quelle révélation en filigrane devait-elle entrapercevoir dans les quelques mots qu’il venait de lui adresser d’un air matois ? Philaé plissa les yeux, intriguée par ces quelques notes de mystère puis darda brièvement un regard en direction de sa domina, empêtrée dans les serres avides de son interlocuteur. Lorsque l’admirateur de la donzelle vint à clamer quelques louanges à l’attention de l’oreille de la maquerelle, les calots de l’exotique s’embrasèrent d’une lueur malicieuse, amusement qu’elle distilla dans un sourire charmeur. Elle offrit une œillade à chacun des dignitaires qui levaient leur nez en sa direction, chavirant de quelques pas gracieux pour mieux s’abaisser au niveau de leur prunelles. Mais c’est en direction de son interlocuteur qu’elle se tourna, espérant reconnaître cette mâchoire saillante qui lui évoquait vague familiarité. Elle détacha ses phalanges de sa flûte pour souffler sur l’homme la poussière d’or contenue dans le creux de sa paume, pâle imitation d’un sable qui aurait du être brûlant. «
A ne point en douter, les requins aiment à nager en eaux troubles. » Chuchota-t-elle d’un ton savoureux avant de se redresser dans un froissement de tissus. Elle attrapa le serpent qu’elle fit à nouveau couler sur ses épaules, lui intimant d’onduler au gré d’un geste similaire esquissé par sa main tendue. « Prenez garde mon seigneur, dans la mare des mensonges, il ne nage que des poissons morts. » Ajouta-t-elle à l’attention de l’homme au masque d’ivoire et d’ébène. Si l’égyptienne s’adonnait volontiers au jeu de prophète, ça n’en restait pas moins un tacite avertissement à l’encontre d’un quelconque facétieux désir de la tromper. Néanmoins, cet appel à la complicité l’avait piqué au vif et elle continuait de guetter ce faciès dissimulé pour en deviner les détails. Elle tendit le bras pour présenter le reptile enroulé jusqu’à son coude et interpella les convives d’une voix douce pour en appeler à leur participation. « Ne craignez rien. Il est inoffensif. » Et ce fut à elle de distiller ce réconfort dans un sourire énigmatique, ses yeux vrillant en direction de son allié de circonstances.      






© Gasmask


Dernière édition par Philaé le Sam 4 Avr - 23:40, édité 1 fois
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Sam 4 Avr - 16:51
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Tiberius Oppius Lucanus
₪ Arrivée à Pompéi : 24/11/2014
₪ Ecrits : 336
₪ Sesterces : 138
₪ Âge : 30 ans
₪ Fonction & Métier : Masseur et gérant des thermes de Stabie
Tiberius Oppius Lucanus
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L'élite, le plébéien et le truand
D'ordinaire, Lucanus ne portait que des tuniques, souvent d'un noir terni par le temps, qui se recouvraient d'huile avant la fin de la journée. Alors, quand il pouvait sortir en toge, il faisait les choses en grand, montrant de la manière la plus ostentatoire possible qu'il était un citoyen romain digne de ce titre. Ce soir, tout le gratin pompéien s'entasserait dans ses thermes, après avoir reçu son invitation, et il se montrerait à la hauteur de leurs espérances. Ce serait la meilleure fête qu'il aurait organisée, il faisait toujours en sorte que ce soit le cas. Elle serait plus brillante, plus inoubliable que l'avait été la précédente, organisée alors que Pompéi tremblait encore sous le froid de l'hiver. Les Oppii seraient encore plus beaux, et surtout, encore plus puissants.
Un esclave tournait autour de Lucanus, l'aidant à s'envelopper dans une toge pourpre aux motifs dorés qui avait évidemment été achetée par Pulchra, tandis qu'il enfilait sur ses doigts différentes bagues de sa collection. Ses cheveux ondulés tombaient sur ses épaules carrées, et il ne pouvait s'empêcher de vérifier dans le miroir face à lui qu'ils étaient bien propres, débarrassés de toute l'huile qui les recouvrait. Si ça ne le dérangeait pas quand il travaillait, il ne supportait pas l'idée de se présenter devant ses invités avec une allure poisseuse. Bientôt,  son esclave terminait d'ajuster les dernières pliures de la toge, et sécurisait sa tenue à l'aide d'une broche en or que Lucanus avait acheté auprès du meilleur joaillier de Neapolis, représentant paon dont les plumes étaient serties de pierres bleues et vertes. Si Paullus voulait se prendre pour un Corbeau, alors il serait un Paon – mais juste pour ce soir, le cognomen animalier, très peu pour lui. Il considérait en tout cas cet oiseau ramené sur la péninsule italique par le Grand Alexandre comme plus beau, plus noble, il le voyait comme l'oiseau des rois qui jadis régnaient sur Rome.
Malgré cette légère provocation, Lucanus se promettait que ce soir, sa rivalité avec son frère cadet serait mise de côté. Ce soir, les Oppii devaient être unis devant le peuple pompéien. Personne n'avait besoin de savoir ce qu'il se tramait réellement à l'intérieur des rangs. Il avait laissé Paullus inviter certaines de ses petites gens en guise de paix, comme cette plébéienne nommée Epidia quelque chose, que tout le monde semblait vouloir prendre sous son aile, comme si elle n'était qu'une malheureuse enfant. Dans sa liste d'invités, son frère avait aussi choisi d'intégrer le cauchemardesque tenancier de la taverne Fausta. Lucanus avait fini par accepter, fatigué de constamment devoir remettre du sens dans l'esprit de son cadet. S'il ne voulait pas voir qu'inviter ce requin de Kaeso Ausonius Faustus était une mauvaise idée, il allait peut-être s'en rendre compte par lui-même. Lucanus lui avait alors dit qu'il ne prendrait en charge aucune frasque de cet homme, que ça serait à son fidèle client le Corbeau de gérer. Néanmoins, Tiberius se l’était juré : si quelqu’un venait vers lui pour se plaindre du moindre invité de Paullus, cette pauvre personne pointée du doigt serait considérée comme indésirable aux thermes pendant un bon moment, et évidemment, ne serait plus jamais conviée à la moindre fête. Lucanus avait en plus tendance à être légèrement têtu, et surtout, il avait une très bonne mémoire. Paullus invitait ce soir à ses frais, toute sa raclure avait intérêt à se tenir à carreau au risque de ne plus poser ne serait-ce qu’un orteil sur le marbre des thermes pour un bon moment. Ils n’auraient qu’à aller se laver dans les petits thermes alentours, ou rester dans leur puanteur, ça ne serait plus le problème des Oppii. Il valait clairement mieux de perdre leur bourse minime et leur influence inexistante que de risquer ne serait-ce que de contrarier un patricien. Lucanus chassa ces pensées d’un coup de tête. Il enfila la paire de sandales que lui tendait l’esclave de la maison, avant de retourner aux thermes. Il avait encore quelques ordres à donner.

Un fil noir se perdait dans l’épaisse chevelure ondulée de Lucanus. Il maintenait en place sur sa face un masque assorti à sa toge, d’une couleur rouge un peu foncée, qui cachait son visage depuis son front jusqu’au-dessus de ses lèvres. Il ne douterait pas qu’on le reconnaîtrait, il ne manquerait pas de rappeler qui il était à qui voudrait l’entendre, d’ailleurs, mais il voulait tout de même jouer le jeu. Son jeu, à sa fête. Il était habitué à ces orgies, mais ne s’en lassait jamais, sûrement parce que même le poisson qui vit dans l'eau a toujours soif.  Plus, toujours plus.
Tous les Oppii étaient réunis autour des portes. Ils étaient beaux. Les quatre enfants aux cheveux bruns, rangés derrière leur père vieillissant qui arborait pourtant un immense sourire ce soir. Lui aussi, adorait ces soirées. Rien ne satisfaisait plus Lucanus que de voir son père heureux et fier. Scapula ne lui a fait aucun commentaire, mais son fils avait depuis longtemps appris à reconnaître les moments où son mutique de père était fier de lui. C’était un de ces moments. Les portes s’ouvrirent, et la foule se pressa à l’intérieur des thermes. Du beau monde, que du beau monde. Lucanus ne voyait même pas rentrer les quelques raclures invitées par Paullus. Il ne voyait que les magnifiques toges aux couleurs chatoyantes, il n’entendait que les voix fortes, charismatiques, ne sentait que des parfums élaborés de femmes élégantes. Les soirées des Oppii aux thermes étaient destinées à un certain public, mais ce n’était pas pour rien. On y réglait des affaires importantes, on liait et déliait des alliances, et ça ne se faisait pas en présence de n’importe qui. Quand les gros poissons se battent, les crevettes doivent se tenir tranquilles.
Les félicitations pleuvaient, et tandis que l’orgueil de Lucanus grandissait, nourrit par ces flatteries, les thermes se remplissaient. Tout le monde avait répondu à l’invitation. Il avait fait attention à chaque personne qui avait pénétré l’enceinte des thermes, essayant de mettre un nom sur le masque, écoutant ce que chacun avait à dire. Il se nourrissait de leurs idées, de leurs avis, de leurs critiques. Si Lucanus avait bien une qualité, c’était celle de savoir se plier en quatre pour répondre aux requêtes des autres. Il considérait ne faire finalement que peu de choses pour lui, se donnant corps et âmes aux autres. Ce n’était peut-être pas tout à fait le cas, mais ça ne l’empêchait pas de ressentir les choses ainsi.

Sa cousine Cicurina avait été l’une des premières à pénétrer dans l’enceinte des thermes. Elle faisait partie de ce petit groupe de personne qu’il était réellement enchanté de voir à la fête, ce petit groupe qu’il n’aurait manqué d’inviter pour rien au monde, pour qui il prenait la peine d’accrocher un sourire sincère sur son visage. Dans cette élite personnelle, il n’y avait que des membres de sa famille et des proches amis, avec qui il échangeait des rapports qui n’étaient pas trop calculés. Si les Oppii avaient élevés avec une valeur, c’était celle de rester fidèles aux leurs. C’était certainement pour cela que les fluctuations dans la relation qu’entretenaient Paullus et Lucanus créaient autant de remous auprès des leurs. On n’était pas habitué à voir les opinions des masseurs de Pompéi diverger, puisque d’ordinaire, ils avançaient comme une force unie. Mais encore une fois, Lucanus ne voulait pas penser à cela. Il souriait avec sincérité à sa cousine qui l’embrassait sur la joue et le félicitait, avant de la remercier et de l’orienter vers le lieu des festivités. Tout se déroulait parfaitement bien.

Un autre membre de cette élite personnelle passa bientôt la porte des thermes. Il n’eut aucun mal à la reconnaître, malgré son masque. Il avait plutôt l’impression qu’il lui aurait été impossible de ne pas la reconnaître. Julia Felix n’était pas une femme qu’on oubliait. Il distingua rapidement sa chevelure rousse attachée de manière compliquée au-dessus de sa tête,  mais ce furent ses courbes savamment mises en valeur par sa palla qui finirent de confirmer  son identité auprès du masseur. Il croisa bientôt son regard perçant, qu’il ne manqua pas de soutenir pour quelques fractions de secondes. Il reconnut aussi ses boucles d’oreilles pour les lui avoir offertes, et ça ne manqua pas – il était certain qu’elle l’avait fait exprès – de lui rappeler les derniers mots qu’ils avaient échangés : une dispute pour il ne savait même plus quelle raison, rien de grave, évidemment.  Ils s’étaient vites emportés, mais aucun des deux ne s’était sérieusement inquiété des suites de cette altercation. Quand il eut finit de la détailler, il se rendit compte qu’ils avaient décidé d’opter pour le même style de tenue pour ce soir. Il était impossible de ne pas se comprendre que cette femme masquée était Julia Felix comme il était inconcevable de ne pas reconnaître Lucanus. On pouvait dire le contraire quand on regardait la morue qui avait débarqué dans les thermes juste après Julia et qu’il était absolument impossible à distinguer tant sa tenue masquait qui elle était. On ne les reconnaissait pas pour leur aura, et pas non plus parce que tout le monde était supposé savoir qui ils étaient. Non, c’était entièrement de leur fait : ils semblaient tous les deux s’être accordés pour  masquer leurs traits peu intéressants, mais aussi pour mettre en valeur tout ce qui faisait d’eux qui ils étaient. Ils auraient pu faire un effort pour cacher cela, effaçant au passage un peu de leur personnalité. Si ça avait été impossible à faire pour Lucanus, c’était certainement à cause de Felix. C’était elle qui avait fini de le convaincre qu’il fallait toujours marcher la tête haute, fier de sa personne. Il la remerciait en l’imitant, en la prenant pour modèle presque sans s’en rendre compte.
Elle félicita les Oppii dans leur entièreté, sans s’épandre particulièrement sur son amant, parce que lors de ce genre de soirée, ce n’était pas ce qu’ils étaient. Là, ils étaient de proches alliés, qui se servaient de ce que l’autre avait à proposer pour faire fonctionner leurs affaires. Rien de plus, et ni l’un ni l’autre n’avait vraiment besoin de faire semblant. Ça fonctionnait parfaitement ainsi, en séparant le plaisir du travail, ils n’étaient alors pas près de faire changer cela.

Tout le monde était entassé dans le patio des thermes. Tout Pompéi, ou en tout cas, c’était ainsi que Lucanus voyait les choses. Toutes les personnes importantes, toutes celles dont on avait envie de se rappeler étaient là. Bien sûr, il y avait une personne que Lucanus aurait préféré ne pas voir, le tenancier de la Taverne Fausta qui était rentré il y avait quelques minutes maintenant, mais il était parvenu à ne pas trop faire attention à lui. Il n’avait évidemment eu aucun mal à le reconnaitre malgré son accoutrement de grand homme, mais il avait vite détourné le regard, se concentrant sur les invités qui en valaient vraiment la peine. Le duumvir Publicola et sa famille étaient présents, mais éparpillés un peu partout. Les courtisanes de Felix et les gladiateurs des deux ludii assuraient un spectacle plaisant que tout le monde semblait suivre avec plaisir. Un des bijoux de la soirée devait certainement être la gladiatrice de Naevius, qu’on appelait Antiope et qui s’affichait fièrement telle la reine qu’elle était supposée être, sur son piédestal. Autre bijou, cette nouvelle louve que Julia Felix venait d’acquérir autour de laquelle beaucoup de personnes s’étaient déjà attroupées ; une égyptienne, à ce qu’elle en disait, qui jouait de la flûte sans relâche. C’est quand il vérifia que tout se passait bien de ce côté-là que le regard de Lucanus croisa de nouveau la silhouette de Faustus. Son regard aurait pu continuer sa route si il n’avait pas noté que juste à côté de l’homme se trouvait  Julia Felix. Le sourire que Lucanus avait jusqu’alors sur le visage se fana aussitôt. Que foutait-il là,  ce maquereau ? Que cherchait-il auprès de sa principale concurrente ? Evidemment, il ne put s’empêcher de s’imaginer les pires scénarios, ce qui le poussa à se détourner de la scène pour chercher des yeux son frère.

Paullus portait un stupide masque aux allures de Corbeau. Comment avait-il pu accéder à sa requête, comment avait-il pu dire oui à la venue de Faustus ? C’était la pire idée du siècle, Lucanus aurait mieux fait de rester ferme avec son cadet sur ce point.  Paullus avait dû voir son frère de loin puisqu’il déboula vers lui sans vergogne pour l’attraper par le bras et lui chuchoter à l’oreille, d’une voix dure et sans appel :

« J’espère que tu comptes faire quelque chose pour éloigner ton précieux Faustus de Felix, parce que je te garantis que la seule présence de ce rapace à côté d’elle l’offusque déjà. Et offusquer Julia Felix, c’est la perdre. Je te rappelle Paullus que si nous perdons une alliance pareille, la faute sera sur toi … »

Il s’interrompit une seconde avant de reprendre, d’une voix encore plus basse, pour que personne n’entende ce qu’il avait à dire à son frère :

« Tu es un Oppius, par Jupiter, agis comme tel ! »


©️ charney

Spoiler:
Patricien
Dim 5 Avr - 17:10
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Lucius Aquillius Maximus
₪ Arrivée à Pompéi : 15/03/2015
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₪ Âge : 28 ans
₪ Fonction & Métier : Tribunus laticlavius de la IV Légion, en charge du commandement d'une cohorte affectée à la défense des voies commerciales suite aux rumeurs de révolte servile.

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Lucius Aquillius Maximus
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L'élite, le plébéien et le truand
feat... Les invités.
   

   
La fête battait son plein. Les invités affluaient, certains moins discrets que d'autres. Certains plus tactiles que d'autres avec les divertissements qu'offraient les esclaves dévêtues de Julia Félix. Ne dit-on pas qu'avec de petits appâts, on capture de gros poissons ? Ce dicton se confirmait en ces lieux. Les notables de la cité restaient des hommes, la plupart ne refusant pas la douceur de l'entre-cuisse d'une femme en échange d'une faveur. Même le poisson qui vit dans l'eau a toujours soif, et l'appétit de ces requins ne connaissait pas de fin. Mes pas me menèrent près d'un petit groupe, et en laissant malencontreusement mes oreilles trainaient, je compris tout de suite que j'étais en présence des deux plus gros proxénètes de la cité. Avez-vous jamais entendu la marchande de poisson dire que le maquereau sent mauvais ? Et bien c'est exactement ce qui se passait. Un sourire illumina mon visage tandis que je m'éloignais à la recherche de Praedita que j'avais délaissé l'espace d'un instant.

De la baleine à la sardine et du poisson rouge à l'anchois dans le fond de l'eau chacun dîne d'un plus petit que soi, c'est pour cette raison que je refusais de laisser mon amie seule trop longtemps au milieu de ces cervelles d'huitres. La situation était déjà assez complexe sans en rajouter encore une couche. Je ne fus donc que moyennement surpris lorsque je retrouvais la sœur du Duumvir un verre à la main. Et je devinais qu'il ne s'agissait pas du premier puisqu'elle était bien plus bavarde qu'à l'accoutumé. Mangez le poisson tandis qu'il est frais et mariez votre fille tandis qu'elle est jeune, car à partir d'un certain âge, une femme devient intenable. La saisissant par le bras, la tirant contre moi afin de lui parler à l'oreille. - Sais-tu que quand les gros poissons se battent, les crevettes doivent se tenir tranquilles ? Tu es ici pour t'amuser, non pas pour t'enivrer et te tourner en ridicule devant les puissants de cette ville qui porte ton nom.

Sachant pertinemment que mon intervention allait déclencher la fureur de ma compagne du soir, je pris une nouvelle fois la parole, l'empêchant par ce fait de le faire, tout en lui désignant une personne dans l'assemblée - La mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans. Et en voyant cette morue, je me dis qu'elle doit y vivre. Avec un peu de chance, l'alcool aidant, elle rigolerait à ma blague de mauvais goût, lui faisant oublier ma remontrance.


   
Plebe
Mer 8 Avr - 1:58
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




Manius Oppius Corvus
₪ Arrivée à Pompéi : 15/06/2014
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₪ Sesterces : 2
₪ Âge : 28 ans
₪ Fonction & Métier : Masseur aux thermes

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: C'est la femme qui choisit l'homme qui la choisira.
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: j'ai bien trop d'amour pour une seule femme !
Manius Oppius Corvus
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L'élite, le plébéien et le truand


Thermes de Stabies ~ mi-mai 725 AUC

Les portes s’ouvrent et la foule se présente, observatrice et flamboyante, toute en apparat.  Chaque nouveau visage qui entre dans nos thermes m’arrache un délicieux sourire et je salue chaque invité avec une dignité et un professionnalisme que Lucanus m’envierait presque s’il n’était pas doté du même. L’héritage de notre père transparaît en ses fils, et même en moi en des soirées comme celle-ci. Voilà qui devrait empêcher les remarques habituelles de tous ces doux personnages cachés derrière leurs masques que l’on appelle ma « fratrie ».

Parmi les premiers à franchir le seuil des thermes, je reconnais notre chère cousine, Vettia, qui vient nous saluer avec la mine enjouée que nous lui connaissons communément.

- Tu t’es une fois de plus surpassé, Lucanus, dit-elle en embrassant mon frère.

Je ne pense pas que Cicurina ait voulu lancer par ce biais la moindre pique, mais je ne peux empêcher les poils de ma nuque se hérisser tant ce genre de compliments deviennent de plus en plus exclusivement destinés au deuxième fils de Scapula. Plus Lucanus brille et plus le reste de sa famille demeure oubliée dans l’ombre. Si j’en ai depuis quelque temps déjà fait mon deuil, je ne saurais dire ce que ce genre de remarques sans cesse ressassées provoque chez mes deux petites sœurs qui se tiennent à ma gauche. Il semblerait que ce soir aussi, il n’y ait qu’une seule couronne de lauriers pour tous les Oppii…

Cicurina va saluer ma sœur et ce qu’elle lui murmure à l’oreille tend à me rassurer sur ses intentions car je crois voir se dessiner sur les lèvres de ma chère Musca les prémices d’un sourire. Alors, notre cousine tourne sont chaleureux visage vers moi et me lance d’un ton amusé :

- En revanche, j’avoue que ton masque me déçoit mon cher Paullus. Je m’attendais à quelque chose qui ferait référence à Apollon…

- Je ne suis fait que pour décevoir le monde et en faire davantage s'élever mon frère. Ne trouves-tu pas que je suis doué à cette tâche ? lui répondis-je en la gratifiant d’un clin d’œil. En effet, Apollon m’aurait sans doute merveilleusement sis, mais j’imagine que mes frêles épaules n’auraient pas pu supporter le poids d’une telle lumière. Et quel frère serais-je si je devais faire ombrage à l’hôte de cette soirée ?

Oui, « l’hôte », le seul, l’unique. La critique est implicite et je sens l’œil furibond de Lucanus qui se pose furtivement sur mon masque de corbeau et que je prends un malin plaisir à ignorer. Cicurina ne laisse pourtant pas se faner son sourire de princesse et ne relève pas mon attitude goguenarde, préférant laisser ces querelles familiales là où elles ne sauraient troubler la fête.

- En tout cas, je suis contente de te revoir, cousin, dit-elle enfin.

Tendrement, je m’approche de son visage pour déposer un baiser sur sa pommette et lui murmure à mon tour :
 
- Moi aussi, cousine, moi aussi… Passe une bonne soirée.

Je lui offre mon sourire le plus sincère avant de la laisser rejoindre le reste des invités. Les alliances ne se consolident pas au sein de sa famille, mais auprès de celles qu’il nous reste à rencontrer. Son travail n’est pas avec nous, et je le sais très bien.

Les minutes passent et les jardins des thermes sont foulés par des Pompéiens toujours plus nombreux. Chacun d’eux vient saluer mon honorable père qui demeure aujourd’hui et jusqu’à sa mort le véritable maître de ce royaume de marbre et de stuc, puis glisse pour sa fière descendance un compliment sobre et bien choisi auquel nous répondons toujours avec gratitude et déférence. Le jeu des alliances et du clientélisme s’immisce dans chaque phrase, dans chaque salutation, alors que chaque client se doit d’être reconnu par l’un d’entre nous et d’être reçu avec la petite attention supplémentaire que lui offre le préféré de ses masseurs parmi les quatre enfants de Scapule. « Bienvenue, Acuelo. Comment se porte votre dos ? Mieux, je l’espère. » « Cincinnatus, quelle joie de vous voir ! Aucun souci avec les marchandises que vous avez reçues hier d’Alexandrie ? … J’en suis heureux. » « Habita, vous êtes resplendissante. Comment se porte votre jeune fils ? » Les bonnes paroles et les meilleurs vœux de santé s’échangent et se répètent, parfois aussi faux que le sourire d’une putain. Mais chacun connaît l’importance de ce genre de soirées et combien une seule d’entre elle peut faire pencher la balance en sa faveur dans le monde obscur des accords et des influences. Aussi, tous se plient à ces règles avec abnégation, rendant les sourires et renforçant les liens les plus indispensables. Le temps fait entrer certaines des plus belles têtes pensantes de la cité, celles auprès de qui aucune erreur n’est permise. La sœur du duumvir, Praedita, paraît au bras d’un grand homme à la carrure d’un militaire que j’imagine être un soutien affiché de la famille ; Stephanus, drapé dans tout le luxe que lui permet sa richesse, m’adresse un signe de tête auquel je réponds sobrement, mais avec un sourire provocateur que je le sais apprécier puisqu’il ne manque pas de me demander à presque chacune de ses visites aux thermes ; puis les Licinii, la famille de ma murène venue chatouiller le lion. Les Oppii ne prennent pas parti aux querelles politiques, notre père n’a cessé de nous le répéter. « Comment les plus beaux therms de Pompéi pourraient-ils se passer de la moitié des patriciens ? » disait-il à ses têtus de fils. « Les rivalités sont le jeu des politiciens, mais tout homme a besoin de soins du corps. » Suivant les conseils du patriarche, je salue dignement Murena accompagné de sa famille alors que sa fille aînée, Domitia, vient murmurer quelques mots à ma sœur. Je souris et reprends mon observation minutieuse de cette assemblée de requins aux dents toujours plus affutées que le voisin. Mais de la baleine à la sardine et du poisson rouge à l'anchois dans le fond de l'eau chacun dîne d'un plus petit que soi, n’est-il pas ?

Le défilé des honorables gens se poursuit et, alors que la belle Felix vient illuminer les thermes de sa présence, je sens Lucanus se raidir à ma droite. N’osant que garder le silence, je fais à la matrone un respectueux signe de tête, observant mon frère à la dérobée. Je ne sais pas exactement quelle alchimie prend corps entre eux deux chaque fois que la fortune les met en présence l’un de l’autre, mais je sais combien l’alliance des Oppii avec la maison de Julia Felix est précieuse aux yeux de mon grand frère, pour me l’entendre répéter chaque fois que ce dernier en a l’occasion. Mais bien vite, je détourne mon attention vers l’entrée alors que j’entends une voix d’homme clamer :

- Ô Bonsoir mes chers amis ! Vous attendiez votre Génie et bien le voici n'attendez pas plus longtemps !!!      

Stupéfait, je hausse les sourcils et ne quitte pas l’énergumène du regard jusqu’à ce que sa silhouette se fasse happer par la masse d’invités qui ne cesse de grossir entre les colonnades. Encore un jeune protégé par quelque grand de ce monde, à n’en point douter. Les hautes naissances promettent les existences les plus doucereuses, mêmes aux fils les plus excentriques…

Viennent alors le duumvir avec sa femme à son bras auxquels nous adressons nos respects les plus appuyés. Quel sot délaisserait l’amitié du plus haut magistrat d’une cité ? Quel qu’il fût, jamais il ne porta le nom des Oppii… Puis, un autre convive, plus petit de taille comme de naissance, se présente dans toute l’exagération qu’est la sienne et je ne peux empêcher un rictus étirer le coin de mes lèvres alors que je reconnais sans peine ce fourbe de Faustus qui salue notre famille avec plus de courtoisie que je ne lui ne l’en aurais jamais cru capable. A ma droite, Lucanus se crispe et je sais que le frisson qui s’empare de son échine ne vient nullement du même genre de sentiments que celui qui l’a envahi lors de l’arrivée de Felix. Je ne compte plus le nombre de fois où mon frère a tenté de me dissuader d’inviter cette canaille, et le nombre de fois où j’ai balayé ses arguments d’un revers de main. Outre le fait que mon amitié avec le tenancier m’assure des prix avec lesquels ma bourse a moins de rancune, entretenir de bonnes relations avec Faustus nous permet de garder un pied dans les affaires des petites gens, chose que Lucanus refuse de voir tant il craint de voir la boue éclabousser les dorure de sa toge. Pourtant, mon frère n’est pas un idiot et il sait que chaque information que pourrait nous livrer Faustus au besoin est une raison de plus de le compter parmi nos invités de ce soir, et ce malgré tous les risques qu’accompagnent sa présence. Aussi, à force d’insistance et de concessions partagées, ce brave Kaeso a pu recevoir le précieux carton lui ouvrant les portes des thermes de Stabies pour cette délicieuse soirée. Avec de la discipline et de la patience, on vient à bout de n’importe quel poisson une fois qu’il a mordu à l’hameçon, n’est-ce pas ? En contrepartie, je me sais entièrement responsable de Faustus ce soir, chose que Lucanus s’empresse de me rappeler alors que le maquereau se dirige déjà dans la seule direction que je lui sais entièrement interdite.

- J’espère que tu comptes faire quelque chose pour éloigner ton précieux Faustus de Felix, parce que je te garantis que la seule présence de ce rapace à côté d’elle l’offusque déjà. Et offusquer Julia Felix, c’est la perdre. Je te rappelle Paullus que si nous perdons une alliance pareille, la faute sera sur toi …    

Je cherche immédiatement Faustus des yeux et ne tarde pas à distinguer parmi la foule ses étoffes mille fois trop riches pour un homme de son envergure alors qu’il lance quelques mots en direction de Felix près d’un piédestal ou s’active une des filles de la matrone dont le serpent attire les regards fascinés de quelques Pompéiens venus combler là leur désir d’exotisme. Soudain, la voix de mon frère vient de nouveau gronder à mon oreille :

- Tu es un Oppius, par Jupiter, agis comme tel !    

Immédiatement, je dirige vers lui un regard assombri d’une colère sourde alors que ma mâchoire se crispe pour ne pas lui répondre comme je le voudrais devant toute cette délégation de bougres bien gras et mielleux qu’il affectionne tant.  

- Ai-je jamais gâché tes soirées de parade, mon frère ? sifflé-je entre mes dents de sorte à ce que seul lui m’entende. Pavane-toi l’esprit tranquille, jamais un jour aussi décisif pour notre famille n’a été assombri par ton indigne cadet, et celui-là ne le sera pas non plus. Peut-être n’accepteras-tu jamais de le croire, mais ces thermes me sont aussi importants qu’ils le sont pour toi.

Je m’interromps quelques secondes pendant lesquelles je cherche Faustus des yeux pour m’assurer qu’il n’ait pas migré vers quelque lieu en dehors de ma portée, puis je reviens planter mon regard dans les prunelles de mon frère.

- Je t’ai dit que je gèrerais Faustus, économise donc ta salive pour en lustrer les sandales de cette nuée de patriciens qui te tournent autour comme autant d’insectes attirés par une lumière, Lucanus.

J’insiste sur son cognomen qui n’a jamais été aussi savamment employé qu’aujourd’hui, alors que tous viennent saluer les prouesses du deuxième fils de Scapula. Tout son être brille de cette aura que renforcent tous ces invités qui l’observent avec des yeux emplis d’admiration. Si cette soirée s’avérait être un échec, je sais qu’il affectionnerait tant pouvoir m’affubler de la faute de ce malheur et je ne lui ferai pas ce plaisir.

- Cette fois, Lucanus, pour toutes les autres où tu n’en as pas été capable, je te demande de me faire confiance. Tu es mon frère, toi aussi, agis comme tel.

Sur ces mots, j’efface toute animosité de mon visage, m’efforçant de retrouver cette mine enjouée que se doivent d’avoir tous les enfants de Scapula qui reçoivent ce soir tous les grands de cette ville. D’un signe de tête, je salue la femme de Cnaeus Loreius Tacitus avant de m’excuser et de m’enfoncer dans la foule pour aller retrouver Faustus, toujours en compagnie de Julia Felix. Sur le chemin, plusieurs de mes clients réguliers me gratifient d’un salut plus personnel auquel je réponds toujours avec un professionnalisme travaillé et naturel. Mais je ne perds pas une seule seconde le fripon de vue et, m’emparant du plateau d’un esclave sur lequel figurent trois coupes de vin coupé à l’eau, j’arrive à leur hauteur en offrant à Felix mon sourire le plus charmeur.

- Une coupe de vin, chers convives ? Outre la vue de cette divine charmeuse de serpent, je ne doute pas que ces premières chaleurs printanières puissent vous assécher quelque peu la gorge et je regretterais de vous voir ainsi souffrir de quelque inconfort.

Alors que je prends la dernière coupe, je rends le plateau encombrant à l’esclave qui se hâte d’aller quérir d’autre breuvage et je me tourne de nouveau vers nos deux invités.

- C’est une joie de vous compter parmi nous, chère Julia Felix. Vos nymphes sont d’une beauté remarquable ce soir, mais nous n’en attendions pas moins d’une maison d’une telle qualité.

Doucement, je viens boire une première gorgée de vin, puis j’ajoute avec un empressement que je peine à cacher véritablement :

- J’espère ne rien interrompre. Mais, pourrais-je vous emprunter ce brave Faustus quelques instants ?

Alors qu’un nouveau sourire vient étirer mes lèvres, ma main libre vient s’emparer de la manche de Kaeso que je tire discrètement en arrière pour l’obliger à me suivre et je nous éloigne ainsi de quelques pas pour trouver un endroit où les oreilles attentives ne sauraient distinguer le moindre de mes mots. Alors, je gronde d’une voix grave teintée de reproches :

- Sais-tu les risques que je prends en te laissant entrer ici, pauvre fou ? Une seule personne t’est interdite, une seule, et tu accours vers elle comme un chien qui flaire une femelle ? Que cherches-tu à faire ?

Je jette un regard inquiet à la foule pour m’assurer qu’aucun invité ne nous épie, puis je reprends :

- Nous ne sommes plus dans ta taverne miteuse. Les règles de ce monde ne sont pas les mêmes que dans le tien et tu le sais très bien. Souhaites-tu me faire plonger, pauvre cervelle d’huître, car c’est exactement ce que tu t’apprêtes à faire en allant distiller ton venin auprès de Felix !

Jetant un nouveau regard par-dessus mon épaule, je ramène la coupe à mes lèvres pour boire une large gorgée.

- Va donc faire le numéro qui te chante auprès de ces braves gens trop riches et trop propres, mais ne t’avise pas de créer le moindre malaise lors de cette soirée car je t’assure que si jamais la moindre plainte me revient aux oreilles par ta faute, j’irai amocher le doux visage de tes putains de sorte que même les légionnaires revenus de plusieurs années de batailles en Germanie préférerons se soulager auprès d’une chèvre plutôt que de passer une seule heure entre leurs cuisses. Suis-je assez clair désormais ?

Mes prunelles viennent transpercer les yeux du tavernier alors que je vide ma coupe d’un trait.

- Je t’ai fait une fleur en te faisant entrer ici. Ne me le fais pas regretter.
lumos maxima


Hrp:
Arene
Mar 14 Avr - 23:18
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Antiope
₪ Arrivée à Pompéi : 09/03/2015
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Antiope
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Antiope s’était souvent demandé l’intérêt d’avoir les gladiateurs à ce genre de soirée. Après tout, on ne demande pas au poisson ce qui arrive sur terre, ni au rat ce qui arrive dans l'eau. Le seul intérêt était d’avoir ces stars de l’arène, ces athlètes qui les faisaient rêver, un peu plus près. De pouvoir les touchers, les caresser, leur parler, et parfois un peu plus quand on savait y mettre le prix. Prix qui, en fonction de quel ludus dominait l’arène et de qui en était le champion, variait du simple au triple, et parfois plus. Toujours de bonnes raisons pour un laniste que d’y envoyer ceux qu’il formait de manière si intense et si cruelle. Certains valaient très cher parmi les gladiateurs présents. Mais Antiope, elle le savait, était hors de prix. Ce n’était ni son orgueil ni sa suffisance qui parlait, mais bien le fait que son Dominus refusait de laisser à quiconque le droit de la toucher. Pas par jalousie, oh non, simplement par intérêt. Si elle tombait enceinte, elle ne pouvait plus combattre. Quand l'appât vaut plus cher que le poisson, il vaut mieux arrêter de pêcher, mais cela, certains romains ne l’avaient pas encore comprit. Hors de prix donc, du moins pour les hommes, et cela, elle allait l’apprendre à ses dépends. D’autres riches personnalités de la ville pourraient s’offrir certains de ses services et non pas des moindres. La gladiatrice gardait pour le moment le silence, tête et yeux baissés, comme cela se devait pour tout bon esclave correctement éduqué.

Les romains vêtus tenues en tissus luxueux passaient à proximités des gladiateurs, s’arrêtaient devant certains, les jaugeaient, les jugeaient, et parfois les emmenaient dans des têtes à têtes, hommes comme femmes. Parfois ils étaient plus. Antiope ne disait rien, l’intérêt que les romains lui portaient était variable en fonction de l’avancée de la soirée. Dans un coin, Doctore était chargé de la « protéger » s’il en était besoin, des attentions un peu trop soutenues des pompéiens ivres. La jeune femme pensait plutôt que c’était eux qu’il aurait fallut protéger, mais en fin de compte, la seule chose que Doctore gardait était bien la réputation de leur maître, et ses intérêts. Avoir sa gladiatrice frapper un plébéien, ou pire, un patricien, n’arrangerait pas ses affaires. Il n'y a pas de poisson sans arête, et Antiope en était pleine, d’arêtes. Dangereuse ? Le mot était faible. Ici, douce et docile, mais dans l’arène, une véritable machine à tuer. C’était après tout ce qui excitait la foule. Foule aussi compact ici que dans l’arène. Ils étaient serrés comme des sardines et la jeune femme devait faire un effort pour se rendre toute petite. Elle observait de loin ceux qu’elle connaissait, sont dont elle avait entendu parler, les autres… Se faisant ainsi une idée globale de la situation. Les choses n’allaient pas véritablement bouger ce soir, du moins pas de manière apparente. Il y aurait sans doute aucun des discussions d’affaire, des alliances conclues, d’autres brisées, le tout sur fond de musique, de plaisir donné par les courtisanes et les gladiateurs, mais surtout du vin, beaucoup de vin.

-Tu es Antiope n’est-ce pas ?

La jeune brune releva les yeux vers une jeune femme aux cheveux d’un blond très clair. Elle ne fut pas difficile à reconnaître au vu de sa crinière caractéristique : Nemetoria Loreia Ovidia. Dans les yeux de la jeune femme, d’une dizaine d’années sa cadette, brillait une sorte d’admiration qu’Antiope avait déjà vue chez d’autres. Elle n’en disait rien mais cela la mettait toujours mal à l’aise. Comment pouvait-on envier sa vie de chienne enchaînée, comme l’avait appelée cette raclure de mendiant ? Pourtant, la jeune femme hocha la tête :

-Domina.

Ainsi avait-elle apprit à se référer à tous les romains et toutes les romaines, hommes et femmes libres, et ce depuis sa captivité à Lugdunum. Pourtant, elle sentait que la jeune femme voulait plus qu’un simple sourire et un regard. Elle devait choisir ses mots avec soin, ayant apprit depuis longtemps qu’on ne parle pas à un romain sans qu’il ait parlé ou questionné le premier.

-Puis-je faire quelque chose pour vous ?
Patricien
Sam 18 Avr - 23:48
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




Aulus Caelius Ahenobarbus
₪ Arrivée à Pompéi : 18/06/2014
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₪ Fonction & Métier : Patricien, en formation pour devenir Flamine

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Aulus Caelius Ahenobarbus
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L'élite, le plébéien et le truand
Evidemment, les Caelii avaient reçu une invitation pour la fête aux thermes de Stabie. Des patriciens, très riches qui plus est, dont le pater familias était à la tête des troupes chargées de la sécurité de la ville, ne pouvaient qu’être invités. Aulus ne savait pas bien pourquoi il s’était décidé à y aller, néanmoins. Ce genre de fête où tout le monde était serré comme des sardines dans une pièce n’était pas exactement ce qu’il préférait, mais apparemment, quelque chose l’avait décidé à s’y rendre. Certainement sa petite sœur, qui lui avait presque fait du chantage pour le convaincre. Ou bien le Flamine et son épouse, qui le poussaient quotidiennement à s’intégrer dans la société Pompéienne … En tout cas, il se dirigeait avec sa famille presque au complet (évidemment, sa mère était restée à la Villa Sola, la foule déclenchait souvent en elle des réactions … disproportionnées) vers les thermes des Oppii, vêtu d’une toge bleue nuit et d’un masque assorti. Il ne s’était pas rasé, espérant que grâce à cela, au moins quelques pompéiens le reconnaîtraient. Ce n’était pas gagné, mais il s’était fait la promesse que s’il sortait ce soir, ce n’était pas pour rester dans son coin et se taire. Il boirait quelques coupes de vin, et tenterait d’imiter ses frères, beaucoup plus extravertis que lui, ne serait-ce que pour aller retrouver sa sœur aîné et son mari. Alba, sa petite sœur, remarquant son front ridé alors qu’ils s’approchaient du lieu de la fête lui avait murmuré à l’oreille qu’il valait mieux ne pas préparer la poêle tant que le poisson est dans la mer. Elle n’avait pas tort, ils n’étaient même pas encore chez les Oppii qu’il se faisait déjà un sang d’encre. Tout allait bien se passer.

L’endroit était grandiose, comme d’habitude. Les Oppii, évidemment, s’étaient surpassés. Après s’être laissé balloter dans l’entrée des thermes pour saluer les maîtres des lieux – et s’être bouché le nez pendant de longues minutes parce que son voisin dans la foule puait le poisson pourri – Ahenobarbus avait réussi à s’immiscer jusque dans le jardin. Un son de flûte surpassait le brouhaha de la plèbe, mais il ne parvenait à retrouver la source. Une des courtisanes de Julia Felix, certainement. Heureusement qu’il portait son masque, sinon tous les pompéiens auraient pu l’admirer rougir à chaque fois que ses yeux se posaient sur un des corps à moitié nu des courtisanes de Felix. Vraiment, il n’était pas à l’aise avec cela. Pour éviter de trop laisser son regard s’égarer, il avait décidé de se diriger vers le buffet, à la recherche de vin, ainsi que de quelque chose à manger. Il espérait qu’il y aurait des sardines, il adorait les sardines, ça lui rappelait ses voyages. Quand il partait en bateau pour visiter de nouvelles contrées, il trouvait les moments sur les flots absolument précieux. Il se disait souvent qu’il n’y avait rien de plus beau que la couleur de l’eau au lever et au coucher du Soleil. Il aimait se lever un peu avant l’orée du jour pour se mettre à l’avant du bateau et regarder le Soleil apparaître à l’horizon. Quand le temps était clair, l’eau se faisait presque orange, chose qu’il n’avait jamais l’opportunité de voir depuis le rivage de Pompéi. C’était définitivement magnifique. Il avait pendant longtemps partagé ces moments avec son père, quand ils partaient en voyage tous les deux. Pius préférait souvent la version du soir, quand le soleil se couchait, et que l’eau était rougeâtre. Maintenant, qu’Ahenobarbus passait ces moments en solitaire, il avait élu le matin comme son préféré. Il passait des jours et des jours sur l’eau, en compagnie d’un équipage bien sûr, mais aussi avec quelques rats, des mouettes, et des dauphins qui  ne se gênaient pas pour les suivre. Quand la pêche était bonne, on pouvait se nourrir d’énormes poissons frais. Néanmoins, la plupart du temps, il fallait se contenter de sardines, plus faciles à cuir, moins dangereuses dans un bateau facilement inflammable. Alors les sardines lui rappelaient ses voyages. Il avait envie de sardines. Evidemment, il n’y en avait pas ; ah, ces Oppii, on ne peut jamais compter sur eux !

Le vin, par contre, était très bon. Aulus errait dans les thermes, sa coupe à la main, écoutant des conversations à droite et à gauche, se mêlant à certaines d’entre elles et en évitant d’autres. Il savait qu’il valait mieux ne pas trop boire, surtout avec le ventre vide comme il avait, parce que vu le fiasco qu’avaient été les fêtes de Flore, c’était mieux de ne pas retenter l’expérience ; l'arête est la vengeance du poisson et la gueule de bois, la colère des raisins. Néanmoins, il aimait plutôt l’effet que lui donnait cette coupe : sa langue se déliait plus facilement, et il pouvait mieux obéir à la requête de son Flamine qui le poussait à se mêler à la populace. Il fallait simplement qu’il reste dans ses limites. Rien d’impossible, n’est-ce pas ?


© charney
Mar 21 Avr - 16:04
Re: RP Commun ₪ L'élite, le plébéien et le truand    




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L'élite, le plébéien et le truand.
I'm not aware of too many things I know what I know, if you know what I mean Philosophy, is a walk on the slippery rocks Religion is a light in a fog I'm not aware of too many things I know what I know, if you know what I mean. Shove me in the shallow water Before I get too deep Choke me in the shallow water Before I get too deep What I am is what I am
Rufia savait très bien que ce qu’elle était en train de faire était mal, très mal et que si on l’apprenait elle risquerait une punition au moins égale si ce n’était plus à celle d’un esclave désobéissant. Son cousin n’était pas une personne à se montrer magnanime et surement pas envers elle s’il la trouvait masquer parmi les invités de la haute société présents ce soir-là dans les thermes des Oppii. Mais la tentation avait été trop forte quand elle avait entendu parler de l’invitation reçue par Fautus, un tel évènement et si près de chez eux. N’écoutant que son envie de participer aux festivités dont les clients de l’auberge n’avaient pas arrêter de parler, la jeune fille s’était dans le dos de sa famille cousue une stola relativement simple dans le tissu le plus blanc qu’elle était parvenu à se procurer. Et elle avait également confectionné un masque grâce à des babioles acheté sur le marché. Tout le long de cette entreprise, la rouquine n’avait pu se débarrasser du sentiment d’excitation mêlé à la peur d’être prise la main dans le sac. Ses agissements n’étaient pas dignes de son rang, d’elle, mais ces derniers temps Ausonia se sentait pousser par des ailes nouvelles et sur des territoires jusque lors inconnu. Qui savait combien de temps il lui restait à être libre de ses mouvements, qui savait si elle n’allait pas mourir le lendemain ? C’était avec ce raisonnement qu’elle avait décidé de braver l’étiquette et la bienséance pour se rendre aux fastes organisés dans les thermes. Ainsi devant l’établissement où elle le savait désormais, résidait Corvus, elle attendit de trouver le bon groupe auquel se mêler pour passer les portes sans se faire voir ni d’eux ni des gardes à l’entrée.

Un groupe de jeune femme se présenta et profitant qu’une esclave soit coiffée comme elle d’une couronne de fleur pour se glisser dans leur sillage et découvrir la beauté des lieux. Ses yeux s’ouvrir comme un enfant découvrant pour la première fois un objet merveilleux. Il y avait un tel luxe que la demoiselle trouva soudainement sa tenue plus terme et de très mauvaise qualité mais si elle devait passer pour une esclave cela ne la desservirait peut-être pas. Rufia laissa les autres jeunes femmes partir de leur côté pour se diriger dans l’autre sens le nez lever pour tout regarder et tout enregistrer dans sa mémoire. Elle avait laissé sa chevelure enflammée totalement libre et en sentait les mouvements dans son dos nu chaque fois qu’elle faisait un mouvement de tête attirée tantôt par une odeur, tantôt par un son. La foule était déjà importante et elle estima que personne ne lui prêterait une grande attention alors qu’elle observait les corps huilés des gladiateurs, surprise des émois que cela pouvait provoquer dans son corps d’adolescente. Elle remarqua également que les louves présentes et appartenant à Julia Félix n’avaient rien à envier à celle du lupanar de son tuteur et comprenait la haine farouche de ce dernier pour la tenancière adversaire. Elle devait d’ailleurs faire particulièrement attention à ne pas croiser la route d’Ausonius qui par chance n’avait rien d’un homme discret et qu’elle avait observé partir pour connaître sa tenue. Rufia espérait aussi que personne ne s’apercevrait de son absence à l’auberge, elle s’était excuser en prétendant être malade, sachant que personne ne viendrait s’en quérir de sa santé. Mais il suffisait que cette nuit particulièrement quelqu’un décide d’agir de façon gentille pour que sa mascarade prenne fin de façon terrible.

Repoussant ces sombres pensées au fond de son esprit, la jeune fille continua d’errer parmi les convives totalement fascinée par autant de beauté et d’indécence de fortune. Elle ne cherchait pas à deviner les gens sous les masques, elle ne cherchait pas entamer les conversations simplement à apprécier le spectacle qui serait très probablement le premier et le dernier qu’elle connaitrait jamais. Evidemment l’adolescente se permis de prendre un verre de bon vin comme elle n’en avait jamais dégusté et quelques gâteaux pour accompagner son périple à travers cette jungle de patricien et de leurs jeux favoris. Elle remarqua comment chacun se permettait de toucher les gladiateurs ou les filles misent à leur disposition. Elle rougit de ses comportements qui ne rentraient pas pour elle dans la catégorie des choses normales. Pour autant elle brûlait de s’y essayer. Ce quelle mis sur le compte de l’alcool lui montant à la tête malgré ses deux minces gorgées. Il lui était plus facile d’accuser la boisson que d’assumer des pensées si impures. Ce qui ne l’empêcha pas par ailleurs de continuer à marcher sans cesse dans le patio enregistrant le moindre détail, d’une association de fleur au parfum d’une femme à ses côtés en passant par les délicieuses notes de musique diffusées un peu partout par des instruments divers. Elle avait du mal à croire que cela pouvait représenter la banalité, le quotidien de la population aisée de Pompéi, tant c’était à l’opposé de sa vie à elle, de sa réalité. Elle repensait à la façon dont Corvus l’avait secourue, porté alors que des fauves les pourchassaient. Elle ne l’imaginait absolument pas dans ce genre d’univers alors même qu’elle le connaissait en tant que client de l’auberge. Et même cette image ne collait pas avec celle héroïque qu’elle conservait de lui. Le sourire aux lèvres, elle prit une troisième gorgée de vin et se laissa portée par une voix mélodieuse déclamant un poème.

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Patricien
Mar 21 Avr - 18:51
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Lucius Pompeius Publicola
₪ Arrivée à Pompéi : 11/05/2013
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₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Époux de la louve et amant de la vipère.
Lucius Pompeius Publicola
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Le fin sourire que laisse deviner mon masque, et qui s'épanouit sur mes lèvres, ne laisse pas encore place aux mots. Bien que l'ambiance soit festive, lorsque je négocie, j'attends à le bien faire et donc qu'elle soit disponible pour moi, qu'elle penche sa tête gracile d'orientale, afin qu'alentours, on ne puisse voir qu'un homme et une femme échangeant de futiles paroles, sans pour autant en saisir le moindre sens. Et après tout, dans une telle réception, qui s'attendrait à voir un quelconque sens de quoique ce fut s'étendre entre les êtres qui dissimulent en ayant pourtant hâte de se dévoiler ? À mes mystères, sa peau s'embrase quelque peu, ses yeux se font malicieux, j'ai ainsi su l'appâter. Mais elle joue bien, autant de la flûte que des apparences, n'oublie personne dans la distribution de ses oeillades avant enfin de venir condescendre jusqu'à moi, telle une Muse se penchant sur l'épaule d'un poète. Les paillettes dorées viennent parsemer mon masque, le côté noir s'en fait presque joyeux, le blanc revêt une nouvelle profondeur.

- La clairvoyance est un talent rare de nos jours... La vôtre m'intéresse, en souvenir d'une autre danse où vous sûtes sauvegarder mon honneur.

Ses murmures se mêlent aux miens tandis que le serpent darde sa langue, et pose ses yeux reptiliens sur moi, comme pour percer le masque et la proposition que j'esquisse. Mon sourire s'accentue jusqu'à dévoiler mes dents, les crocs du lion comme gage d'avertissement aux crochets de la bête qui ondule sur sa peau nue. Ou pour elle : "Ce n'est pas dans une telle demeure sous-marine que je souhaite vous mener, ma chère, c'est vous assoir définitivement dans celle que vous convoitez..." Je fais un léger signe de tête vers la maquerelle détentrice du lupanar le plus en vue de Pompéi. Travailler chez Julia, c'est accéder au rang de courtisane et ne point s'avilir dans les sombres bouges dont les Faustus sont les maîtres, c'est avoir le choix de ses clients, c'est enfin avoir des avantages non négligeables en terme de bénéfices. Et c'est surtout pouvoir me compter comme bienfaiteur, même anonyme.

Elle présente le serpent à la cantonade et le fait qu'elle souligne qu'il est inoffensif me donne envie de rire. Ce pauvre prédateur à qui l'on a fait cracher son venin jusqu'à ce qu'il ne puisse plus que danser sur les bras des donzelles, la gorge sèche et la peau froide. Quelle destinée que celle-ci ? Malheureusement pour lui, il n'a su masquer sa cruauté derrière de faux-semblants, il n'a pas pu manipuler l'ennemi qui l'a simplement dépossédé jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un accessoire utilisé dans un semblant de vie. Finirai-je donc ainsi ? Homme politique vieillissant, à qui on aura su rogner les crocs et qu'on agitera devant la populace pour faire aller les votes dans les bonnes urnes... les sesterces dans les bonnes caisses... Mon masque est duel et dans ma dualité je frémis pour le serpent comme je me réjouis d'être supérieur à lui. Il me reste bien des fils à tisser avant que l'on vienne s'en prendre à mes crocs. Et c'est elle, ce soir, cette égyptienne, que je convoite :

- Inoffensif n'est-ce pas ? Et l'êtes-vous vous même ? Je ris légèrement... Vous me fîtes l'honneur de souffler de l'or sur ma destinée, vous n'eûtes pu être plus perspicace car l'on dit que l'or ruissèle de nos cheveux. Sachez que j'ai le pouvoir de le faire ruisseler jusqu'à vous, pour que l'on ne vous pare plus des bêtes à sang froid mais bien des bracelets serpentins sertis d'or et de pierreries. Sachez reconnaître mes yeux et alors... je saurai que je ne me suis point trompé sur votre compte.

Toute bonne courtisane que l'on destine au recueil d'informations doit savoir aiguiser ses sens jusqu'à ce que les masques tombent, jusqu'à ce que les langues chantent leurs secrets et les corps dévoilent leurs convoitises. Si elle est faite de ce bois rare et précieux, alors l'affaire sera entendue. Tandis que mes yeux s'en vont balayer un instant l'assistance, je saisis les atours d'une blanche chevelure dans le lointain. Cette parure là ne peut s'usurper et je sais que quoiqu'il sorte de la conversation que j'entretiens d'un air dégagé de celui qui compte fleurette, il me faudra aller discuter toute autre matière avant que la soirée n'égraine ses dernières notes, avec une sorte de toute autre beauté. Mais mes yeux se fixent enfin dans le regard sombre de la belle, cessent d'observer tout et tout le monde à la dérobée. Ils interrogent leur proie : saura-t-elle me reconnaître, elle qui fut témoin de la colère divine associée à la mienne d'être arrivé quelques minutes trop tard pour tendre mon complot autour de cet homme grossier, Umbrius. Que son âme ne repose pas... qu'elle brûle de ce qui put être et qui me fut arraché. Et que peut-être Philaé, en s'associant à moi, saura me rendre, par quelque facétie étrange des destinées.
Plebe
Lun 27 Avr - 18:04
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Epidia Tullia Ravilla
₪ Arrivée à Pompéi : 23/03/2014
₪ Ecrits : 529
₪ Sesterces : 57
₪ Âge : 23 ans
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₪ Citation:
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Veuve au coeur froid.
Epidia Tullia Ravilla
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Le monde est une comédie, voilà ce qu'il y a de certain, et voilà pourquoi je te disais tout à l'heure: Traversons gravement, ma noble fille, cette méchante mascarade qui s'appelle le monde.

Ses doigts caressent le masque brodé. Les yeux gris perdus tandis que son esclave s’affaire dans sa chevelure brune. Sa tête, de temps à autre, est tirée en arrière et une certaine résistance semble se créer dans la pièce poudrée. Pourtant, ses doigts ne quittent jamais le fin ouvrage qui glisse sous sa peau. Elle caresse son passé, la douleur, la mort, les moments heureux… Auraient-ils pu l’être, heureux? Il lui semblait que oui. Il lui semblait qu’à un moment si elle ne l’avait pas été, elle l’aurait pu être… heureuse. Aujourd’hui, c’était un nouveau monde qui s’ouvrait à elle, elle n’était plus cette enfant frêle au teint maladif. Elle n’était plus ces grands yeux effrayés d’un monde trop dense, trop vil et hypocrite. Plus qu’hypocrite, un monde meurtrier. Alors, dans le même mouvement machinal qui l’avait sauvé quelques mois plus tôt, elle continue de tracer un sillon invisible sur le masque. Le masque qui la ferait entrer dans la danse des grands. N’ayant pas les moyens de s’acheter une nouvelle stola pour la soirée, elle avait sortie de ses malles napolitaines une de ces tenues qui avaient fait sa joie et sa fierté, lorsqu’alors femme de banquier elle donnait des réceptions. Il s’agissait toujours d’être élégante afin que les marchands, confiants, demandent des prêts à son époux. Un époque révolue. Il avait suffit de couper un morceau de l’étoffe bleue guède pour se confectionner un masque assorti. Piqué de fils d’argent aux dessins vermiculaires, elle s’était appliquée plusieurs nuits pour le rendre parfait.


Quand l’esclave relâche finalement ses longues boucles brunes, le miroir d’étain lui renvoie un mirage satisfaisant. Et il ne le fut que plus lorsque ses mains placèrent le masque sur sa peau laiteuse. Un fin sourire éclaire son visage. Ce soir elle n’était que mascarade.



***



A l’entrée des thermes, les torches ondulantes éclairent la façade du prestigieux bâtiment. Les flammes appellent au mysticisme et c’est dans un chatoiement de couleurs que les invités anonymes se pressent à l’entrée. Des rires feutrés s’élèvent des litières patriciennes alors que celles-ci n’ont pas encore touchées le sol. Les Stabies sont en fête et ce soir la menace du Fils de l’Etna semble s’être envolée… Mysticisme. Une illusion ondulante vers laquelle Ravilla se presse. A ses côtés, ses frères marchent fiers, tous trois confiants dans l’avenir que leur réserve la Fortune.

Ils attendent un long moment avant de pouvoir enfin saluer leurs hôtes. Ravilla savait que l’aîné des Oppii, du moins celui qui se faisait passer pour, ne l’appréciait guère. Sa peau dénudée sent son regard glacial. Pour l’ambitieux, sa fratrie ne resterait que des enfants d’un bonimenteur. Enfants d’un être vil et odieux. Mascarade.

« Ave à toi Scapula! Une merveilleuse soirée s'annonce et au nom de mes frères je te remercie de ta noble invitation. » Salvius. Toujours le fin mot à la bouche.

Tour à tour, chaque enfant salue les hôtes de prestige. De leurs têtes qui s'inclinent silencieusement, il acquiescent les sages paroles de leur aîné. Puis telles les branches d’une étoile, ils se séparent. Propulsée au milieu des invités, Ravilla se retourne une dernière fois vers l’entrée et Caeso lui murmure que tout ira bien pour son fils. Ces derniers temps et depuis la visite du serpent, elle craint pour son avenir. Oui, elle craint que les rebelles ne rattrapent cette vie paisible qu’elle commence à construire. Alors, elle sourit et acquiesce à nouveau, elle doit cesser de s’angoisser pour des choses inexistantes.

Seule, délaissée par ses frères, sa main hasardeuse s'empare d'une coupe de vin. Déambulant entre les mets offerts, ses yeux déplorent qu’il n’y ait pas de poisson grillé à se mettre sous la dent. « Esclave, y a-t-il des sardines quelque part? ». La tête de ce dernier se secoue négativement. Evidemment. Il n’y a pas de poisson. C’est dommage, elle aurait rêvé pourvoir se délecter d’une sardine grillée avec un filet de citron… Ses épaules s’haussent doucement, tant pis. Une soirée ne pouvait être parfaite.

Ses yeux, à défaut de se poser sur un met appétissant, observe la salle. Elle tente de reconnaître des personnes de son mince entourage. Son regard ricoche sur les masques colorés. A quelques mètres, sans mal, elle reconnaît sa discrète protectrice et mentor… Julia Félix. A voir tous ces hommes butiner autour de ses louves, ses lèvres s’arrachent d’un sourire sarcastique. Il y avait effectivement du beau monde. Ilythia reste invisible, mais sa préoccupation première est de trouver celui qui l’a invité : Corvus. Ses yeux rapaces épient et le cherchent dans la foule qui se presse. Au même esclave, elle ajoute à mi voix ; 

« mène-moi à ton maître Corvus… »

Bien des pièces faisaient office aux thermes de Stabies et elle aurait pu passer toute la soirée à le chercher sans jamais le trouver. L'esclave, les yeux de l'ombre, la mène entre les murs ouest de la palestre. Dans l’obscurité de la riche scénographie de stuc, si admirable, Corvus s’entretient avec un homme qu’elle connaît de vue. Fautus. Un signe à l’esclave et il s’en va. Tapie dans l’ombre, elle attend que leur conversation houleuse soit terminée. Les minutes passent pendant lesquelles elle observe les dieux et héros se presser dans une architecture imaginaire. La fresque est merveilleuse... mais ce n'est pas pour elle que ses yeux brillent soudainement ; « Corvus! »

D’un geste de la main elle lui fait signe. Difficile de ne pas reconnaître l’homme qui se cache derrière les plumes noires du riche masque! Ses lèvres déposent délicatement un baiser sur sa joue aux traits tendus. 

« Que fais-tu dans l’ombre? Tu as autant le droit de briller que les autres ce soir… » Sa main glisse sur son bras. Silencieusement, elle le remercie de l’avoir invitée, elle et ses frères à cette réception. Plus encore, elle le pousse à ne pas laisser l’ombre néfaste de Lucanus l’effacer de la scène. Inexorablement, Corvus était l’une des rares personnes à avoir la sympathie de la plébéienne. A ses côtés, toujours elle s’était sentie plus forte, plus aimée, plus intéressante… Sa main confiante l’attire un peu plus auprès des lumières. « Si même plus… »



Son buste se penche vers Corvus et elle lui murmure ; « si tu me trouves des sardines, je ferais en sorte que Lucanus en trouve aussi… Après-tout quand un homme a faim mieux vaut lui apprendre à pêcher que lui donner du poisson. ». Son visage renvoie à son quatrième frère un sourire malicieux. Scapula et Lucanus ne voyaient peut-être pas la bonté qu'il y avait en Corvus, mais elle, elle la voyait et cela lui suffisait.
Ven 1 Mai - 22:37
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L’élite, le plébéien & le truand
RP commun
I though I'd found a reason to live
Just like before when I was a child
Only to find dreams made of sand ▬

Quel étrange jeu de paraître. Philaé mentirait si elle disait lui préférer les tâches ingrates du lupanar. Non, l’égyptienne savait pertinemment que cette nouvelle réputation ne pouvait que mieux la préserver des maltraitances des hommes. Celui-là - d’ailleurs, était fort intrigant, de par son verbiage mystérieux et son port charismatique. L’inconnu au masque de nacre et d’ébène n’était pas là par hasard et la courtisane percevait dans ses manières une familiarité nébuleuse. Il disait s’être déjà rencontrés, parlait même de l’aide fortuite qu’elle lui avait apporté. « Une question d’honneur ? » Murmura la belle dans un froncement de sourcils tandis que le reptile venait à s’enrouler à son avant bras pour guetter l’homme masqué de ses globes inquiétants. L’homme souriait mais il n’y avait rien de prédateur dans son approche - plutôt une complicité tacite vers laquelle il essayait d’attirer son attention. Philaé présumait donc qu’ils s’étaient tous deux côtoyé et qu’elle l’avait tiré d’affaire. Il ne fallut pas davantage d’indice pour deviner l’identité de son interlocuteur. Cet homme appartenait à l’élite pompéienne et rares avaient été les contacts de l’égyptienne avec cette caste avant aujourd’hui. Lucius Pompeius Publicola - comment pouvait-elle ignorer le fier service qu’elle lui avait rendu en gardant silence sur ses agissements le jour du tremblement de terre ? Car après tout, n’avait-il pas assassiné un homme ? Philaé salua l’approche avec espièglerie tout en poursuivant son spectacle. Elle devait être plaisante à tous et à toutes ce soir et se doutait que Julia guettait la manière dont elle mettait ses charmes à disposition. D’ailleurs, lorsque le présumé Publicola esquissa un signe du chef en direction de la tenancière, l’égyptienne s’inclina son visage en signe de pudique déférence. « Vous êtes trop bon. » Le cobra frémit entre les doigts de la courtisane. Il se dirigea vers Publicola avant de revenir enlacer le poignet de la donzelle dans une danse langoureuse. Philaé apostropha la foule, tentant de les rassurer sur l’animal exotique et le patricien en profita pour lui glisser de nouvelles allusions, cherchant à dénicher quelques notes de lucidité dans la physionomie de l’égyptienne. En silence, la belle sonda un instant les prunelles cristallines de son vis-à-vis. Que lui voulait l’illustre Publicola ? S’assurer de son silence ? Apposer le sceau de son influence sur sa carne cuivrée ? De l’or, elle savait pertinemment qu’il en possédait mais cela pourrait-il lui offrir à elle, la clé de la liberté ? Elle voudrait s’y jeter corps et âme, mordre dans l’opportunité d’enfin s’élever au-delà des bas fond de sa condition. D’un geste suave, elle se pencha de nouveau vers son interlocuteur pour lui glisser à l’oreille dans un murmure doucereux. « Sachez qu’à mes yeux, il y a bien plus important que l’or dans lequel vous vous prélassez. Mais j’entends bien vos paroles, monseigneur, et comme j’ai su préserver votre honneur lors de cette nuit sanglante, je saurai saluer vos efforts quant à me mettre dans de bonnes dispositions. » Elle trempait dans une affaire sinistre depuis qu’elle avait surpris l’illustre patricien désirant étriper un client du lupanar. Finalement, les complots se brodaient sans peine sur la toile politique et les plus honorables n’étaient plus que des misérables se battant bec et ongle pour garder main mise sur le pouvoir. Publicola voulait lui faire entendre son soutien pour une bonne raison et guère par simple sympathie ou reconnaissance à son égard. Piquée par la curiosité d’en apprendre un peu concernant les petites affaires du patricien qui sauraient lui faire prendre de l’importance, Philaé se redressa sur son piédestal pour déposer le reptile sur ses épaules nues. « Vous savez où me trouver, si toutefois je parviens à faire bonne impression devant nos hôtes. » Maintenant qu’elle avait le pouvoir de dompter l’élite pompéienne, personne n’aurait été suspicieux de voir l’égyptienne s’éclipser en direction du bel homme à la crinière flavescente. Et pourtant, Philaé savait ô combien était soucieux de ce que l’on puisse penser de ce genre de fréquentation. « Je suis à votre entière disposition. Dans le fond, vous l’avez toujours su. » Glissa-t-elle au pompéien avant de reprendre sa flûte pour achever une mélodie orientale. Le détachement qu’elle feintait avec habilité n’était là que pour jouer l’inaccessible, et surtout - ne pas éveiller le moindre soupçon au sujet d’une entente partagée.



© Gasmask

Esclave
Sam 2 Mai - 19:03
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Themis
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Themis
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L'élite, Le plébéien et le Truand

Tout était à la fois si calme et si agité. Il était relativement aisé de constater que certains ne croyaient pas un piètre mot de ce qu'ils étaient en train de cracher, pourtant ils n'avaient aucun mal à le faire, comme si pour briller il fallait comme le serpent menacer.

Toujours dans un coin de la salle, à contempler les nouveaux arrivants, je décidai finalement de glisser au travers de l'élite pour observer plus amplement les gladiateurs présents. Je priais chaque jour le bonheur de ne pas être à leur place en cet instant. Le corps huilé, pratiquement nus, et prêts à passer à l'action à tout moment. Obligés à faire des courbettes chaque fois qu'on leur intimait l'ordre de le faire, eux, ces Dieux de l'arène, quel spectacle ...

Fort était de constater que toute cette soirée n'était que mascarade. Je n'hésitai pas à écouter les conversations de ceux qui m'entouraient, et il était évident qu'il m'était difficile de ne point me moquer.

Une esclave attirait beaucoup l'attention. Je restai ainsi plusieurs minutes à l'observer avant de continuer mon chemin pour de nouveau arpenter les lieux. Toujours cachée derrière mon masque, j'étais ravie que l'on ne puisse que peu me reconnaitre. Sans cela, je n'aurai que peu eu l'opportunité de me fondre dans la masse.


(c) sweet.lips
Arene
Jeu 7 Mai - 18:03
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Priam
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L'élite, le plébéien & le truand
RP commun



Du haut de mon piédestal, le corps lustré, huilé, parfumé, des motifs peint à la poudre d’or pour mieux nous mettre en valeur et nous distinguer des autres esclaves qui parsèment la foule, il me semble retrouver un peu de ma superbe. Je suis peu sorti du ludus ces derniers mois, mes domini ne souhaitant –ou ne trouvant guère de raison de - m’exposer.
Cette réclusion forcée m’aura à tout le moins épargné de voir le nom de mon rival victorieux s’afficher sur tous les murs de la ville, ses partisans scander son nom sur mon passage, les regards s’attarder sur le champion déchu que j’étais devenu. C’est pour cette raison précise que j’ai redouté la perspective de cette soirée dès lors même que nous en avons reçu l’écho.

Néanmoins, lorsque les baumes et l’or furent de sortie, lorsque la lame du rasoir entreprit de me redonner les atours d’un Dieu que j’avais si longtemps délaissé, un part de moi s’est indéniablement sentie renaître. Cela peut te sembler étranger lecteur, mais ainsi exhibé comme une pièce de viande sur un promontoire, il me semble paradoxalement retrouver un peu de ma dignité perdue. J’ai cependant assez de cynisme pour m’en rendre compte, c’est peut-être cela qui montre que je ne suis plus tout à fait le même qu’auparavant.
Mais tout comme l’ambroisie est le nectar des Dieux, la gloire est celui des gladiateurs et ce soir, les regards qui je crois deviner ne me sont pas si hostiles ou méprisants que je l’ai crains. Je glisse un regard du côté de Voroncius qui demeure dans son costume austère d’instructeur et je me souviens avec clarté de notre échange au clair de lune, quelques semaines plus tôt. Aux yeux des autres, on ne devient que ce que l’on veut bien montrer de soi. Je relève le menton, tend davantage mes muscles. A ces regards qui se posent sur moi, je ne veux pas donner la vision d’un ancien champion, mais de celui qui le redeviendra dès que l’occasion lui sera donnée. Si des Jeux se tiennent encore dans cette cité…

Je porte en moi des pensées coupables depuis que les idées de la révolte ont effleurés mes oreilles. En contemplant tant de fastes et tant de luxe, je me demande si aucun d’entre nous ne mesure réellement la colère qui gronde dans nos cœurs. N’ont-ils pas peur de se qui se murmure ?
Je croise des visages connus, à commencer par ceux de nos hôtes qui nous procurent depuis des années des soins incomparables à nos corps meurtris, et je ne ressens pas de haine à leur égard. Je ne leur souhaite pas de mal, pas vraiment, mais…
Je nous regarde, mes frères et moi, alignés comme des bêtes de foire, je regarde les catins de Felix commencer à se déhancher aux sons des tambourins et tous ces esclaves que l’on bouscule, que l’on apostrophe dans l’indifférence la plus totale : une scène observée maintes et maintes fois mais je considère cette fois-ci avec un prisme tout à fait différent.

Il faut bien admettre pourtant qu’au bout de longues poignées de minutes, immobile, observé, admiré, caressé –par des mains qui ne me sont pas toutes agréables, crois-moi bien, ami lecteur : poisseuses, rugueuses, obscènes ou même sentant le poisson pourri- et ce sans même une coupe de vin pour nous désaltérer, l’ennui ne tarde pas à me saisir bien durement. D’autant, qu’on est serrés comme des sardines ici ! Inévitablement, je laisse alors mon esprit vagabonder en regardant l’auguste foule qui se déroule à mes pieds, pleine de patriciens et de grandes figures de cette cité.

C’est en voyant ce groupe de jeunes patriciennes, dorées et argentées, gloussant et riant, se frayant un chemin en rang serré que l’image d’un banc de sardines vient titiller mon esprit. Un fin sourire vient se dessiner sur mes lèvres comme j’observe ces vieillards libidineux, qui les suivent du regard, tels des requins prêts à fondre sur leur proie. Là, ce gros décurion obèse me fait penser à un poisson-lune. Là, les traits de cet homme lippu m’évoquent ceux d’un mérou et celle qu’il courtise, fine et plate, le visage étroit et allongé, a tout d’une raie. Quand à cette grappe de politiciens qui s’attroupe autour du duumvir Septimus, comment ne pas y voir une colonie de moules s’agrippant à son vieux rocher moussu et décati…  Et la Murène louvoie, ondule, entre les groupes déjà formés, l’appétit du pouvoir la fait sortir de sa sombre cachette. Enfin, voyant son regard s’attarder de loin, ostensiblement, sur Pompeius, je peine à trouver à ce dernier un avatar marin… Une rascasse peut-être… Voilà une poiscaille qui ne passe jamais inaperçue et que déploie un tel rameau d’épines autour d’elle qu’il est impossible de l’approcher sans y perdre quelque goutte de sang…


Je ne suis pas homme à voir des messages et des actes divins en tout, mais alors que j’en suis là de mes pensées, Naevius et ses hommes sont annoncés et viennent prendre place pour ainsi en face de nous. Presque aussitôt les regards se détournent de nous pour contempler les nouveaux venus. Je m’en trouve au moins autant pif au vif que mes camarades, mais nous sommes bien trop accoutumés aux butinages de la foule pour en prendre réellement ombrage.

Je trouve ma propre attention subitement happé par ce mouvement de foule. Il est un visage sur lequel je désire ardemment poser mes yeux, plus que sur tout autre chose en ce monde.
Pas sur celui de Remus non, étrangement. Ni sur celui du rival de mon maître.
Malgré tous  mes efforts pourtant, je ne la vois pas. L’or de ses cheveux devrait se trouver juste là, dans l’ombre de Naevius… Son absence a certainement dû être invisible aux yeux de bon nombre de convives ce soir, mais il fait naître une immense déception en moi, non sans un soupçon d’inquiétude.
Plebe
Jeu 7 Mai - 18:09
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Julia Felix
₪ Arrivée à Pompéi : 29/04/2014
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Julia Felix
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L'élite, le plébéien & le truand
RP commun



« Quel spectacle tu nous offres Felix. Tes louves sont un délice. J’aime beaucoup le sourire de cette jeune nymphe que tu détailles depuis tout à l’heure, avec tant d’application que pendant un instant j’ai cru que tu ne la connaissais pas et qu’elle était à l’un de tes concurrents… »

Il s’est glissé derrière moi tel une anguille carnassière, visqueuse et vicieuse. Un regard par-dessus mon épaule suffit à me le faire reconnaître malgré son masque. Je dissimule l’irritation que m’inspire sa présence dans le creux de ma coupe. Lorsque j’en ressors mes lèvres, ce n’est que pour forcer un sourire convenu, de circonstances. Notre inimitié et notre mépris réciproque ne fait aucun doute, pour personne, mais ce n’est pas bon pour les affaires.
Dans le dos de Faustus, je remarque le regard de Lucanus et de Corvus qui s’attarde sur nous, visiblement inquiets et mal à l’aise de ce concours de circonstances. Pour les rassurer, je leur lève ma coupe avec un léger signe de tête. A vrai dire, je ne l’aurais pas pensé invité. Nous ne nageons pas dans les mêmes eaux…
Mais puisqu’il est là, puisqu’il est venu jusqu’à moi et malgré son apparente bonhommie qui ne me trompe guère en réalité, je ne saurais passer à côté de l’occasion de souffler sur les braises de notre hostilité commune. L’inimitié s’entretient plus sûrement que l’amitié :

-Et comment cela serait-il possible ?  Aucun de mes concurrents ne serait à même d’offrir une telle qualité. Aucun d’ailleurs, à ma connaissance, ne mérite vraiment ce nom…


Je relève légèrement et avec élégance –d’aucun dirait « théâtralité »- un pan de ma stola pour m’éviter de trébucher dessus (quel effet de sortie gâché !) et je dépasse sans plus de manière ce rat de Faustus. A vrai dire, d’autres connivences et conversations ont capté mon intérêt : particulièrement, et non des moindres, celle entre celui que j’ai reconnu comme Publicola et ma perle d’Egypte. Son charme ne semble pas s’opérer que sur les serpents et voilà qui me plaît… Voilà qui me plaît fort à vrai dire.

J’attends que Pompeius se détourne de Philaé pour m’avancer à mon tour. Ce faisant je croise le duumvir que je salue avec tous les honneurs dus à sa fonction – plus exactement, à sa fortune -, avant de me hisser jusqu’à hauteur du podium sur lequel l’Egyptienne ondule ses charmes. J’arrête une esclave porteuse de rafraîchissements pour en tendre un à la belle et en profite pour lui murmurer mes remarques et plus encore mes recommandations:

-Cet homme… C’était le duumvir n’est-ce pas ? Je ne suis jamais parvenue à lui faire dépenser un centime dans mon établissement pour des filles, même en lui agitant les plus belles vierges sous le nez. J’ai fini par croire qu’il avait fini par devenir aussi rigide et vertueux que le marbre dans lequel il vit et la politique qu’il mène. Mais si tu me l’amènes, ainsi que son or…
Attention toutefois, même au lit, un politicien reste un politicien. S’il essaie de t’embarquer dans ses intrigues, je ne le permettrai pas. Il ne sera pas dit que dans ma maison les secrets ne sont pas en sécurité… C’est bien compris?


Mon regard s’est fait inflexible. Je ne les connais que trop ces magistrats. Toujours avides de chercher dans les maisons de passe les plus sordides scandales à même de faire chuter leurs concurrents. Que Publicola mène ses batailles s’il lui chaut, mais qu’il laisse mon toit et la réputation de mon nom en dehors de tout cela.
S’il se dit parmi les mieux nés et les plus fortunés que ma maison n’est pas un endroit sûr pour laisser libre cours à ses vices ou ses passions coupables, que l’on peut craindre à chaque étreinte de voir ses secrets confessés sur l’oreiller par mes filles, qu’adviendrait-il de mon commerce ? Je pourrais toutes les vouer aux soudards de la pire espèce et moi de même.
De l’éthique et de la discrétion de chacune dépend notre bonne fortune à toutes…


Patricien
Sam 9 Mai - 21:57
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Helvia Claudia Scaevola
₪ Arrivée à Pompéi : 26/05/2013
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₪ Âge : 41 ans
₪ Fonction & Métier : Reine des Vipères et femme d'affaires

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: Chaque miette de vie doit servir à conquérir la dignité.
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Veuve et amante de Publicola
Helvia Claudia Scaevola
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L’élite, le plébéien et le truand


Thermes de Stabies ~ mi-mai 725 AUC

Que les inquiétudes se fanent et que la terreur s’envole ! Ce soir, Pompéi chante, Pompéi danse, et Pompéi fête son existence au nez et à la barbe de cette légende guerrière que les marchands de Campanie ont pris l’habitude d’appeler le « Fils de l’Etna ». Trop de craintes et de morosité ont envahi les ruelles ces dernières semaines, et le temps est venu de retrouver notre orgueil et notre courage face à un ennemi dont nous sommes encore si loin de sentir le souffle acide parcourir notre échine. Puisque rien n’enhardi les hommes plus que de se voir confrontés à un adversaire conscient de ses faiblesses, montrons-lui qu’au contraire, nous gardons foi en notre force et qu’ils devront combattre des Romains dans toute leur splendeur, qui l’attendent la rage au cœur avec l’assurance d’une victoire facile et rapide. Que ces barbares en guenilles viennent donc s’écraser contre les légions de la grande Pompéi ! Ce soir, ses citoyens célèbrent son triomphe à venir, et leurs chants résonneront jusqu’aux oreilles de ces esclaves ayant l’arrogance de défier l’aigle romain.

Ces fêtes réservaient tant de promesses ! Helvia les préférait tellement à ces réceptions mondaines sans saveur où elle n’était invitée que par quelque épouse terne et sans relief, parce qu’elle portait le nom des Claudii et que, malgré toutes les affabulations qui portaient sur elle, la veuve de Marcus Claudius Celsus ne pouvait être omise dans les cartons d’invitation sous peine de faire de ces familles patriciennes trop faibles pour s’imposer d’elles-mêmes des ennemies de la puissante gens Claudia bientôt unie par le mariage à la plus puissante gens d’entre toutes au sein de ces murs, celle des fondateurs mêmes de cette cité. Lors de ces célébrations aux thermes et dans les lieux publics de la cité, les compliments mielleux et les amitiés mille fois répétées étaient également de rigueur. Mais l’ambiance était davantage bon enfant, moins sérieuse, plus propices aux erreurs de jugements et aux défaillances stratégiques, et la veuve adorait cela.

Nasica entra dans sa chambre pour lui apporter le masque pourpre et noir qu’elle avait fait faire pour l’occasion. Tous les grands de cette cité cachés derrière des barrières de tissus, voilà qui l’amusait beaucoup. Bon nombre d’entre eux seraient certainement faciles à reconnaître. Peut-être se plieraient-ils à la règle sans pour autant chercher à garder cet anonymat forcé ? Après tout, il était tellement aisé de faire en sorte d’attirer l’attention sur soi ; ceux désireux d’en tirer profit n’hésiteraient certainement pas à ajouter sur leur parure un signe quelconque que tous les invités remarqueraient sans l’ombre d’un doute et ainsi, l’inconnu redeviendrait roi. Alors qu’elle se levait après d’être fait arranger les dernières mèches de sa chevelure, Helvia traversa sa chambre jusqu’à rejoindre l’atrium et demander à ce qu’on lui amène sa litière. Il était temps de rendre visite aux Oppii.

₪ ₪ ₪

Helvia n’était pas arrivée la première. Elle n’arrivait jamais la première. Avec le temps, la vipère avait appris à s’immiscer dans l’ombre, y trouvant même des avantages que ne peuvent soupçonner les hommes perpétuellement baignés dans la lumière. Laissant onduler le tissu pourpre de sa robe qui sublimait ses formes, la veuve n’avait cependant pas omis d’aller présenter ses respects au doyen des Oppii, le grand Scapula, dont les traits enthousiastes traduisaient la fierté qui était la sienne alors que tout Pompéi venait admirer les prodiges de ses enfants. Puis, elle s’était faufilée parmi la foule, avançant au gré des groupes de patriciens qui s’agglutinaient entre les colonnades. Des yeux, elle chercha tous ces nouveaux alliés à conquérir, tous ces rivaux à impressionner et toutes ses femmes si sages à sidérer. Et la soirée s’annonçait riche en opportunités tant les Oppii avaient pris soin d’inviter toutes les familles dont Helvia pouvait rêver. Un instant, son regard se posa sur les gladiateurs des deux ludus rivaux. Quel étalage ! Que de beaux spécimens dont elle connaissait chacun des noms sans exception. Alors qu’elle remarqua la présence de la belle Antiope, un sourire étira le coin de ses lèvres en la voyant déjà accostée par une des invitées. Voilà qui ne pouvait qu’être un bon signe pour continuer de séduire le peuple à l’idée de développer la gladiature féminine.

Soudain, ses yeux clairs se posèrent sur une autre femme plus discrète, légèrement en retrait du reste de la foule, qui observait cette multitude avec l’intelligence de celles qui savent profiter des possibilités offertes par ce genre de fêtes. L’observation. L’investigation. Quel sot délaisserait une arme telle que celle-ci en pareille occasion ? Certainement pas la Vipère de Pompéi, et certainement pas cette jeune esclave dont Helvia était parvenue à percer l’identité derrière le masque. Ce regard, la veuve l’aurait reconnu entre mille car jamais elle n’oubliait celui d’une ennemie. Ennemie ? Cette Themis l’était-elle vraiment ? Licinia Domitia l’était-elle vraiment ? Depuis que la veuve avait rencontré l’une et l’autre, toutes ces anciennes certitudes avaient comme volé en éclats… Mais lorsque les doutes viennent envahir les esprits, étudier les hommes n’est-ce pas le plus sage ?

Appelant un esclave qui passait avec un plateau, la gauchère s’empara de deux coupes de vin et se décida à aller à la rencontre de la jeune esclave. Après tout, elle était sans l’ombre d’un doute une des femmes qu’elle tenait le plus à voir ce soir. Autant entrer de suite dans l’arène.

D’un pas souple, la patricienne se faufila donc au milieu de ses comparses jusqu’à atteindre la belle Themis, savamment cachée dans un coin de cette pièce immense. Un sourire reptilien figé aux lèvres, elle attendit que l’esclave la remarque pour lui tendre la coupe de vin qu’elle avait prise pour elle et gronda d’une voix chaude :

- Bonsoir, Themis. J’espérais te voir à cette soirée.

Elle laissa à la suivante quelques secondes pour lui permettre de la reconnaître à son tour, ce qu’elle ne manquerait certainement pas de faire compte tenu de sa finesse dont elle lui avait déjà fait preuve.

- Il semblerait que ta domina se porte mieux que lors de notre dernière rencontre, ma chère. J’en suis ravie. Comment se portent Murena et sa douce famille que tu sers avec toujours autant d’abnégation ?

Peut-être, ce soir, la belle laisserait-elle échapper ce secret qu’elle avait si bien protégé lors de leur dernier entretient ?
lumos maxima
Plebe
Mar 19 Mai - 12:33
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Oppia Musca
₪ Arrivée à Pompéi : 03/02/2015
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Oppia Musca
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L'élite, le plébéien et le truand

She's up all night 'til the sun, I'm up all night to get some, She's up all night for good fun I'm up all night to get lucky ••• Une fête aux termes. Rien de tel pour mettre Musca en joie. Elle aime particulièrement l'organisation de ses fêtes somptueuses que peut organiser sa famille. C'est l'occasion pour elle de retrouver chaque membres des Oppii et aussi de montrer à quel point leur famille est puissante. C'est important de bien se faire voir s'ils veulent continuer à briller dans la société pompéienne. La jeune femme sait très bien à quel point cela peut être important. L’apparence est ce qui compte le plus et quoi de mieux pour soigner les apparences qu’organiser l’une des fêtes les plus réussies de toute la ville ? Tous les Oppii avaient participé à la préparation de la fête, même Paulus qui, malgré les rumeurs qui pouvaient circuler à son sujet était toujours fidèle au poste. Ce qui ne pouvait que ravir sa petite sœur. Musca est certaine bien la seule au vue des regards assassins que pouvaient lui jeter Pulchra et Lucanus. Pour le coup, la jeune fesse s'en moque. Rien ne pourra venir entacher sa bonne humeur aujourd'hui. Non, rien du tout.

Pour l'occasion, la jeune femme s'est vêtue d'une robe ambré, mettant ses formes en valeurs. Elle aime le tissu fluide qui orne la partie inférieure de sa robe. Carcan et flèches reposant tranquillement dans son dos. Un magnifique loup d'or cachant son visage, alors que ses cheveux de jais tombent en cascade sur ses frêles épaules. Elle a voulu rendre hommage à Diane, la déesse de la chasse, pas qu'elle apprécie particulièrement cette discipline, mais elle admire la sagesse et la dextérité. Musca prend bien soin de chaque détail. Elle veut que tout soit parfait. Elle a le soucis du détails. Elle était entrain d'arranger une composition florale quand elle sent la présence de Paulus à ses côtés. Un sourire se dessine sur ses lèvres en l'entendant.

- Il faut que j'en vienne à bout avant l'arrivée des premiers invités, dit-elle déterminée.

Musca aime le travail bien fait et son frère le sait très bien. Elle hausse doucement les épaules quand il lui demande si elle n'est pas trop angoissée. Quelle question. C'est sur sa sœur et elle que repose toute cette fête alors elle ne peut pas se permettre d'être aussi détendu que ses frères. Puis Musca a toujours été la plus solitaire de la famille. Les fêtes, elle aime bien ça, mais elle a toujours du mal quand il y a trop de monde, elle ne sait jamais où se mettre. Scapula appelle ses enfants et Musca vient sagement se poster derrière son père, en compagnie du reste de la fratrie. Les invités sont déjà là quand les portes s'ouvre et la jeune femme affiche son plus beau sourire, son masque devant ses yeux. Elle regarde les gens arriver et un sourire se dessine sur ses lèvres alors que sa cousine s'arrête à sa hauteur. Le compliment lui va droit au cœur. C'est toujours plaisant de voir que l'on reconnait son travail.

- Tu as l’œil, Valeria. Profites dont de cette soirée.

Une fois sa cousine éloigné, elle décide d'aller se promener entre les convives, vérifiant que tout est parfait. Alors qu'elle se balade, une femme l’interpelle. Elle s'arrête et l'écoute. Elle est ravie d'entendre que la réputation des Oppii n'est plus à faire. Elle acquiesce, doucement quand elle lui demande si elle est bien Oppia Musca.  

- Et vous, vous devez être Licinia Domitia, n'est-ce pas ?

La jeune femme connait les têtes importantes de la société Pompéienne. Forcément, les thermes attirent beaucoup de monde et c'est aussi un bon moyen d'en apprendre un peu sur tout le monde. C'est fou le nombre de confidences que l'on peut entendre au détour d'un couloir. Au loin, Musca aperçoit Paulus en compagnie d'un homme qu'elle croit reconnaître comme étant Kaeso, l'homme chez qui son cher frère dépense la plupart de sa fortune. Le visage du corbeau à l'air d'être moins détendu qu'il le devrait et elle se demande bien ce qu'il peut bien se passer entre ses deux-là. Toutefois, elle n'a pas le temps de s'en inquiéter plus que ça, puisqu'elle croise la route Ahenobarbus, son rouquin préféré. Un nouveau sourire s'étire sur ses lèvres. Au moins un visage qu'elle reconnait comme étant amical. Elle s'approche de lui, doucement.

- Aulus, mon ami, je suis ravie de voir que tu as pu venir, la fête est-elle à ton goût ?

La brune se détend quelque peu, rassuré par la présence du jeune homme. Il faut dire que tout ça n'est vraiment pas son élément naturel. Toutefois, elle sait qu'il doit faire des efforts.

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Ven 22 Mai - 15:22
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Je ne comprenais toujours pas ce que les Pompéiens trouvaient aux fêtes, certes elles étaient amusantes, mais parfois trop bruyantes. Cela dit, la ville avait besoin de se divertir en ce moment. En effet, avec ces rumeurs, ces légendes sur le Fils de L’Etna, tout le monde avait besoin de se changer les idées. Même si je me doutais bien qu'on allait forcément placer le sujet dans une conversation.

J'avais décidé d'accompagner ma Domina, non pas parce que j'étais férue de ce genre de célébration, mais surtout parce que je me devais de veiller sur elle. Et puis elle pouvait avoir besoin de moi à tout instant, il lui suffisait de trop abuser du vin pour qu'elle rentre à la villa en titubant et mieux valait que l'une d'entre nous reste sobre. Néanmoins j'avais le pressentiment que ce soir serait différent. L'alcool n'allait pas être le principale problème. L'élite de Pompéi serait présente et complots, mystères, ragots allaient fuser dans tous les sens.

J'apportai le masque de ma maîtresse puis enfilai le mien. Je n'aimais pas porter cette chose, peut-être parce que je détestais l'hypocrisie et le mensonge et j'avais l'impression de cacher celle que j'étais vraiment derrière ce bout de tissu ridicule. Mais bon s'il le fallait.



La fête avait déjà commencé et il commençait à y avoir du monde. Ils étaient tous masqués et pourtant on pouvait en reconnaître certains. Cela ne dissimulait personne, mais je devais admettre que c'était fort amusant comme concept, faire semblant de ne pas connaître, se faire passer pour quelqu'un d'autre, rester dans l'anonymat.

« Je ne vois pas l'intérêt de ces masques... chez certains cela ne change pas grand chose, ils ont tellement l'habitude d'en porter dans la vie de tous les jours. Hypocrites comme ils sont. Par contre cela arrange leur beauté chez d'autres, ils sont beaucoup plus abordables le visage caché » Fis-je remarquer à voix haute, plus pour moi que pour ma Domina d'ailleurs.

Il y avait là des gladiateurs, certains étaient célèbres, forcément Antiope attirait les regards, même le mien. J'avais beaucoup d'admiration pour ces guerriers qui risquaient leur vie pour obtenir la liberté : un idéal difficile à atteindre. Publicola était présent aussi, cela ne me surprenait guère.

Ma maîtresse prit deux coupes de vin. Je souris, c'était bien une des plus grandes préoccupation de l'Empire ça : le vin ! Personnellement je n'appréciais pas assez de breuvage pour en boire aussi souvent qu'eux. Mais cela m'amusait à chaque fois que j'assistais à une de leur réceptions. Elle se dirigea alors vers Themis, l'esclave de Licinia Domitia. Je la laissai faire, je préférais rester là dans un coin, à écouter la musique avec délectation. Et à observer ceux qui se trouvaient là. Je pouvais sentir les faux semblants de certains ou la tension chez les esclaves qui s'occupaient de satisfaire les convives. Il faut dire qu'on ne leur permettrait pas le moindre faux pas et si ce fut le cas... quelle punition leur avait-on promis ? Je grimaçai sentant presque la morsure du fouet sur mon dos comme si j'y étais. Je l'avais déjà reçue il y a longtemps, très longtemps, mais je n'avais jamais oublié la douleur que celle-ci procurait, vive et brûlante, telle une flamme ardente.

C'est alors qu'une charmeuse de serpent attira mon attention. C'était tellement fascinant. De nombreux hommes la regardaient encore plus fascinés. Ce n'était pas le serpent qu'elle hypnotisait, mais eux. Et j'eus un sourire amer en voyant Publicola lui chuchoter des mots à l'oreille.


Cela ne me plût guère, je ne savais pas ce qu'il lui avait dit, mais il était évident qu'il était là comme tous les autres, charmé ! Néanmoins je ne dis rien, ne voulant pas provoquer de scandale et saisit une coupe de vin pour faire passer le goût amer de l'agacement dans ma bouche, puis je lançai un regard noir en direction de l'amant de ma maîtresse. Je le surveillais de loin pendant que je jetai un coup d'oeil en direction de ma Domina qui continuait de discuter avec Themis. Puis je me dirigeai vers la musicienne qui charmait les hommes et les serpents, afin d'observer son spectacle d'un peu plus près, attrapant au passage quelque chose à manger.
Dim 24 Mai - 14:43
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Fils de l'Etna
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Fils de l'Etna
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Le Truand


Opulence.
Luxure.
Vanité.
Souveraineté.

Je les anéantirais un par un.

Il s’avance mon complice de l’ombre. Sous son masque romain, il s’est fondu dans la masse abjecte. Cachés dans les terres pompéiennes environnantes, nous n’attendons plus que le signal de notre contact. La victoire sera grande, la victoire sera belle. La preuve est qu’aucun d’entre eux ne semble se préoccuper des rumeurs qui enflent depuis des semaines. Plus insolants que leurs dieux eux-même. Hybris. Il avance, il rôde les lèvres assoiffées ce complice de l’ombre. Le sang des patriarches sera répandu… Il suffit simplement de trouver proie. Proie parfaite, proie qui le souffle disparu plongera la cité dans un chaos sans précédant. Le signal de la victoire. Le signal de notre avancée. Il est proche. Il te regarde, la lèvre frémissante, il observe les parures de ton corps et ce souffle qui s’émane de ta gorge. Il t’observe. Ses ailes des ténèbres frémissent, elle t’envelopperaient du soupçon mortuaire en un instant. Il te sourit, il te salue toi ô fier romain! Il butine ailleurs. Tu ne seras pas sa proie. Il sait. Il sait ce qu’il veut. Il veut de l’éclat. Nous voulons de l’éclat. Son ombre ondule sur les corps lustrés des gladiateurs. Ils seront libérés de leurs chaînes ces hommes asservis. Son regard se superpose sur les courbes généreuses des louves offertes. Les corps nus pleuvront dans quelques jours… Les cambrures secrètes des pompéiennes danseraient pour ses frères. Elles en danseraient jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à en crever devant les yeux de leur progéniture méprisable.

Il porte sa main sous sa tunique volée. La lame est froide. Silencieuse elle appelle sa destinée. Il se mû dans la masse des parfums capiteux. Il frôle l’hôte des lieux, le maître corbeau et le vieillard qui leur sert de père, leurs putains de soeur ce sera pour plus tard. Nous les étoufferions dans leurs propres bassins. Mais pas ce soir, pas ce soir. Ils devaient voir leur monde s’effondrer. Tous, ils devaient sentir les pores de leur peau se pétrir de peur. Ils devaient chier dans leur toge cette angoisse insurmontable. Le masque anonyme continue sa lente procession. Il a un sourire pour chaque invité. Une tendresse. Et puis il la voit. Je le sens et je le vois. Les étoiles, déjà, sont plus hautes, plus belles et majestueuses. Il voit sa longue chevelure d’or. Il la caresse. Si douce… Les invités se pressent autour d’elle. Ses habits sont d’une richesse ostentatoire. Elle est la soeur. La soeur du laniste. Oui… nous avons entendu parler d’elle. Une femme qui asservis les hommes, une femme qui jète les vies dans l’arène. Une femme qui se noie dans le luxe. Une femme comme il ne devrait pas en exister. Un immondice.

Une ombre n’a pas de coeur. Une ombre n’a pas d’âme. Une ombre n’a qu’une lame froide. Une lame qui murmure et qui tranche. Le cou de la belle se déchire lentement et un souffle rauque sort de ses lèvres charnelles. Ses yeux se perdent un dernier moment dans cette mer d’étoiles. Une plébéienne est morte. Une étoile apparaît. Son corps tombe lourd dans la piscine. Le sang se répand lentement. Il absorbe la clarté. Et dans l’air, un cri strident se fait entendre. Lucretia Illithyia est morte. Assassinée par des mains invisibles. La première d’une longue liste à venir. Les lèvres de l’ombre frémissent. Son masque laissé aux thermes, elle disparaît dans les sombres ruelles. Il sont venus les temps heureux. Lucretia Illithyia est morte.


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Venus
Dim 24 Mai - 14:46
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Venus Pompeiana
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Venus Pompeiana
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La déesse


Il l’a assassiné d’une main sans coeur. Il n’a pas frémis un seul instant. Pourquoi n’étais-je descendue parmi les humains pour empêcher cette horreur? Mon Illithyia, je veillais maternellement sur elle depuis la maladie de son frère… Assassinée. Des larmes immortelles perlent mes yeux tandis que mon coeur se déchire. Je suis comme ces invités qui se pressent autour du lieu du crime, tous frappés d’horreur. Un silence lourd et terrible tombe sur les thermes. Les mains se trouvent, elles se cherchent, elles s’étreignent. La peur égoïste qu’ils auraient pu être à sa place. Les flammes éparses autour de la piscine berce la jeune femme dans une lamentation silencieuse. Son avenir était si grand… Si plein de vie. Je baise ses lèvres avec respect. Mon enfant, ma douce aimée que ton âme traverse le Styx sans frayeurs. Obole ne sera jamais plus grand que l’amour dont je t’étreins. Tu renaîtras de la Fortune, tu renaîtras le destin somptueux. Je te le promets. D'une mère à sa fille, je te le promets.

Je glisse ses paupières. L’endormie repose à jamais, la beauté assassine.



Dans mon coeur sonne la colère et un murmure se répand à travers les invités. On ordonne de fermer toutes les portes. Personne ne sortira, personne ne répandra l’immonde nouvelle que la soeur du laniste a été assassinée. Personne. Pompéi, pour ce soir, doit rester endormie. Demain, demain le soleil se lèvera rouge, mais ce soir… Ce soir la nuit doit porter son deuil. Les voix des invités commencent à retrouver leur vigueur, le murmure prend de l’ampleur : mais où est le meurtrier? Est-ce un des esclaves, un pérégrin ou pire … le Fils de l’Etna? Je pose ma tête sur l’épaule de Vulcain, jamais Pompéi n’a été aussi menacée et jamais je ne me suis sentie aussi lasse. Illithyia ne pouvait être morte en vain… Ils devaient se tenir près au terrible destin qui les attendait. Ma ville était en danger et mon coeur entre les mains de ses habitants. Seraient-ils à la hauteur de la tâche qui les incombait?

code by biscotte
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