Helvia ~ La Veuve au Venin

→ Ce que je pense de Pompéi
Il y a des villes qui semblent naturellement faites pour nous. Ce qui est certain, c'est que Pompéi est la ville faite pour Helvia. Prospère, attractive, puissante, mais également pleine de failles à exploiter pour qui espère grimper les échelons sans pouvoir passer par la grande porte, elle possède tout ce qu'une femme aussi ambitieuse que cette mystérieuse veuve peut rêver.

→ Ce que je pense de la politique
Parmi les citoyens avides de pouvoir, seul un sot délaisserait la politique ! Et Helvia est loin d'être une sotte. C'est donc naturellement qu'elle cherche à influer sur les décideurs de Pompéi, de quelque manière que ce soit. Consciente des difficultés dues à son sexe, elle utilise différentes armes et jouent sur différents fronts que les hommes. Après tout, il y a bien des moyens pour une femme de faire pencher un politicien en sa faveur...

→ Ce que je pense des jeux
Une femme capable d'user de violence pour arriver à ses fins ne peut débecter les jeux de l'arène. Comme toute citoyenne digne de ce nom, Helvia a ses champions favoris et ne peut nier admirer la force brute. Un rictus provocateur toujours figé sur son visage, le sang des gladiateur la fait rire, les cris des vaincus la font frissonner, le sifflement des glaives qui fendent la chair la fait vibrer... Que dire de plus ? Helvia est passionnée par les jeux et en cas de baisse de moral, elle sait qu'une visite dans les arènes sera toujours capable de lui rendre l'appétit du sang.

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions
Helvia serait de ce genre de femmes que l'on qualifierait volontiers de perpétuellement insatisfaite. Son grand amour est le pouvoir, l'argent son amant, la séduction son arme. Capable du pire machiavélisme et des sournoiseries les plus élaborées pour obtenir tout ce que son sexe n'oserait normalement pas convoiter, Helvia est imaginative et sait comment avoir toujours plus d'influence et obtenir les avantages qui en découlent. Ambitieuse et capable de beaucoup de sacrifices pour arriver à ses fins, elle ne compte plus ses ennemis, victimes de ses trahisons. Et pourtant, sa force de persuasion lui permet toujours de trouver de nouveaux alliés, même éphémères...

→ Ma pire crainte
Comme tous ceux qui souhaitent s'envoler, toujours plus haut, la pire crainte de cette femme de tête est de tomber. Helvia craint de tout perdre du jour au lendemain comme quelques unes de ses victimes après son passage éclair dans leur vie. Dans un monde de requin, le plus gros mange toujours le plus petit. Alors sa seule crainte et de tomber sur un poisson plus gros qu'elle.

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.
Quand on vit comme Helvia, on peut difficilement aller quérir la clémence des dieux. Et si elle est loin d'être adepte des blasphèmes, elle ne va pas jusqu'à se considérer comme une religieuse digne de ce nom. Les divinités, elle les respecte. Mais bien plus pour tenter de faire pardonner ses offenses que par une réelle dévotion. Alors au final, participer aux festivités en l'honneur des dieux est une manière d'apaiser sa conscience.

An 684 ~ Rome
Helvia naquit dans une famille romaine déjà éminemment riche. Elle était l'aînée d'une deuxième fille et d'un petit garçon. Son père, Aulus Helvius Probus, était un important propriétaire terrien, foncièrement loyal et honnête. Sa réussite, disait-il, il l'avait gagnée à la sueur de son front, puis un peu plus tard à la sueur du front des autres. Il disait beaucoup moins souvent qu'il avait hérité de son père de plus de la moitié de ses terres... Mais malgré tout, c'était un homme respectable et un modèle dont bien des enfants se seraient contentés.

Mais pas quelqu'un comme Helvia.

Depuis sa plus tendre enfance, elle s'était montrée comme une fillette autoritaire, sûre d'elle et capable déjà d'une ingéniosité impressionnante pour satisfaire le moindre de ses caprices. Et alors qu'elle grandissait, son intelligence n'était plus à prouver.

A l'aube de son adolescence, elle s'éloigna de son père qu'elle considérait comme manquant cruellement d'ambition. Lui se contentait de ses terres, de la richesse qu'il en tirait et du pouvoir qu'il avait sur les quelques hommes qu'il embauchait. Mais ses décisions n'avaient aucune répercussion au-delà du seuil de sa porte. Et sa fille voyait plus loin. Beaucoup plus loin.

An 701 ~ Rome
Helvia était une jeune fille belle et attirante. Mais par-dessus tout, elle venait d'une famille dont la réputation et la richesse n'étaient plus à faire. Et son père tenait à offrir à chacun de ses trois enfants un avenir qu'il jugeait digne d'eux.

C'est ainsi qu'à l'âge de 17 ans, son aînée épousa Marcus Claudius Celsus, d'une des plus éminentes familles de Rome. Helvia quitta son foyer sans laisser paraître la moindre tristesse. Peut-être n'en ressentait-elle tout bonnement aucune...

Elle se savait désormais partie intégrante d'une famille prestigieuse, riche et puissante. Les opportunités qu'elle voyait s'offrir à elle étaient innombrables. Pourquoi aurait-elle dû se montrer triste ?

Son mari était un homme se voulant autoritaire. Malheureusement, uniquement dans son ménage. Si Helvia était assez forte pour supporter les humeurs changeantes de son mari, le voir contenté de si peu professionnellement parlant était quelque chose d'inimaginable. Marcus était sénateur. Mais seulement un parmi tant d'autres. Une voix de plus dans le pour ou dans le contre. Mais aucune influence particulière, aucun coup d'éclat. Et il se plaisait à asseoir sa médiocrité à l'intérieur de son foyer avec le sourire béat d'une satisfaction des plus répugnante.

Helvia le détestait et peu à peu, la fierté de se voir porter le nom des Claudii disparaissait, avalée par l'amertume d'avoir été mariée au plus infecte fils de la famille.

Elle ne ressentit jamais le besoin d'avoir d'enfant. En réalité, ils la débectaient. Helvia n'était certainement pas du genre à avoir la fibre maternelle. Et pendant toutes ces années de vie commune, la fortune eut la clémence de ne jamais lui imposer de grossesse. Mais elle était évidemment la seule dans son foyer à en être ravie.

Marcus, devenu de plus en plus amer à mesure qu'il suspectait sa femme de stérilité, se risquait parfois à être violent. Trop fière et patiente pour s'en plaindre, Helvia restait impassible, attendant son heure...

An 715 ~ Rome
Il y a dans la vie des moments qui modifient notre avenir de manière irréversible. Et cette année là, Helvia allait en vivre un.

Personne ne sut réellement ce qui s'était passé cette nuit là. Mais une chose était sûre, c'est que Marcus ne s'était jamais réveillé.

Sa mort avait été officialisée le lendemain matin par sa femme elle-même. D'après ses dires, elle se serait endormie avec lui la nuit venue, sans que rien ne présage le moindre souci de santé. Le matin, elle aurait retrouvé près d'elle le corps froid de son époux, décédé pendant la nuit.

Les circonstances de la mort du sénateur étaient on ne peut plus mystérieuses, mais ce qui attirait encore bien plus l'attention de tous les romains qui croisèrent Helvia ce jour là était son étonnante décontraction. La toute jeune veuve paraissait d'un calme incroyable, rassurée, presque souriante. Et dans un monde où l'apparence seule forgeait les trois quarts d'une réputation, les ragots ne mirent pas bien longtemps à naître dans les ruelles de Rome.

Les rumeurs allaient des plus sombres aux plus farfelues. Certains racontaient que Helvia était une femme tellement froide et difficile qu'il s'était sans aucun doute enfui sans prévenir personne et que son épouse couverte de honte aurait inventé sa mort. D'autres que l'incapacité de cette femme à lui donner un enfant avait conduit le sénateur au suicide. D'autres encore s'amusaient à croire que leurs ébats de cette nuit là avaient été tellement intenses que ce cher Marcus en avait fait une attaque. Mais les plus sérieux soupçonnaient la belle Helvia d'empoisonnement. Purement et simplement...

Les soupçons de la population conduisirent les autorités à lancer un semblant d'enquête, mais elle demeurèrent incapables de trouver la moindre preuve pouvant affirmer la culpabilité de la jeune veuve. Mais les bruits de rue de cessèrent pas pour autant. Helvia vivait avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête au quotidien. Et en tant que femme, elle était consciente que la justice ne pencherait pas naturellement en sa faveur. Rapidement, les regards des citoyens devinrent hostiles, toutes ses connaissances lui tournèrent le dos, craignant de fréquenter une meurtrière, elle n'était plus la bienvenue au forum ou dans tout autre lieu public. Les jours passèrent et Helvia commença à craindre pour sa vie. Une vengeance est si vite arrivée dans les rues de Rome...

Après deux semaines à rester spectatrice de sa chute, elle décida de donner un petit coup de pouce à sa bonne étoile.

Plus rien ne l'attachait à Rome. Elle n'avait plus de contact avec sa première famille depuis des années et son amour de sénateur romain était désormais trop loin pour lui rattacher ses chaînes. Et  quand il s'agissait de sauver sa peau, Helvia était capable de bien des choses. Plutôt que d'attendre le courroux d'un anonyme lassé d'attendre celui que la justice était incapable de fournir, elle préféra s'enfuir.

En une nuit, elle parvînt à rassembler l'intégralité des affaires qu'elle considéraient comme vitales. Et le lendemain, elle partit.

Un seul mot résonnait dans sa tête : Pompéi.

An 725 ~ Pompéi
Cela fait une dizaine d'année que Helvia a élu domicile à Pompéi. Et une chose est certaine, c'est qu'elle est bien loin de vouloir en partir.

En dix ans, elle a bien eu le temps d'étudier la population locale et les opportunités qui pourraient être les siennes. Toujours aussi stratège et intéressée, aucune possibilité qui pourrait lui permettre de lui donner plus de pouvoir ou de richesse n'est mise de côté.

Sur Pompéi, Helvia fit la connaissance de plusieurs membres des Claudii sans trop savoir encore comment les considérer. Mais le temps, elle en est sûre, saura faire son ouvrage.

Consciente que les rumeurs courant sur elle ont depuis longtemps traversé les murs de Rome, elles ne l'inquiètent pourtant plus depuis longtemps. Elle a appris ces dernières années à répondre facilement aux quelques curieux aimant les provocations faciles.

Aujourd'hui veuve libérée, capable de tout pour obtenir ce qu'elle souhaite comme du temps de son enfance, c'est en véritable battante qu'elle compte s'attaquer au reste de l'élite de la ville pour augmenter toujours plus son influence. Bien décidée à enfin sortir ses griffes, pour certains, cela sera une aide à leur ascension, pour d'autre, la raison de leur chute.