es murmures s’élèvent entre les colonnades de la palestre autour de la natatio, bafouant le silence d’un deuil dessiné de la lame d’un couteau. Les derniers cris déchirent encore la nuit noire qui imprègne de son ombre glaciale les thermes de Stabies. Les regards fixent impuissants l’eau du bassin s’empourprer, admirant l’inéluctable : la sœur du laniste est morte.
Lucretia Ilithyia n’est plus.
Bientôt, un homme s’approche et tous s’écartent. Même les grands patriciens s’effacent lorsque s’avance le patriarche. Le vieux Scapula ne s’arrête qu’une fois face à l’horreur, à l’ignominie la plus infâme venue s’immiscer jusque dans sa maison. Sur son dos voûté semble peser tout le poids de la vieillesse, alors que ses mains blanches tremblent dans son dos, plus encore qu’à l’accoutumée. Lentement, les Pompéiens se taisent. Chacun attend les ordres du pater familias. Et Scapula regarde la pauvre Ilithyia en silence, comme s’il formulait une prière.
Soudain, sa voix rauque appelle ses fils et ses quatre enfants le rejoignent, légèrement hésitants. Ses yeux bleus parcourent l’assistance jusqu’à croiser le regard de sa nièce, Cicurina, à laquelle il fait signe d’approcher. L’homme parle bas, de sorte que seule sa famille puisse l’entendre.
- Que l’on enferme les esclaves dans le praefurnium. Tous, sans exception.
Sa voix gronde comme une sentence : tous connaissent la menace de cette révolte servile et le nom de ce chef barbare qui se dit enfanté du feu même d’un volcan. Cette folie servile aurait-elle osé entrer jusque dans les thermes de Stabies ? Ses thermes ? L’œil sombre, le patriarche jete un regard à sa benjamine.
- Je pars chercher le legatus avec Pulchra. Vous quatre, mettez nos invités à l’abri. Séparez-les. Si le monstre est parmi eux, je refuse que sa folie puisse s’abattre sur tous. Ainsi, la plupart seront en sécurité. Que chacun emmène un groupe avec lui et l’enferme dans une pièce à l’écart des autres. Vous n’ouvrirez qu’à moi. Est-ce clair ?
Les Oppii acquiescent, aucun ne défie l’autorité du père. Face à de telles crises, c’est encore vers lui que l’on se tourne, et après un dernier regard entre frères et cousins, tous se séparent pour accomplir leur tâche.
₪ ₪ ₪
Le cœur du corbeau tambourine dans sa poitrine alors qu’il s’approche d’une partie des invités, suivant les ordres de son père. Autour de lui, tout n’est que terreur et confusion, mais le masseur ne se laisse par happer par l’effroyable folie : contrairement à bon nombre de ses distingués hôtes, ce n’est pas la première fois qu’il regarde ainsi la mort dans le fond des yeux, pour l’avoir déjà donnée lui-même à deux reprise de la pointe de son couteau. Le plus jeune fils de Scapula se redresse donc, déterminé à agir comme le mérite sa gens, malgré toutes les fois où celle-ci l’a bafoué.
- Chers amis, je vais vous demander de me suivre. Nous allons attendre à l’abri que le legatus vienne nous assurer que nous ne craignons rien. N’ayez crainte, ils sont déjà en route, et nous ne devrions pas avoir à rester longtemps dans pareille situation.
Au milieu de la foule, les doutes se murmurent, mais les protestations s’évanouissent dans les gorges avant même d’être formulées. Quelle autre solution existe-t-il face à un tel outrage ? Que faire devant pareil péril ? D’une main rassurante, le fils indigne de Scapula amène à lui Epidia Tullia Ravilla qui est venue le rejoindre quelques secondes seulement avant que l’impensable ne se produise. Passant au milieux des colonnes de la palestre, le corbeau guide les convives jusqu’au frigidarium où demeurent les bains d’eau froide. Peut-être la fraîcheur saurait-elle avoir raison de l’ardeur étouffante qui s’est emparé des esprits pompéiens ?
Au milieu des convives pressés d’enfin trouver l’abri désigné par le fils d’Oppius, une jeune femme se faufile entre les toges et les stolae, soucieuse de garder à portée de vue les cheveux noirs de ce corbeau, comme si seule sa présence pouvait lui garantir un semblant de sécurité. Ausonia Rufia n’oublie pas cette journée funeste où la bête est devenue reine et les hommes sont devenus proies. Comment blâmer la frêle serveuse de voir en ce sauveur d’hier celui qui la sauvera à nouveau de cette menace obscure et sournoise ? Accompagné du doctore de chez Lucretius, Corvus lui a permis de survivre à cette venatio devenue cauchemar. Peut-être serait-il capable de la sauver aujourd’hui encore ? Mais bientôt, la jeune serveuse tourne le regard vers une belle femme brune dont les appels ne cessent de résonner entre les murs des thermes alors qu’elle tente de se débattre contre l’avancée de la foule. Dans un moment d’inattention, Pompeia Praedita a lâché la main rassurante du tribun pour se retrouver noyée dans une cohue que la peur rend sourde à ses paroles. Alors qu’elle s’éloigne avec impuissance jusqu’à ne plus voir la silhouette du militaire, la sœur du duumvir finit par se résigner et observe en silence le corbeau refermer les lourdes portes de la salle, scellant ainsi leur destin pour les prochains temps à venir.
La mâchoire serrée, Corvus jette un œil aux convives qui l’observent. Chacun cherche un coupable au milieu de cette foule même si le Fils de l’Etna demeure sur toutes les lèvres. Cette révolte servile ne serait-elle pas une couverture parfaite pour un crime ? Et si le meurtrier n’était pas esclave mais parfaitement romain ? Une lame est si aisément cachée dans les replis d’une toge… D’un geste machinal, le fils de Scapula vient frôler des doigts le manche de son couteau toujours caché dans sa ceinture. Certains le regardent avec suspicion. On n’obtient pas un si triste cognomen sans raison… Un instant, Corvus bénit sa chère Ravilla d’être présente à ses côtés.
Mais dans pareille situation, existe-t-il encore des amis véritables ?
₪ Arrivée à Pompéi : 23/03/2014 ₪ Ecrits : 529 ₪ Sesterces : 57 ₪ Âge : 23 ans ₪ Fonction & Métier : Plébéienne œuvrant pour le rêve ambitieux de son frère.
Cogito ergo sum ₪ ₪ Citation: ₪ Moi en quelques mots: ₪ Côté Coeur: Veuve au coeur froid.
Epidia Tullia Ravilla
Un cri. Un cri puis le silence. Un silence glacial. Les torches frémissent, le vin se déverse abreuvant la terre d’un rouge sanguin. Là où tous les regards convergent, sa tête se tourne. La natatio. Un pas. Un pas puis deux. Un mauvais sentiment. Soudain molle, sa main lâche l’avant-bras de Corvus. Ce ne peux pas… Non. Non, un sourire émane de ses lèvres. Un sourire tremblant, un de ceux qui sont censé vous rassurer. Un pilier dans l’aurore de la peur. Ses mains poussent les invités agglutinés autour du spectacle. Elle doit voir. C’est un mauvais sentiment. Elle doit voir. Ses bras se font plus pressants, plus autoritaires. Qu’importe les masques, ses ongles violent les peaux immobiles. Et puis, la vision. Le dénouement. Une stola lourde flotte autour d’une chevelure sanglante. Cette chevelure… Cela ne peut être celle qu’elle a cherché tout à l’heure, celle qui lui était invisible. Son amie. Sa seule amie. Son sourire se fane, il tombe dans la même apathie que ses jambes. Ses mains cherchent le bras de l'inerte. Elles le tire vers elle. Que quelqu’un l’aide! Ne voient-ils donc pas qu'elle ne peut pas respirer?! ELLE NE PEUT PAS RESPIRER! Il faut la retourner, il faut la sortir de là! Elle tire le corps ensommeillé un peu plus à elle. Il faut… des mains l’attrapent, puissantes, fermes : « ILLYTHIAAAA! ». Ses bras brassent l’air. Elle l'appelle a s’en déchirer la gorge. Elle cri à s’en faire mal, à s’en couper le souffle, à s’en assassiner les poumons. Elle ne peut pas la laisser. Il faut la sauver! L’aider. Oui, alors elle tonne de plus belle ; « QUE QUELQU’UN L’AIDE! CAESO! Par tous les Dieux … que quelqu’un… ses grands yeux gris croisent ceux du corbeau. Le corbeau et les yeux gris. Des yeux gris larmoyants. Il faut l'aider... » Et dans ses bras, sa tête se pose contre son épaule. Elle le laisse l’entraîner à travers l'océan tortueux des invités. Il va la sortir de là. Il va la sortir de là. Il va l’envelopper du manteau de la nuit, et ainsi protégée l’amener à son fils. Mais l’entrée est fermée et Corvus la pousse doucement dans le frigidarium. Il ne va pas la faire sortir. Son regard désormais vide ne voit pas les invités entrer un par un et prendre place autour du bassin. Elle n’entend pas non plus les souffles tremblants. Les murmures de terreurs. Les corps pétrifiés. Elle ne regarde que cette porte. Elle tente de sortir, il le faut et ses yeux implorent. « Manilius… Ils sont peut-être dehors en train de le tuer… Je dois protéger mon fils. Je dois protéger mon fils… » Mais c’est sans appel. C’est pour leur protection. Quelque part, au fond d’elle, elle le sait. Elle le sait. Son regard est douloureux et sans appel.
Un pas. Un pas puis deux. A reculons. A reculons, cette fois elle s’éloigne de la porte close. Tout est si froid. Tout est si froid, tout est si calme. Les larmes de ses yeux continuent d’implorer silencieusement son ami. Manilius… elle n’aurait jamais du le laisser seul. Désillusion. Elle est morte. Personne ne viendra l'aider. Personne ne viendra l'aider comme personne n'aidera son fils. Sa chair. Son sang. Son secret. Indolence lourde. Une jambe puis l'autre, elle tombe la marche qui conduit au bassin. Dans un geste de petite fille, se recroqueville contre le marbre froid. Elle se berce, ses jambes autour de sa stola ensanglantée. C'est l'histoire d'une peur… Un peur trop connue. Et ses mains… Tout est si sombre dans cette pièce, mais elle les sent. Elle les sent les particules de la mort. Elles sont une fois de plus sur ses mains… Dans un cri de douleur elle arrache la mascarade de son visage. Coincé dans les boucles de sa chevelure trop apprêtée, elle tire plus fort. Il la brûle. Ce visage qui n’est pas le sien, il la brûle. Elle tire, plus sèchement, le coton se déchire. La mascarade est jetée dans le bassin. Le bruit est ironique. Plus léger. Invisible. Une petite mort. Des larmes trop chaudes glissent sur sa peau. Dans leur sillage, elles lavent les traces des mains sanguines. A la vie à la mort était la promesse de l'amitié. A la mort ce sera… A la mort. A la mort. A LA MORT. Illythia… Le sang assassiné la colle. Il la colle et c’est dans une frénésie folle qu’elle glisse son corps vers le bassin. A présent c'est le froid du marbre qui la viole. Ses bras plongent dans l’eau. La vision floue, elle frotte avec ardeur. La mort ne doit pas s’infiltrer dans ses pores. La mort ne doit pas la rattraper. Elle était une meurtrière. C’était vrai. Mais pas ce soir, pas ce soir. Ce soir elle avait été spectatrice. Malheureuse spectatrice. Frotte. Continue. Encore. PLUS FORT. La mort est déjà partout, elle est en toi et elle te rattrapera. Cette voix ne veut pas se taire et ses lèvres hoquettent. C'est une meurtrière. Il est rauque le son qui émane de sa gorge meurtrie. Rauque et lancinant. Se sont des soubresauts, soubresauts d’impuissance. La froideur de son corps, ici dans son élément, se laisse aller au désespoir d’un mirage. Sa paume observe l’eau qui se mu. Elle est morte. Quelqu’un l’a assassiné. Ici, quelqu’un l’a assassiné. Alors sa main frappe l’eau elle même. C’est un claquement, un claquement de colère. La fureur d’un deuil. Partout, superposé aux fresques elle peut voir le visage de la défunte. Elle se souvient des années d’innocence. Les années où le sang n’était alors synonyme que de fertilité. Elle peut encore entendre son rire résonner dans la voûte. Un dernier ricochet qui se meure… C’est une colère. C’est une impuissance. C’est un silence. Un silence profond auquel seule la mer d’étoile de l’oculus répond.
Lun 1 Juin - 13:00
Re: Intrigue ₪ Dans le frigidarium...
Invité
Dans le frigidarium...
I was hung from a tree made of tongues of the weak The branches, the bones of the liars, the thieves Rise up above it, high up above it and see Pray to your God, open your heart Whatever you do, don't be afraid of the dark Cover your eyes, the devil's inside
Toute à ses rêveries de se trouver là parmi l’élite de la cité tout en se cachant de son cousin Ausonia ne comprit ce qu’il se passait qu’en observant le mouvement de foule qui suivi le cri strident qui avait résonné dans les thermes. Alors comme tout le monde elle joua quelque peu des coudes pour voir de quoi il retournait vers la piscine. La rouquine retint un hoquet d’horreur en portant la main devant sa bouche alors qu’elle découvre le corps et surtout le sang qui remplit lentement mais surement le bassin. Qui a pu faire une telle horreur en plein milieu des festivités. Elle entends les murmures des gens autour d’elle et se maudit d’avoir désobéis pour se retrouver ici mais il est trop tard maintenant. Alors que Rufia pense à comment elle va pouvoir sortir de la bâtisse et rentrer à l’auberge avant qu’on ne se rendent compte de sa présence elle est distraite par la femme qui désespérément essai de venir en aide à celle qui a vraisemblablement été assassinée. Cela lui fend le cœur mais elle ne peut pas se permettre de lui prêter assistance, elle doit partir. Malheureusement avant que l’adolescente ne puisse mettre en place le moindre plan pour sortir d’ici il est décidé que les portes seront fermé et l’homme qu’elle devine comme étant Corvus propose de le suivre pour se mettre à l’abri. L’hésitation ne la parcouru qu’un instant avant qu’elle ne lui emboite le pas, quelque fut la destination. Elle avait suffisamment confiance en lui pour le suivre au bout du monde, et il serait probablement le seul à pouvoir couvrir sa présence ici ce soir.
Une fois dans le frigidarium, Rufia alla s’assoir dans un coin pour ne pas être dérangée et surtout passer le plus possible inaperçu. Son regard se posa une nouvelle fois sur la jeune femme en pleure qui tentait maintenant de retirer le sang sur sa tunique. Elle-même était passée par là il n’y avait pas si longtemps et le corbeau se trouvait aussi à ses côtés à ce moment-là. Devait-elle y voir un message des Dieux, comme quoi elle ne devait plus jamais l‘approcher ? Cela était bien possible. Toutefois pour le moment, la jeune fille n’avait pas le choix et devait se préparer à un long moment dans la pièce froide. N’y tenant plus elle retira son masque, se moquant alors de qui pourrait reconnaître une pauvre petite serveuse et elle s’approcha de celle qui continuait de frotter énergiquement. Ayant attrapé une des serviettes qui se trouvaient rangé près de sa position initiale elle vint couvrir les épaules de la demoiselle et lui frotta doucement les membres. « Vous allez attraper froid si vous ne vous séchez pas et continuer de mouiller votre habit. » Cela devait paraître bien désuet comme pensée après le meurtre d’une personne visiblement chère à la pauvresse mais il n’y avait rien d’autre qu’Ausonia puisse faire à cet instant. Elle tourna ensuite le regard vers Corvus pour lui signifier sa présence qu’il devinerait très aisément interdite dans ces lieux. Puis elle continua de frotter les bras de la jeune femme pour la calmer, n’ayant mieux à lui proposer. Si le legatus était déjà en route ils ne resteraient pas bien longtemps enfermés là et elle pourrait vite rentrer chez les Faustus. En attendant c’était tout ce qu’elle pouvait faire pour se rendre utile.
code by Silver Lungs
Mer 3 Juin - 9:40
Re: Intrigue ₪ Dans le frigidarium...
₪ Arrivée à Pompéi : 15/06/2014 ₪ Ecrits : 386 ₪ Sesterces : 2 ₪ Âge : 28 ans ₪ Fonction & Métier : Masseur aux thermes
Cogito ergo sum ₪ ₪ Citation: C'est la femme qui choisit l'homme qui la choisira. ₪ Moi en quelques mots: ₪ Côté Coeur: j'ai bien trop d'amour pour une seule femme !
Manius Oppius Corvus
Dans le Frigidarium...
Thermes de Stabies ~ mi-mai 725 AUC
Une lame, un geste, une seconde… Tout un univers s’effondre autour de moi, sa chute se matérialisant en un cri terrifiant suivi d’un silence glacial. Un bruit humide résonne bientôt entre les colonnades et tous les regards se tournent vers la natatio, y compris le mien. Alors que je n’ai même pas eu le temps de répondre aux paroles douces d’Epidia, je sens sa main se crisper autour de mon bras pendant qu’elle nous fait avancer au milieu des invités. Mais, alors que sous mes yeux bleus se dresse l’une des pires visions d’horreur qu’il m’ait été donné de voir, je sens la belle aux yeux gris m’échapper.
- Epidia, non !
Elle n’entend déjà plus et je ne deviens qu’impuissance lorsque je réalise en même temps qu’elle qui baigne alors dans l’eau teintée d’écarlate. Alors que mes yeux se ferment péniblement, le cri de Ravilla me soulève le cœur et un abominable frisson vient me parcourir l’échine. Epidia pleure, appelle et serre dans ses bras le corps inerte de son amie. Tout autour, je ne vois que stupeur et immobilisme, et ce n’est qu’après de longues secondes que je parviens à revenir à moi. Me débarrassant de mon masque, j’entre à mon tour dans le bassin, rejoins Epidia, et cherche à la faire lâcher cette amie chère à son cœur, partie dans le sang, partie dans l’horreur, sans que rien ne nous y prépare.
- Epidia, viens avec moi. Je t’en prie. Viens.
Ses bras tremblants résistent et s’accroche à ce corps comme s’ils pouvaient lui insuffler assez de vie pour lui rendre celle qui lui a été arrachée. Alors que l’eau devenue sang imbibe ma toge, ma poigne se fait plus ferme et je fais lâcher prise à Ravilla pour la faire sortir de l’eau où la mort a si lâchement frappé. La gardant dans le creux de mes bras, je l’éloigne alors qu’au loin, je perçois l’appel de mon père. Posant une main rassurante à l’arrière du crâne d’Epidia, je me rapproche de son frère Caeso, auquel je fais signe de venir prêter une épaule à sa sœur à laquelle je viens murmurer :
- Reste avec Caeso… Epidia, écoute-moi. Reste avec ton frère. Je reviens tout de suite. Reste là.
Sur ces mots, je rejoins ma fratrie docilement regroupée autour de mon père. Ses ordres sont aussi froids qu’ils sont nécessaires et aucun de nous n’ose prononcer la moindre objection. Mais, avant de tourner les talons, je ne peux m’empêcher de jeter un regard vers Lucanus dont la lumière semble s’être terriblement ternie et, si je suis triste et blessé pour ma famille, je ne saurais si c’est ce sentiment ou la légère satisfaction de voir le fils prodigue de Scapula descendu de son piédestal qui m’envahit avec le plus de force…
Mais l’heure n’est pas aux querelles de frères, et je retrouve rapidement les invités auxquels je demande de me suivre. Aucun ne se fait prier alors que je reviens vers Epidia que je viens protéger de mes bras en murmurant :
- Ne crains rien. Ton fils est en sécurité. C’est toi qu’il me faut protéger à présent…
Et, après un dernier regard au-dessus de mon épaule pour m’assurer que Musca aille bien, je fais entrer les Pompéiens dans le frigidarium et referme les lourdes portes derrière eux. Je reste appuyé un instant contre les portes, cherchant à faire le vide dans mon esprit. Mais, lorsque je rouvre les yeux, je découvre Epidia plongée dans le bassin, les traits de son visage enlaidis par le chagrin. Peu à peu, le sang sur sa peau vient se diluer à l’eau glaciale des bassins, et, alors qu’elle en sort, le regard vide, je m’approche d’elle remarque une jeune fille à la chevelure rousse qui vient apporter une serviette. Je ne mets que quelques secondes avant de murmurer :
- Rufia ?
La surprise de la voir ici m’empêche un instant toute autre réaction, et au vu de son air gêné, nous savons tous deux qu’elle n’a rien à faire en ce lieu. Mais ce n’est ni l’endroit ni le moment pour lui faire un sermon.
- Ton cousin sait-il que tu es ici ? demandé-je alors d’une voix basse, de sorte que seules elle et Epidia puissent m’entendre.
lumos maxima
hrp:
Et pour la première fois sur ce forum, j'ai tenu la page woooord !
Lun 8 Juin - 22:14
Re: Intrigue ₪ Dans le frigidarium...
₪ Arrivée à Pompéi : 17/11/2013 ₪ Ecrits : 681 ₪ Sesterces : 73 ₪ Âge : 26 ans ₪ Fonction & Métier : Auteur anonyme de pièce de théâtre - membre d’un cercle littéraire secret
Cogito ergo sum ₪ ₪ Citation: C’est si rare maintenant quand une femme a du tempérament, que quand une femme en a, on dit que c’est de l’hystérie. ₪ Moi en quelques mots: ₪ Côté Coeur: Fiancée
Pompeia Praedita
Pompeia Praedita était restée interdite devant l’odieux spectacle qui s’offrait à elle ainsi qu’à tous les invités. Un spectacle qui lui avait ôtait tout envie de festoyer ou de se souler comme bon lui semblait à l’égale d’un simple homme libre de cette cité – oubliant donc toute élégance et retenue qui sied tant à une patricienne des Pompeii. Si la peur se propagea à grande vitesse parmi ces hommes et ces femmes, elle ne fut guère assez rapide pour que tous puissent quitter ces lieux – et l’assassin. On ferma les portes, et on conduisait par petit groupe les différents invités dans différents salles de bain.
« Mon tombeau. Nos tombeaux » conclut-elle.
Effectivement, parmi ces groupes, il devait y avoir un des assassins n’est-ce pas ? Cela voulait dire qu’il pourrait encore commettre un crime. Pire, s’il y avait « plusieurs » assassins ? Si tous étaient concentrés, ou séparés dans différents groupes ? Les deux possibilités, soit un assassin ou plusieurs, comme les autres « sous-possibilités », ensemble ou séparés, étaient effrayantes. A tout moment, on pouvait la taper.
« Mon frère était là. Il faut que je le rejoigne », se dit-elle, tentant de se frayer un chemin dans cette cohue, cherchant vainement le masque de son frère. Elle ne se rappelait plus des détails exactes mais l’esclave de Publicola lui avait montré. Il l’avait fait. Et donc elle pourrait se souvenir. Malheureusement, les corps se mouvaient bien trop vite et les masques se confondaient. Enervée, elle enleva son masque noir corbeau pour lancer un regard perdu et paniqué à l’assemblée.
- Publicola … Mon frère …, disait-elle. Peine perdue, sa voix était tout autant étouffée par ce remue-ménage.
Contre gré, incapable de se défendre, elle fut enfermée dans l’une des pièces. Elle regarda autour, elle détailla chaque visage … Aucun ne lui était familier. Où était Publicola ? Ou était Lucius ? Où étaient-ils ? Allaient-ils bien ? Enfin, et tout aussi important, où était ses propres et fidèles esclaves ? Deux femmes qui ne l’a quitté que rarement, la suivant comme une ombre même lorsqu’elle était accompagnée et prétendait se rendre à un lieu avec cette dite personne ?
Pour la première fois de son existence, Pompeia Praedita était seule face à un danger invisible.
Elle se résigna à remettre son masque. Chacun avait pu voir son image, et savoir qu’elle était la sœur du Duumvir. A quoi bon donc se dissimuler stupidement. Cependant, elle n’en quitta pas son « autre masque », celui qu’elle arborait quotidiennement en bonne Pompeii éduquée qu’elle était : l’assurance, et la force. La peur la tenaillait mais elle ne le montrait pas. Ses mains tremblaient mais elle le cachait habilement avec une stature droite et des mouvements lents plus ou moins maîtrisés.
D’un œil avisé et discret – et surtout expert -, Praedita épiait chaque personne : traces de sang, malaises différentes du commun des mortels, yeux fuyants ou toujours en mouvement comme à la recherche d’une opportunité – de fuir ou tuer ou communiquer avec un complice ?.
- Nous avons subi une perte en cette belle soirée. Je ne doute pas un instant que les proches seront … en deuil pour les jours et semaines à venir. Cependant, malgré tout, nous ne devons pas céder à la peur. Nous ne pouvons pas nous permettre de nourrir ces … lâches de notre faiblesse ou affolement. Nous devons nous montrer unis, solidaire et fort. Asseyez-vous, patientez … Les Corvii ont pris les mesures nécessaires pour démasquer le coupable.
La dernière phrase, Praedita n’en était pas sûre. Elle « espérait » que les Corvii ont fait le nécessaire. Doucement, elle se rapprocha de la brunette en pleurs.
- Mes condoléances pour cette perte, d’une amie je suppose. Tenez bon, et soyez forte. Elle aurait été bien triste de voir son amie pleurer ainsi et se mettre dans un tel état, dit-elle d’une voix douce, en passant une main sur cette chevelure. Elle jeta un regard à la rousse à ses côtés, et ne put qu’acquiescer devant son attention.
Doucement, à nouveau, elle se releva et attira le Corvii présent à ses côtés.
- Je vous propose de faire un tour de nos convives, de les rassurer … et de pouvoir … Peut-être déceler notre assassin. S’il est là. Ce n’est pas vous ni moi car une telle infamie ne nous apporteraient rien.
C’était peut-être inhumain parlé ainsi mais telle était la vérité à Pompei. Si le meurtre ne profitait pas à la famille, alors celle-ci était innocente. Les Corvii venaient de subir une lourde attaque à l’égard de la réputation et sécurité de leur terme, et les Pompeii n’avaient absolument aucun intérêt dans un tel meurtre – surtout avec l’édile des Licinii.
Et Pompeia était une femme d’action plutôt que celle qui pleurerait.
- M’accompagnez-vous ou restez-vous aux côtés de ses dames ? Dit-elle toujours à voix basses, s’assurant que personne d’autre n’entend.
Spoiler:
J'espère ne pas m'être trompée de sujet. Plus important, j'espère ne pas avoir ignoré des liens '-'. Ca fait longtemps que j'ai pas pu rp sous Pompeii du à mon année erasmus T.T (qui a touché à sa fin, double pleurs please T.T). Je reste à dispo par mp pour toute remarque