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POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Thermes de Stabies
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Venus
Dim 24 Mai - 15:38
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Venus Pompeiana
₪ Arrivée à Pompéi : 20/08/2012
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Venus Pompeiana
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Praefurnium

Themis, Nasica, Priam, Ulysse, Antiope, Philaé & C. Rufia


L
es murmures s’élèvent entre les colonnades de la palestre autour de la natatio, bafouant le silence d’un deuil dessiné de la lame d’un couteau. Les derniers cris déchirent encore la nuit noire qui imprègne de son ombre glaciale les thermes de Stabies. Les regards fixent impuissants l’eau du bassin s’empourprer, admirant l’inéluctable : la sœur du laniste est morte.

Lucretia Ilithyia n’est plus.

Bientôt, un homme s’approche et tous s’écartent. Même les grands patriciens s’effacent lorsque s’avance le patriarche. Le vieux Scapula ne s’arrête qu’une fois face à l’horreur, à l’ignominie la plus infâme venue s’immiscer jusque dans sa maison. Sur son dos voûté semble peser tout le poids de la vieillesse, alors que ses mains blanches tremblent dans son dos, plus encore qu’à l’accoutumée. Lentement, les Pompéiens se taisent. Chacun attend les ordres du pater familias. Et Scapula regarde la pauvre Ilithyia en silence, comme s’il formulait une prière.

Soudain, sa voix rauque appelle ses fils et ses quatre enfants le rejoignent, légèrement hésitants. Ses yeux bleus parcourent l’assistance jusqu’à croiser le regard de sa nièce, Cicurina, à laquelle il fait signe d’approcher. L’homme parle bas, de sorte que seule sa famille puisse l’entendre.

- Que l’on enferme les esclaves dans le praefurnium. Tous, sans exception.

Sa voix gronde comme une sentence : tous connaissent la menace de cette révolte servile et le nom de ce chef barbare qui se dit enfanté du feu même d’un volcan. Cette folie servile aurait-elle osé entrer jusque dans les thermes de Stabies ? Ses thermes ? L’œil sombre, le patriarche jete un regard à sa benjamine.

- Je pars chercher le legatus avec Pulchra. Vous quatre, mettez nos invités à l’abri. Séparez-les. Si le monstre est parmi eux, je refuse que sa folie puisse s’abattre sur tous. Ainsi, la plupart seront en sécurité. Que chacun emmène un groupe avec lui et l’enferme dans une pièce à l’écart des autres. Vous n’ouvrirez qu’à moi. Est-ce clair ?

Les Oppii acquiescent, aucun ne défie l’autorité du père. Face à de telles crises, c’est encore vers lui que l’on se tourne, et après un dernier regard entre frères et cousins, tous se séparent pour accomplir leur tâche.

₪ ₪ ₪

Le grand Scapula a parlé et aucune voix ne s’élève en faveur des esclaves qui observent l’horreur imprégner les thermes de Stabies avec la même impuissance que tous ces invités faits de sang romain. Immobiles, tétanisés par la macabre vision qui s’offre à eux, tous les serviteurs sentent les regards lourds d’accusations les fixer avec insistance. Les bruits courent depuis trop longtemps désormais pour que Pompéi ne les désigne pas comme des coupables parfaits, qu’importe les indices découverts. Le Fils de l’Etna approche, et la mort d’Ilithyia semble signer son entrée dans la cité. Alors que les suivantes, les gladiateurs, les cuisiniers et les serveurs sentent l’animosité imprégner les regards qui les observent, le monde se met à se mouvoir autour d’eux, et les Oppii se dispersent pour prendre chacun un groupe avec eux. Mais, lorsque les serviteurs cherchent à retrouver leurs maîtres, les citoyens employés aux thermes les repoussent, bientôt armés de lances apportées par les gardes. Sans ménagement, on fait descendre les champions des piédestaux : Antiope, Priam et Ulysse sont regroupés dans un recoin de la palestre avec tous les autres gladiateurs, bientôt rejoints par de nombreux serviteurs de la maison des Oppii et les esclaves personnels de tous les invités de la soirée. Malgré les protestations de certains maîtres, les ordres du patriarche ont été clairs : aucun esclave ne sera admis avec les citoyens et nulle exception ne sera tolérée.

Alors qu’elle crie à pleins poumons le nom de sa domina, Nasica ne peut lutter longtemps contre les bousculades qu’elle subit de la part des gardes et des employés, et sa maîtresse ne semble pas entendre ses appels, perdue dans la marée des Pompéiens qui fuient vers l’intérieur des bâtiments. Lorsqu’un garde la pousse avec davantage de violence, la jeune esclave perd l’équilibre et manque de chuter vers l’arrière. Mais une autre suivante, Themis, de la maison des Licinii, la rattrape de justesse et la convainc de suivre les ordres donnés, sous peine de subir de mauvais traitements que n’hésiteront certainement pas à leur asséner ces Romains. A force de cris et de menaces, on force la magnifique Philaé à enfermer son serpent dans sa boîte avant de rejoindre le reste des esclaves. Les gardes l’empoignent ainsi fermement par le bras et la jette violemment contre plusieurs de ses homologues qu’elle ne peut empêcher de bousculer. Les esclaves maîtrisant le latin protestent, négocient, tentent de nouer le moindre contact avec ces employés, mais tous leurs appels demeurent vains. Parmi eux, les plus effrayés pleurent déjà lorsqu’on les force à suivre les couloirs vers le praefurnium où se trouvent les chaudières desservant tous les bassins d’eau chaude et d’eau tiède. « Ils vont nous tuer ! » murmurent-ils d’une voix éraillée. « Ils vont tous nous éliminer. »

Alors que l’on ouvre les portes du praefurnium, les esclaves sont violemment jetés à l’intérieur. Amassés dans la chaleur étouffante de la pièce, certains laissent la panique prendre le dessus sur la tempérance et tentent de forcer le barrage qu’incarnent les gardes. Les hommes les repoussent difficilement alors que les plaintes deviennent des cris désespérés. Parmi elles, une voix de femme s’écrie à n’en plus pouvoir : « Je vous en supplie ! Laissez-moi sortir ! Je ne suis pas esclave ! Je suis Rufia, de la gens Claudia ! Ecoutez-moi ! Laissez-moi sortir ! » Mais quelle patricienne viendrait à une soirée aussi pauvrement vêtue ? Le garde reste sourd à ses appels et la jeune Claudia Rufia est enfermée comme tous les autres.

Lorsque l’écho assourdissant de la fermeture des portes s’évanouit, un lourd silence s’installe au milieu des chaudières et tous les esclaves observent la sortie barricadée impuissants, avec la peur tenace de ne plus jamais voir la voir s’ouvrir et d’être abandonnés ici jusqu’à ce que tous soient morts de faim, de chaud ou de fatigue. Les esclaves sont si nombreux qu’il est impossible pour tous de s’allonger sur le sol brûlant. Certains ici ne sont que des enfants, progéniture des travailleurs des thermes. Les pleurs se mêlent aux cris de rage et les propos se font coupants comme des lames de couteau, certains maudissant le fou venu assassiner un Romain sur leurs propres terres, d’autres bénissant le Fils de l’Etna dont ce meurtre ne peut signifier que l’arrivée tant attendue. Mais parmi tous ces esclaves enfermés, il est une âme qui demeure étonnamment silencieuse, recroquevillée dans un recoin près des chaudières. Claudia Rufia, enfermée ici à tort pour avoir trop voulu jouer le jeu des masques, se retrouve au milieu de ceux qu’elle soumet habituellement à ses volontés. Sera-t-elle capable de garder ce masque qu’elle s’est elle-même imposée ? Saura-t-elle se faire passer pour une âme servile au milieu de celles qui font vivre la cité chaque jour ? Un des esclaves enfermés avec elle aurait-il entendu ses cris désespérés cherchant à faire comprendre au garde sa terrible méprise ?

Le masque sera-t-il assez grandiose pour tromper ainsi maîtres et esclaves ?



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Mer 27 Mai - 1:20
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C'était comme une espèce de fin du monde. La panique régnait et je pouvais sentir mon coeur battre dans ma poitrine. Lucretia Ilithiya avait été tué. Qui était responsable de ce meurtre ? Cela ne pouvait pas être un hasard... le fils de l'Etna sans doute ? Un esclave rebelle ? Si cette femme avait été tué ici en pleine fête, c'était pour une bonne raison, semer le doute, la peur et la colère parmi les Pompeiens. 

C'était pourquoi ils nous avaient enfermés ici nous les esclaves. Ils avaient peur de nous à présent. Je soupirai. La panique m'avait prise aux tripes il y avait quelques instants avant que l'on nous enferme, je pouvais remercier Themis pour m'avoir raisonnée. Elle avait eu raison, nous ne pouvions rien faire, sous peine de recevoir quelques mauvais traitements. Nous étions confinés ici, il faisait horriblement chaud. Nous suffoquions sous la sueur et l'humidité qui régnait dans la pièce. Je passai une main sur mon front pour en retirer les gouttes de transpiration qui coulaient. Le bruit des portes se refermant avait retentit comme un glas, celui d'une attente interminable durant laquelle de nombreuses questions resteraient sans réponse. Certains pleuraient. Il se murmurait qu'on allait tous nous tuer, cela je ne pouvais pas le croire, ils ne nous auraient pas enfermés ici si c'était pour nous décimer ensuite. Ils avaient besoin de savoir... nous avions tous besoin de savoir. 

Je voulais m'asseoir pour prévenir d'éventuelles fatigues, mais nous étions trop serrés, j'allais devoir prendre mon mal en patience. J'observai ceux qui se trouvaient autour de moi, il y avait des gladiateurs parmi nous, des guerriers... Antiope, Priam, Ulysse... étrangement leur présence me rassurait. Peut-être parce qu'ils étaient un peu comme des héros surhumains pour moi. La danseuse est là, elle aussi, elle a été projeté violemment à l'intérieure... Mais c'était à prévoir, les Romains se méfiaient de nous et je ne pouvais pas les blâmer, l'une des leurs venait d'être assassiné. Mais moi ce qui m'effrayait c'était que l'assassin était quelque part, parmi nous ou parmi les autres. Je frissonnai malgré la chaleur. J'espérai qu'il ait eu le temps de partir, je ne tenais pas à me faire poignarder dans le dos alors que j'étais enfermée ici sans pouvoir tenter quoique ce soit. 

Mais cette pensée me quitta assez vite, parce que je n'étais pas seule. Je me devais de restée avec eux éveillée, lucide. Ce n'était pas le moment d'avoir peur. Je me tournai vers Themis me rendant compte que je ne l'avais pas remerciée de m'avoir rattrapée lorsque le garde m'avait poussée. 

"Merci, pour tout à l'heure"  fis-je "Tu avais raison, il ne servait à rien de protester. Nous sommes coincés ici, il ne nous reste plus qu'à attendre." 

L'attente c'était ce qu'il y avait de pire. Nous ne connaissions pas le sort que nous réservait les Romains, j'étais sûre que, eux même, ils ne savaient pas encore ce qu'ils allaient faire de nous. Pour le moment, leur priorité était la sécurité de l'Elite Pompéienne, pas les conditions de détentions des esclaves. Cet endroit était horrible, aussi chaud que le cratère d'un volcan. J'espérai que cela n'allait pas durer longtemps. 

"Tu penses que nous allons restés ici combien de temps ?" 

C'était une des questions que tous se posaient, mais la principale restait : qui avait fait cela ? Je n'avais pas vu le corps tomber, j'avais juste entendu les cris des autres et puis tout était allé si vite ! 

Je me demandai où était passé ma Domina, elle était sans doute dans une meilleure situation que la mienne et cela me rassurait. J'espérai que l'assassin serait vite attrapé... il faisait vraiment trop chaud ici et je pouvais sentir la peur prendre le dessus chez certains de nos confrères.

Je retirai mon masque, de toutes façons il ne me servait plus à rien et me donnait déjà chaud. Je ne pouvais pas enlever mes vêtements, mais je pouvais au moins retirer ce stupide bout de tissu. C'était à cause d'un homme ou d'une femme masqué(e) que nous étions ici confinés, serrés comme des harengs sur l'étalage d'un marché et si la panique s'emparait de l'un d'entre nous, cela pouvait vite virer au drame.
Arene
Sam 30 Mai - 17:38
Re: Intrigue ₪ Dans le praefurnium...   




Antiope
₪ Arrivée à Pompéi : 09/03/2015
₪ Ecrits : 157
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₪ Âge : 28 ans
₪ Fonction & Métier : Déesse de l'Arène

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₪ Citation: « Une action liée à la personne meurt avec elle. »
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₪ Côté Coeur: Objet de désir mais surement pas d'amour
Antiope
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Tout c’était passé si vite. Antiope de son côté n’avait même pas comprit ce qui était advenu. Elle s’était faite remarquer par Nemetoria Loreia Ovidia qui lui parlait, quand elles avaient entendu un cri. Ou plutôt un hurlement de terreur, digne de ceux de l’arène, quand un adversaire comprend qu’il ne pourra plus s’échapper et saisit toute l’horreur de sa situation. Il y avait eut du sang, mais la gladiatrice n’avait pas pu voir qui avait été touché. L’ambiance de la fête avait changée du tout au tout en quelques instants seulement. Le silence s’était fait dans la salle, et tout le monde n’avait plus porté attention qu’à l’endroit d’où provenait le cri. Sur le sol, un corps, celui de Lucretia Ilythia, la sœur de Lucretius, la sœur du laniste concurrent du maître d’Antiope. Qui avait bien pu…? Certes, les bruits de la révolte grondaient, mais elle ne pouvait pas déjà être à Pompéi, la ville était censée être saine, sinon cette fête n’aurait pas eue lieu, c’était impossible. Et pourtant… le port du masque avait bénéficié à quelqu’un et derrière l’un d’entre eux se cachait un assassin. Un lâche qui œuvrait à visage découvert, dans une foule compacte, et avait sans doute frappé par derrière.

Le moment de stupeur passé, la sentence n’avait pas trainée. Sur ordre du propriétaire des lieux, les gardes avaient poussé tous les esclaves – gladiateurs, ceux des thermes et ceux de particuliers – dans le praefurnium, cette espèce de four souterrain où était chauffée en permanence l’eau des thermes. La dernière chose que la gladiatrice avait entendue, était que les portes des thermes avaient été fermées, et que Pulchra avait été envoyé chercher. Antiope n’était pas rassurée. Non pas qu’elle avait peur pour sa vie, qui se serait attaquée à une esclave ? Mais c’était une Lucretii qui avait été tuée, et de là à mettre en cause la rivalité des deux maisons et de dire qu’un des gladiateurs avait exécuté la volonté de son maître, il n’y avait qu’un pas. De plus, mettre les gladiateurs des deux maisons en une même pièce, malgré la chaleur assommante, n’était guère une bonne idée, surtout quand on ajoutait la présence de toutes ces jeunes esclaves féminines enfermées à leurs côtés. Certains étaient privés de femmes depuis des semaines et leurs instincts les plus bas pouvaient refaire surface, bien que seuls les plus importants et donc les plus fidèles de chaque maison fussent présents.

Antiope observait du coin de l’œil Priam et Ulysse, les champions Lucretii. Inutile de dire qu’elle ne les portait pas dans son cœur et que le sentiment était réciproque. Profiter de la situation pour régler des comptes personnels n’était hélas pas exclu. Le « N » sur son bras et le « L » sur les leurs faisaient d’eux des ennemis naturels dans l’état de bête de foire où ils étaient réduits, dont le nom « champion » n’était qu’un habile déguisement. Antiope était pourtant trop intelligente pour chercher querelle aux Lucretii. Elle n’avait pas peur d’eux, mais elle savait qu’elle ne faisait pas le poids, et que la punition serait bien sévère de la part de leur maître à qui en venait aux mains en dehors de l’arène et de l’entrainement. De plus, sa tunique blanche n’était absolument pas faite pour le combat et la gênerait dans ses mouvements. Elle sentait pourtant ses frères s’échauffer l’esprit et des insultes fusaient déjà entre les deux maisons. La jeune femme aurait tout offert aux Dieux pour que Remus soit là, son frère d’arme savait comment tenir les hommes qui respectait le champion. Elle retint celui qui avait fait un pas en avant :

-Non ! Ca serait leur donner exactement ce qu’ils veulent ! Nous le regretterions tôt ou tard.

Il sembla hésité un instant, entre envoyer promener celle qui avait les faveurs de Dominus, ou obtempérer. Antiope resserra sa poigne autour du bras de son frère d’arme, mais c’était sans compter les provocations des Lucretii.
Lun 1 Juin - 21:47
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Invité
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Praefurnium
Intrigue


Un cri déchira l’effervescence des festivités, distillant un mouvement de panique chez la foule. Philaé ne comprenait pas mais se figea de torpeur, roulant ses onyx en direction de l’agitation soudaine et importune. L’appréhension lui remuait les tripes alors que dans un soupir, elle porta ses doigts à sa bouche. Quelqu’un était mort, alors qu’elle se tenait tout juste aux côtés de sa domina, essayant de rassurer ses justes inquiétudes. Une femme venait tout juste d’être assassinée tandis que tous riaient et se vautraient dans le faste, ignorant que Vengeance venait frapper à leur porte. Le silence horrifié traînait sur le visage masqué des convives. Personne n’osait dire mot, trop choqué par le crime venant à être commis. Mais même s’ils ne disaient rien, tous pensaient à la même chose. Le fils de l’Etna venait de frapper.
Le serpent sangla le bras de sa maîtresse, assez fort pour lui arracher une grimace douloureuse. Les animaux le flairaient bien, le sang et le danger. Le patriarche de la famille Oppii s’avança vers le corps sans vie de la femme reposant dans un bain écarlate et les souffles se suspendirent au gré de l’anxiété. Ce qui allait arriver, Philaé en avait le pressentiment. Comment les esclaves pourraient-ils être à l’abri alors qu’ils étaient la cible parfaite pour le méfait accompli ? Remuée par l’angoisse, l’exotique courtisane coula un regard vers Julia Felix, cherchant à deviner les inquiétudes qui lui étaient propres. «
Domina... » Murmurait-elle avec effroi en constatant les regards pleins d’animosité et de méfiance adressés aux esclaves dont elle faisait partie. Saboulée par quelques gardes, l’égyptienne se fit entraîner vers l’arrière et forcée à remettre le reptile dans son panier. « Je vous en prie... » Protesta-t-elle vainement. L’un des hommes l’attrapa par le bras pour lui intimer de rejoindre ses semblables. Malmenée par les corps affolés et les vives protestations, Philaé se laissa porter par le flot humain que l’on conduisit jusqu’au praefurnium. Ils furent dès lors jetés dans cette salle à la moiteur étouffante et les énormes portes se refermèrent sur eux sans davantage d’explications. « Par Isis... » L’égyptienne arracha son masque pour le laisser choir avec désarroi. Que comptaient-ils faire d’eux ? Les laisser mourir en attendant de dévoiler le coupable ? Parmi les visages découverts, quelques uns lui semblaient familiers mais toute verve l’avait quitté avec la violence qui les avait scellé dans cet endroit. La chaleur semblait l’écraser et sa respiration était chaotique. Elle se laissa couler contre un mur et prit sa tête entre ses mains, au moins le temps de retrouver le contrôle sur son corps fébrile. Autour d’elle, les voix maudissaient ou acclamaient. Le chaos ambiant s’ajoutait à l’atmosphère pesante qui essuyait les tensions omniprésentes. Elle empoigna le tissu fin de sa tunique pour éponger sa sueur et jeta un regard en direction des carrures musculeuses des gladiateurs. La femme qui se trouvait parmi eux faisait partie du ludus où combattait son frère. Elle était impressionnante et intrigante, surtout dans sa manière de tenir tête aux hommes. Philaé se redressa d’un bond, cherchant des yeux Seth parmi les champions. Elle ne l’avait pas vu de la soirée et redoutait qu’il ne fasse pas partie du convoi destiné à ravir les convives. Poings serrés, elle dut se résoudre à s’asseoir après quelques pas, myriade d’étoiles mouchetant son champ de vision. Le glas claironnant de leur liberté sonnait en réalité l'ébauche de leur perte.        



Dernière édition par Philaé le Mer 1 Juil - 23:25, édité 1 fois
Arene
Lun 8 Juin - 22:36
Re: Intrigue ₪ Dans le praefurnium...   




Ulysse
₪ Arrivée à Pompéi : 02/05/2013
₪ Ecrits : 787
₪ Sesterces : 1
₪ Âge : 25 ans
₪ Fonction & Métier : Rétiaire chez Lucretius

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₪ Citation: La dignité une fois perdue ne se récupère jamais.
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Tout va bien, merci.
Ulysse
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Ses ongles s’enfoncent dans ma chair. Je sens sa peur. C’est comme un silence. Un silence à la puissance de la foudre de Jupiter. Une foudre qui parcoure mon corps. Instinctivement je porte une main protectrice sur sa main tremblante. Je ne sais pas à quoi je pense, il me faut juste la protéger et mon bras s’enroule autour de son buste. Derrière moi, elle ne craint rien. Mais voilà, il n’y a plus rien à craindre. Il n’y a qu’une vérité sanglante. Ma domina est morte. Je ne peux pas la reconnaître de là où je me tiens, seul son nom onde sur les lèvres terrifiées. Son oncle appelle son sang, elle va m’échapper. Elle va m’échapper et ne plus me revenir. Mes phalanges parcourent sa peau et s’empare dans un dernier élan de son coude ; « je ne te laisserai plus. Cicurina... » Oui, mais je suis un esclave. Je n’ai plus ma place à ses côtés et des bras haineux m’arrachent de son souffle. Je ne te laisserai plus. Je suis poussé dans le praefurnium. Les portes se ferment. Chaleur étouffante.

Une plébéienne est morte. Une domina a été assassinée. Ma domina. Quel malheur frappe la maison de Lucretius! Qui était le criminel? Surtout, qui seraient les coupables? Enfermé comme un meurtrier, jamais je n’avais été au plus proche de ma condition d’esclave. Ma liberté m’avait été arrachée il y a des mois voire des années si l’on accorde à Fortune le choix tracé du temps, mais mon honneur et ma fierté venaient de m’être volées, arrachées au fer rouge. Il me faut quelques instants avant que mon regard ne s’acclimate à l’obscurité. Etait-ce la même chose pour elle sur les rives de la mort? De quel sort devrions nous payer pour cette mort? Je n’avais jamais porté la soeur dans mon coeur et tout le monde le savait. J’avais fait un plaisir personnel à lui dire ses quatre vérités… De quoi m’accuserait-on? Je détache mon masque, ici on avait tous le même visage. Aucun d’entre nous ne serait épargné par la calomnie… Et puis je la vois, frêle parmi les autres. Sa tunique de courtisane sur son visage transpirant. Au pied d’un mur, la tête entre ses mains, emprise de la chaleur qui émane des hypocausis, elle frémit. « Philaé accroupis, je lui relève son menton, regarde-moi. Tout va s’arranger. Tu ne seras pas inquiétée, ils t’ont tous vus… charmeuse de serpent. » Je tente un sourire faible et serre sa main. Je ne voulais pas la voir en proie à l’angoisse de ses sens. Je prends le bout de sa stola et éponge son front avec piété.

Je suis toujours en train de la rassurer quand j’entends derrière moi la voix criarde de la pute de Naevi. Antiope. La reine déchue. La plus barbare d’entre toutes. Une aberration. Sans lâcher la main de l’Egyptienne, la seule lumière dans cette pièce, je rétorque ; « fais-le. Fais-le, nous serons plus vite libérés. Je ne le regretterai pas moi. » Que Remus se révolte s’il le souhaitait, je n’avais cure qu’il se fasse tuer de la plus sotte des manières. J’étais au courant des réunions secrètes qui se propageaient en ville. La majorité était coupable de la mort de la soeur de mon dominus. Ils avaient tant souhaiter la mort leurs maîtres, une mort accomplit et aucun n’avait la force de jeter le masque. Je ne suis qu’un esclave parmi les autres. Sans lâcher Philaé je regarde autour de moi. Je n’étais jamais venu dans ces pièces serviles, mais si il y en avait un parmi eux qui était familier aux thermes : c’était bien moi. Il suffisait de se souvenir de Vitruve… « Reste au sol, l’air y est plus frais. Je te protégerai. »



Je me relève ; « il faut qu’on cesse d’alimenter les fourneaux. Regardez autour de vous, il doit y avoir des bassins, il faut éteindre la source de chaleur qui les chauffe. » Il y avait trop de silhouettes qui cachaient ma vision, les bassins ne m’apparaissaient pas. Mais la pièce n’était pas bien grande, l’un d’entre eux devait être à côté… Alors je ferme les yeux et seulement je prends le temps de penser au corps d’Ilythia. On s’était attaqué à ma famille, à notre famille. Je n’étais pas le seul gladiateur de la maison Lucretius dans cette pièce. On s’était attaqué contre notre dignité, notre mérite, terreuse gloire. Gloire sanguine. Je croise le regard de Priam et mes mots sont silencieux. J’espérais ardemment qu’il n’ait rien à faire avec cette histoire, ni de près, ni de loin. Qu’il soit clair que ce ne soit pas de l’amitié, ni de l’intérêt, mais … nous étions de la même maison. Nous avions prêté le même serment au même homme. Nos vies étaient enchaînées aux mêmes chaînes, aux mêmes peurs, peut-être, peut-être que nous étions des frères. Des frères ennemis, des titans, mais des frères ; « demain les poètes feront de cet événement tragédie. J’espère que tu seras toujours là pour les lire… ». Oui, j’espérais qu’il n'ait rien à voir dans cette histoire, mais tout le monde était digne d’être soupçonné. J’espérais qu’il soit vierge de tout soupçon, mais j’espérais surtout que je sois toujours là quand l’aurore percerait l’horizon. Ma seule échappatoire était une femme qui ne pouvait me venir en aide sans compromettre sa réputation. Ma mâchoire grince, nous étions fait comme des rats.
Patricien
Lun 22 Juin - 2:21
Re: Intrigue ₪ Dans le praefurnium...   




Claudia Rufia
₪ Arrivée à Pompéi : 26/09/2013
₪ Ecrits : 761
₪ Sesterces : 59
₪ Âge : 19 ans
₪ Fonction & Métier : Patricienne de la maison Claudii, et future épouse de Marcus Pompeius

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₪ Citation: Sic iutr ad astra
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Claudia Rufia
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En une seule seconde. En une seule seconde, très probablement, tout bascula. L'ambiance, les festivités, le cours des évènements, surtout. Une seule et unique seconde. C'était très probablement ce qu'il avait fallu pour qu'une âme passe de vie à trépas et s'en aille rejoindre les rives du Styx, dans l'espoir d'accéder, sans nul doute, aux Champs Élysées. Une seule et unique seconde, et tout prit un tournant dramatique. Si Diona perçut sans nul doute immédiatement le danger, Rufia, elle, resta quelque peu interdite, bien trop habituée à ce que l'on n'ose rien contre sa personne. Et pourtant, sans ménagement, on la classa parmi le flux massif et numériquement supérieur des esclaves, preuve s'il en fallait réellement une que l'apparence physique faisait tout : vous étiez ce que vous paraissiez physiquement être, du moins, dans le premier regard, et le premier jugement qui en découlait. Elle avait beau se débattre, une fois qu'elle eut réalisée quel sort on allait lui réserver, rien n'y faisait. S'époumoner ne rimait sans doute à rien, mais elle insista quand même. Pour que l'on ne dise pas qu'une Claudia s'était laissée faire sans protester ? Non, plutôt parce que cela tenait de sa nature profonde que de se refuser à tout acte imposé contre sa volonté, quelque chose comme ça.

Il fait chaud, si chaud, et Rufia est bien seule. Elle a beau chercher du regard, elle ne retrouve ni Ystos ni Donia. Si cette dernière a sans nul doute rejoins les patriciennes, place que Rufia aurait dû occuper en temps normal, le premier, lui, était peut-être parvenu à s'enfuir juste avant la mise à l'isolement de tous les convives, selon leur rang et leur statut social. Ou bien il était là, quelque part, mais au milieu de cette masse condensée et serrée si finement, dans ce praefurnium rapidement devenu succursale des foyers calcinant du Tartare, il était bien impossible à Rufia de le retrouver. Peut-être aussi avait-elle peur, sans réellement oser se l'avouer. Ici, elle n'était pas dans son monde. Esclave, elle ne l'avait jamais été, et n'avait jamais songé un jour pouvoir le devenir, aussi ouvert et moderne que puisse être son esprit. Elle ne craignait pas le jugement que les esclaves de sa domus portaient sur elle, en temps normal, car elle était juste et respectueuse, du moins, autant qu'elle pouvait l'être en restant convenable et digne de son rang. Mais eux, eux tous, tous autant qu'ils étaient, elle ne les connaissait pas, et n'était pas suffisamment naïve pour penser que tous les maîtres étaient comme elle. Sans doute ces esclaves auraient-ils tôt fait de la juger, et de la classer comme bouc émissaire, à leur portée, sous leurs mains, alors même qu'on les parquait ici comme des bêtes, et qu'il fallait bien expier sa colère d'une façon ou d'une autre. Et puis ... Rufia n'avait absolument nulle certitude concernant la présence ou non de l'assassin, ici, dans ce même praefurnium. Et s'il l'avait entendue ? Et s'il s'en prenait à elle, maintenant qu'elle était la seule personne libre ? Qui s'insurgerait contre cela ? Qui s'élèverait pour la défendre, elle qui n'avait que si peu de choses en commun avec eux, si ce n'était d'être sujette des dieux, et de respirer tout comme eux le faisait ?

Elle avait chaud, si chaud ... Les lieux et la surpopulation ne faisaient rien pour arranger les choses, alors qu'elle broyait, d'une main, ce masque qui avait été le sien, dans un poing qui commençait à être collant, alors que la sueur et la chaleur humidifiaient quelque peu ses cheveux. Elle le savait, sa teinture n'était destinée à ne tenir qu'une nuit, pour la soirée, et pas plus, disparaissant facilement en prenant un bain. Tôt ou tard, l'humidité ferait ruisseler les colorants, et sa chevelure rousse reprendrait le dessus. Peut-être cela l'aiderait-il à confirmer la véracité de ses allégations précédentes, en corroborant la pertinence de son cognomen. Peut-être cela l'identifierait plus facilement. Mais la pièce avait deux revers, et la patricienne jouait gros. Prisonnière de sa situation, elle sentait certains esprits s'échauffer, la faisant d'autant plus se recroqueviller sur elle-même. Disparaître. Quitter ces lieux. Quelque chose ... Que quelque chose arrive ... Qu'on vienne la sauver. Et si Diona intercédait en sa faveur, auprès des patriciens, réfugiés dans une autre pièce ? Mais qui la croirait ? Et surtout, qui accepterait de ne pas utiliser cette mésaventure pour atteindre l'honneur des Claudii, et, par ricochets, celui des Pompeii ? ... Tout ceci n'était qu'un mauvais rêve, n'est-ce pas ? Les dieux se jouaient d'elle, pour la tester ?
Esclave
Lun 22 Juin - 14:39
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Themis
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C'était ma toute première soirée en compagnie des hauts rangs de cette ville. Je n'attirais pas l'attention et cela me convenait. Tout aurait pu se passer convenablement s'il n'y avait pas eu la stupidité d'un homme pour rompre le charme de la soirée. Car oui, j'étais persuadée qu'un homme était à l'origine de toute cette mascarade, et encore plus, un homme assez idiot pour penser s'en sortir alors qu'une patricienne avait été assassinée. Il devait certainement s'agir d'un esclave car nos maitres étaient certainement les seuls à ne pas s'être rendus compte de cette voix grondant peu à peu et prenant place au cime des arbres.

Nous jetant par delà les marches pour atterrir dans un endroit plus que déplorable, je ne pus m'empêcher de retenir Nasica pour la calmer. Avec ce qui venait de se passer, il n'était pas de bon ton d'attiser la curiosité, même pour tenter de se défendre et se justifier. Je m'apprêtais à présent à prier les Dieux lorsque j'entendis cette même esclave tenter de me parler. Croyait-elle que pour l'avoir sauvé je devais tout autant subir ses jérémiades ? Ne pouvais-je pas vivre mes dernières minutes en paix ?

" Nous ne sortirons pas d'ici, mieux vaut t'y préparer. Crois-tu qu'ils vont trouver un coupable sans en profiter pour éliminer des esclaves ? "

Dis-je tandis que mes yeux venaient de se rouvrir pour constater qu'hormis certains esclaves sans importance qui me collaient, je me trouvais en compagnie de certaines personnes plutôt " importantes " pour la ville.

Reprenant alors mon souffle, je ne pus m'empêcher de sourire en voyant une tête connue. Claudia Rufia ... Si notre heure était venue, j'étais alors ravie de constater que la pire ennemie de ma domina partagerait ma peine. Des esclaves mais pas seulement, une patricienne et des Dieux de l'arène, quel retournement inattendu. Les Dieux avaient certainement une raison pour m'infliger cela.
Arene
Mar 30 Juin - 8:47
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Peu de fois dans ma vie de servitude m’étais-je trouvé dans cette situation de devoir avancer sous la menace d’une arme. J’obtempère mais mon humeur se noircit face à ces manières. Ca en est trop lorsque l’on me pousse sans ménagement à l’intérieur de la pièce sombre et moite où je rechigne à entrer.
La porte se claque derrière nous et je devine le glissement froid d’une barre de métal que l’on vient caler pour servir de verrou de fortune. La fierté des gladiateurs est chatouilleuse et la mienne plus encore. D’un geste de colère non maîtrisé, viscéral, mon poing s’abat sur le bois humide de la porte, la faisant trembler sur ses charnières.

-Putain de fils de chiennes !

Cette débauche de mots fleuris pourrait suffire à apaiser la fureur de mon âme, si mon poing vengeur n’était pas désormais aussi cuisant. La douleur me fait passer l’envie de m’acharner et je tourne les talons à contre-cœur, l’œil noir, non sans avoir craché sur cette vile porte close. Jamais je n’ai laissé échapper aussi ouvertement et sans la moindre retenue, mon mépris des Romains. Leurs manières à notre égard m’est intolérable : ils nous ont vu juché sur des podiums toute la soirée, les esclaves comme de coutume aux soins de leurs maîtres, mais notre servitude est à elle-seule une marque d’infamie, susceptible de nous rendre coupable et de nous condamner, et ce que d’autres tolèrent par soumission et fatalisme m’indigne et me révolte.
Une fois les battements de mon cœur quelque peu tempérés et ma raison revenue, j’ai le sentiment d’avoir été trop loin et l’esclave en moi n’est pas suffisamment rebelle pour ne pas craindre les conséquences de ces actes. Je ne peux réprimer un coup d’oeil inquiet vers la porte que je crains de voir s’ouvrir pour m’emmener ou me faire battre. Elle reste pourtant obstinément close et je respire mieux.

Pendant que mon esprit s’apaise, ceux de mes frères et des Naevii s’échauffent. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on met des fauves de différentes espèces en cage ? L’Amazone de Naevius, Antiope, que je n’ai que peu eu l’occasion de côtoyer mais dont je sais le tranchant de la langue tente de raisonner ses frères. C’est pourtant sans compter sur Ultor, un de nos Thraces, pour pousser la provocation jusqu’au bout, l’accompagnant d’un geste peu équivoque, provoquant les rires de notre assemblée :

- Moi je veux bien que tu me donnes ce que je veux, ma jolie !

Ultor a des manières brusques et rustres mais pour être à sa table quotidiennement, je le connais d’autres qualités et notamment celle de l’humour. Son trait m’arrache un sourire. La provocation d’Ulysse raisonne à son tour et à dire le vrai, si une confrontation devrait éclater je ne serais pas tout à fait contre : j’ai bien trop de rage contenue en moi qui ne demande qu’à se déchaîner. Et ces chacals de Naevius sont bien là pour ça non ?

Et puis, au milieu de tous ces esprits échauffés, Ulysse semble –une fois n’est pas coutume- émettre la proposition la plus censée.

Ulysse : « Il faut qu’on cesse d’alimenter les fourneaux. Regardez autour de vous, il doit y avoir des bassins, il faut éteindre la source de chaleur qui les chauffe. »

Il est vrai que la moiteur dégagée par les bains est étouffante et moi que le manque de lumière, d’ouverture et d’air oppresse vite, je ne me sens plus réfléchir clairement. Je l’attire avec moi pour que nous trouvions ensemble le moyen de couper cette fournaise, ou à défaut de trouver une source d’air frais mais il interrompt mon geste d’un regard lourd de sens :

Ulysse : « Demain les poètes feront de cet événement tragédie. J’espère que tu seras toujours là pour les lire… »

Un instant, mon regard se perd dans le vague, tandis que je songe à ce que je n’ai encore pu voir de mes yeux : la mort de notre domina. L’incompréhension domine mes pensées, l’incrédulité aussi. Je ne parviens pas à imaginer Lucretia Ilithyia gisant, froide, les yeux privés de vie, sa bouche pour toujours muette d’une quelconque folie ou caprice.
Finalement, je retrouve le regard suspicieux d’Ulysse. Il est et restera Romain, nous considérant tous comme des êtres inférieurs, malgré le fait qu’il soit lui-aussi traité en chien par ses pairs. Je le repousse sans ménagement, outré du doute que je peux saisir dans son regard et dans ses paroles :

-Ta gueule et aide-moi…

Ma priorité -et la sienne pour le moment- est de faire cesser cette chaleur digne des Enfers. Tandis que nous avançons, la vue rendue courte par les vapeurs d’eau qui s’échappent des bains, la plante de mes pieds nus rencontre une grille dans le sol marbré. Je me penche pour mieux observer le système en sous-sol. Il semble y avoir une surélévation du sol, au moins à cet endroit-là, et une source de lumière diffuse et chaude en provient. Après avoir éprouvé seul la résistance de la grille, impossible à désolidariser du sol tout seul ou même à deux avec Ulysse, je fais un signe aux autres gladiateurs :

-Venez ! Par là ! Il y a un passage sous la grille, mais c’est trop étroit pour aucun d’entre nous. Il nous faut des volontaires plus menus…

Naturellement, mon regard se porte vers les femmes de l’assistance. Nous pouvons bien jouer de nos muscles entraînés mais sans le cœur vaillant de quelques unes d’entre elles, prêtes à s’aventurer vers l’inconnu, il en sera fini de nous avant le petit matin.
Ven 3 Juil - 10:14
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Praefurnium
Intrigue


Philaé était bouleversée, comme tant d’autres auprès d’elle. Ce qu’elle redoutait tant était arrivé. Liberté oui, mais à quel prix ? La crainte était visible sur les visages effarés. Quant à ceux qui avaient offerts leur ferveur au fils de l’Etna, ils jubilaient sans savoir s’ils parviendraient à se sortir de ce piège à rats. L’Egyptienne essayait de se recentrer sur son cas. Les images de la plébéienne étendue dans une mare de sang ne cessait d’envahir ses pensées, lui rappelant ainsi la fragilité de leur existence en ce bas monde. La voix d’Ulysse lui arracha un sursaut d’effroi avant qu’elle ne redresse le minois pour le détailler avec soulagement. « Ulysse... » Il essaya de la rassurer de son timbre bas, l’homme, qui étrangement, s’était toujours porté garant de sa sécurité. Le gladiateur était un ami cher à ses yeux, bien qu’elle connaisse les animosités viscérales entre les Naevi et les Lucretii en matière de ludus. Adjib ne lui aurait sûrement pas pardonné de le voir traîner avec telle compagnie mais il y avait beaucoup de choses qui aveuglaient son frère - surtout ici à Pompéi. La donzelle put sourire face aux quelques mots de réconfort qu’il lui offrit puis se perdit un instant dans les callots du gladiateur avec gravité. « Je suis navrée pour ta domina, Ulysse. » Tandis qu’il lui serrait la main, elle la pressa d’autant plus pour lui signifier son soutien. Elle déglutit difficilement, muée par l’angoisse puis afficha un triste sourire lorsqu’Ulysse lui épongea le visage. « Les gens vont devenir fous. » C’était bien cela qui l’effrayait en fin de compte. Ainsi cloîtrés de force dans ce huis clos, les choses ne pouvaient qu’empirer. Antiope essaya tant bien que mal de calmer ses pairs qui lorgnaient les Lucretii avec dédain et Ulysse rétorqua sèchement à la remarque de cette dernière. Lèvres closes, Philaé observa la gladiatrice avant de secouer la tête avec résignation. « Il est inutile de s’échauffer de la sorte. Une tuerie d’esclaves, ce serait leur mâcher le boulot. » Calmer les ardeurs de chacun allait probablement être chose difficile. Dans un examen rapide, Ulysse l’informa qu’il valait mieux rester allongé au sol pour échapper à la moiteur étouffante de l’air. Alors qu’il se redressait pour prendre les choses en main, la belle lui attrapa le bras pour le retenir. « Non... Je veux aider. Je ne veux pas rester là, meurtrie par l’angoisse. » N’attendant pas même l’approbation de son comparse, Philaé se redressa à sa suite pour observer les alentours bondés de monde. Il devait y avoir moyen d’arrêter les fourneaux qui diffusaient cette chaleur - peut-être même pourraient-ils trouvés un moyen de s’échapper d’ici ? Mais pour quoi ? Pour être traqués par la suite par les patriciens en désir de vengeance ? Tout ça semblait insensé. Ulysse et son comparse se mirent à chercher une solution et Philaé croisa ses bras contre sa poitrine pour les guetter avec circonspection. Elle redoutait que les deux ludus en viennent aux mains, ce qui n’arrangerait sûrement rien à leur situation.

-Venez ! Par là ! Il y a un passage sous la grille, mais c’est trop étroit pour aucun d’entre nous. Il nous faut des volontaires plus menus… Philaé comprit bien vite de quoi il s’agissait. Elle s’avança, nouant sa chevelure de jais sur le sommet de son crâne pour s’épargner de suffoquer de chaleur. «
Je peux essayer... » Elle ne voulait pas rester impuissante face au sort qui leur était réservé. Calmer les tensions, trouver des solutions - elle ne voulait pas dépérir dans cet endroit, tout comme la majorité d’entre eux. D’un geste lent, l’Egyptienne se débarrassa des quelques tissus en trop qui pouvaient gêner ses mouvements. Elle était petite et fine, bien assez pour avoir accès à ce conduit étriqué. La seule angoisse qui venait à lui nouer la gorge était de se retrouver coincée dans quelconque machinerie.
Esclave
Ven 3 Juil - 20:35
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Themis
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La bouche close, je regardais la façon de réagir des esclaves présents tout autour de moi. Certains pleuraient, d'autres hurlaient, tandis que d'autres sentaient la fin venir. Deux choix s'offraient à moi. Soit je continuais de prier les Dieux dans l'espoir qu'ils viennent me chercher ou me libérer, soit je prenais les choses en main pour sortir de cette situation. Peut-être était-ce un message de ces mêmes Dieux qui voulaient voir la façon dont les esclaves peuvent se réunir face à la souffrance ?

Voyant ainsi les gladiateurs tenter d'ouvrir l'endroit où la chaleur était diffuse, puis une autre esclave tenter de rentrer dans l'espace confiné, je ne pus m'empêcher de souffler.

" Bon ... que les Dieux en soient témoins ... "

Dis-je avant de m'approcher de la scène. quelques grognements pour me laisser passer, voir même quelques insultes mais qu'importe, si nous arrivons à éteindre cette chaleur, j'aurai tout le temps de riposter. Arrivant finalement aux abords du conduit, je retirai à mon tour les quelques vêtements m'empêchant de bouger à mon aise que je déposai sur l'épaule de Priam en esquissant un sourire :

" Merci ... "

Puis, arrivant non loin de Philae, je lui annonçai distinctement :

" Ne t'inquiète pas,, prends ton temps, je suis là si tu as besoin ... "

Moi gentille ? Une première ... D'un autre coté, j'avais la réelle impression que sans celle-ci, ces longues heures à attendre notre liberté seraient invivables.
Arene
Jeu 9 Juil - 11:43
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Antiope
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La chaleur de la pièce ne faisait que renforcer l’animosité ambiante. Rien ne semblait réel et pourtant ils étaient là, tous les esclaves, hommes et femmes, gladiateurs et courtisanes, enfermés ensembles. Antiope se demanda, cynique, un instant si les romains ne venaient pas de trouver un nouveau type de jeu. Ils tenaient là un concept, à n’en pas douter. Heureusement ils semblaient bien trop occupé par ce meurtre pour y faire attention. La tension autour d’eux ne faisait que s’épaissir, et ils auraient pu la couper au couteau. N’était-ce pas le moment de régler ses comptes avec les gladiateurs adverses, ceux avec qui il y avait des tensions ? Ca aurait été trop facile et la gladiatrice savait bien qu’une fois la porte rouverte – si elle se rouvrait un jour – les conséquences seraient dramatiques pour eux. Les portes pourtant devaient se rouvrir. Dominus, jamais ne les aurait laissés là, ils avaient coûtés trop cher à l’ambitieux laniste. Un bref instant, elle se prit à espérer qu’il ne la laisserait pas, elle, pourrir dans cet endroit, mais cela ne fut que fugitif. Très vite, la gladiatrice fut rappelée à la réalité, tentant d’empêcher un drame en retenant l’un de ses frères. Pourtant, les gladiateurs lucretii semblaient avoir décidé de faire preuve d’un peu d’humour – mais mal placé, comme eux.

-Moi je veux bien que tu me donnes ce que je veux, ma jolie !


Antiope lui jeta un regard qui aurait sans doute réussit à lui-seul à rafraichir l’atmosphère. Ses yeux noirs se fichèrent un instant dans ceux de l’impudent, avant de descendre lentement au niveau de ses parties :

-C’est plutôt de ce que je vais te prendre que tu devrais t’inquiéter.


Et d’être suivit rapidement par un éclat de rire des gladiateurs Naevii. A l’instant il n’y avait plus de rivalité et plus de rumeurs. Trouvez un ennemi commun et les pires ennemis réussiront à s’allier.

-Fais-le. Fais-le, nous serons plus vite libérés. Je ne le regretterai pas moi, s’exclama Ulysse, qu’Antiope avait ignoré jusque-là.

A croire que le gladiateur connaissait mal les romains. Pourtant, on le disait de leur race. Il était inutile de rentrer dans leur jeu, continuer à alimenter la haine entre les deux maisons.

-Il est inutile de s’échauffer de la sorte. Une tuerie d’esclaves, ce serait leur mâcher le boulot, tenta Thémis.

Antiope hocha la tête dans sa direction en signe d’agrément. N’était-ce pas ironique ? Plutôt que de s’unir pour prouver qu’ils n’y étaient pour rien, les gladiateurs, jouets des Romains, continuaient à se japper au nez. Antiope laissait échapper un soupir agacé. Priam, de son côté, semblait avoir décidé de ne pas s’abaisser au niveau du commun des esclaves et semblait fort occupé à trouver une solution pour rafraichir l’atmosphère. C’était bien la seule chose intelligente à faire, mais pour cela, il fallait apaiser les tensions qui ne semblaient pas décidées à s’éteindre elles non plus. Il attira Ulysse pour qu’il l’aide à éteindre les sources de chaleur.

-Venez ! Par là ! Il y a un passage sous la grille, mais c’est trop étroit pour aucun d’entre nous. Il nous faut des volontaires plus menus…

Antiope jeta un bref coup d’œil, maudissant la tunique précieuse qu’elle portait et qui l’entravait dans ses mouvements. Elle aurait pu se porter volontaire, mais elle savait qu’à peine partie, il n’y aurait plus personne pour retenir les quelques gladiateurs Naevii conviés à cette fête qui venait de tourner au désastre.

-Je peux essayer... proposa Thémis.

Antiope regarda la frêle courtisane. Qui savait sur quoi la jeune femme allait pouvoir tomber dans ce passage oublié de tous ? Elle jeta un bref regard à ses frères. La perspective d’une sortie possible semblait les avoir calmés. Et au diable s’ils s’entretuaient, au pire, elle aurait essayé.

-Je t’accompagne, on ne sait jamais ce que tu peux y trouver. Et nous ne serons pas trop de deux pour éteindre les fourneaux si nous y parvenons.

Il serait toujours temps de s’entretuer après coup, songea la gladiatrice à part elle.
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