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 Intrigue ₪ Dans l'Apodyterium...



POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Thermes de Stabies
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Venus
Dim 24 Mai - 15:32
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Venus Pompeiana
₪ Arrivée à Pompéi : 20/08/2012
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Venus Pompeiana
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Apodyterium

Cicurina, Stephanus, Genius, Ovidia & Ahenobarbus


L
es murmures s’élèvent entre les colonnades de la palestre autour de la natatio, bafouant le silence d’un deuil dessiné de la lame d’un couteau. Les derniers cris déchirent encore la nuit noire qui imprègne de son ombre glaciale les thermes de Stabies. Les regards fixent impuissants l’eau du bassin s’empourprer, admirant l’inéluctable : la sœur du laniste est morte.

Lucretia Ilithyia n’est plus.

Bientôt, un homme s’approche et tous s’écartent. Même les grands patriciens s’effacent lorsque s’avance le patriarche. Le vieux Scapula ne s’arrête qu’une fois face à l’horreur, à l’ignominie la plus infâme venue s’immiscer jusque dans sa maison. Sur son dos voûté semble peser tout le poids de la vieillesse, alors que ses mains blanches tremblent dans son dos, plus encore qu’à l’accoutumée. Lentement, les Pompéiens se taisent. Chacun attend les ordres du pater familias. Et Scapula regarde la pauvre Ilithyia en silence, comme s’il formulait une prière.

Soudain, sa voix rauque appelle ses fils et ses quatre enfants le rejoignent, légèrement hésitants. Ses yeux bleus parcourent l’assistance jusqu’à croiser le regard de sa nièce, Cicurina, à laquelle il fait signe d’approcher. L’homme parle bas, de sorte que seule sa famille puisse l’entendre.

- Que l’on enferme les esclaves dans le praefurnium. Tous, sans exception.

Sa voix gronde comme une sentence : tous connaissent la menace de cette révolte servile et le nom de ce chef barbare qui se dit enfanté du feu même d’un volcan. Cette folie servile aurait-elle osé entrer jusque dans les thermes de Stabies ? Ses thermes ? L’œil sombre, le patriarche jete un regard à sa benjamine.

- Je pars chercher le legatus avec Pulchra. Vous quatre, mettez nos invités à l’abri. Séparez-les. Si le monstre est parmi eux, je refuse que sa folie puisse s’abattre sur tous. Ainsi, la plupart seront en sécurité. Que chacun emmène un groupe avec lui et l’enferme dans une pièce à l’écart des autres. Vous n’ouvrirez qu’à moi. Est-ce clair ?

Les Oppii acquiescent, aucun ne défie l’autorité du père. Face à de telles crises, c’est encore vers lui que l’on se tourne, et après un dernier regard entre frères et cousins, tous se séparent pour accomplir leur tâche.

₪ ₪ ₪

Le sang apporte avec lui les responsabilité d’une gens, même lorsque seule sa mère porte le praeomen « Oppia ». La jeune Cicurina ne devait que profiter de la fête organisée par ses cousins, mais Scapula a parlé et la nièce ne peut décevoir son oncle. Après tout, ces thermes sont également sa maison et tous les regards qui se posent sur elle lorsqu’elle s’approche la considèrent comme une membre à part entière du clan des Oppii, même si ses origines l’empêchent d’en porter directement le nom. Ainsi exposée face à tous leurs estimables convives, Vettia Valeria Cicurina est impressionnée un instant mais combat ses craintes pour parler d’une voix qu’elle veut ferme et sans faille : tous doivent la suivre jusqu’à l’apodyterium, les vestiaires, où ils s’y enfermeront, en sécurité, jusqu’au retour de Scapula et l’arrivée du legatus. Le cœur battant mais le pied sûr, la jeune Cicurina ouvre alors la voie et tout un groupe d’invités la suit avec empressement.

Parmi eux, il en est un qui n’hésite pas et emboite parmi les premiers le pas assuré de sa nièce : Aulus Vettius Stephanus refuse de s’éloigner d’elle dans pareil instant et l’accompagne donc jusqu’à l’apodyterium, bientôt suivi de Gaius Calius Genius, avec qui il conversait juste avant que n’intervienne l’horreur, et qui parvient à rester à sa hauteur malgré les bousculades qu’il subit de tout côté. Dans la cohue, on avance, on trébuche et on joue des coudes, grappillant çà et là quelques secondes d’avance sur son voisin qui apparaissent alors étonnamment salvatrices. Mais la violence se fait parfois plus prégnante et certains chutent au milieu des hommes devenus pauvres créatures apeurées. Alors qu’un imprudent marche sur sa riche stola, Nemetoria Loreia Ovidia tombe brutalement au sol et ne parvient pas à se relever malgré ses plaintes qui ne semblent trouver que des oreilles sourdes. Dans l’indifférence générale, les doigts de sa main droite sont piétinés par un invité qui ne semble même pas remarquer son cri étouffé au milieu des bruits précipités des sandales qui martèlent le marbre des thermes. Recroquevillée sur elle-même, Ovidia demeure ainsi plusieurs longues secondes impuissante, jusqu’à ce qu’enfin, les bousculades cessent et qu’une ombre étrangement rassurant vienne planer au-dessus d’elle. Qui de mieux placé qu’un jeune religieux pour aider une âme en peine ? Alors qu’elle lève les yeux, la femme du taciturne croise le regard d’Aulus Caelius Ahenobarbus qui passe un bras par-dessus ses épaules et l’aide à se relever pour enfin suivre le reste du groupe et pénétrer sains et saufs dans les vestiaires.

Alors que Cicurina ferme les portes sans un mot, le claquement lourd des pans de bois fait frissonner l’assistance qui comprend combien leur situation se trouve précaire. Alors que l’écho s’évanouit, les murmures se fanent pour laisser place à un triste silence. Mais les regards parlent plus que chaque mot gardé au fond des gorges, et beaucoup se tournent alors vers l’un des visages les plus connus de la cité. Ainsi désigné sans même une parole pour formuler des soupçons, Aulus Vettius Stephanus finit par baisser les yeux sur sa toge et remarque enfin la raison de cette accusation tacite : quelles sont ces nombreuses tâches rouges qui maculent sa toge ? Accuser le vin serait une bien faible défense en pareilles circonstances, et le chef de la guilde des foulons se remémore alors combien il se trouvait proche de la natatio lorsque la mort est venue trancher la gorge de la sœur du laniste. Son cœur se met à tambouriner dans sa poitrine alors que les murmures s’élèvent à son sujet. Après tout, n’est-il pas un grand ami de Naevius ? Alors que Lucretius est encore alité, quoi de mieux que d’éliminer sa pauvre sœur pour voir le ludus de cette dernière s’effondrer et laisser la part belle au seul et unique laniste restant ? Voilà qui servirait les affaires de l’un et ferait fructifier les investissements de l’autre ! Le Fils de l’Etna rôde, mais quoi de mieux qu’une révolte servile pour maquiller un abjecte assassinat ? La gorge serré par la menace qui se dessine autour de lui, Stephanus prépare sa défense et sait que sa rhétorique lui sera d’une grande aide pour contrer les attaques de son propre camp.

Mais les mots ont-ils encore une valeur lorsque la terreur embrume les esprits ?


code by biscotte
Mar 26 Mai - 16:13
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Intrigue ₪ Dans l'Apodyterium...
Cicurina & Stephanus & Ovidia & Ahenobarbus & Genius


Le sang. Une piscine rouge. C'est comme si le sang de cette pauvre femme s'était démultiplié, s'étendait, si bien que si ce bon vieux n'avait pas réagit cette eau de sang aurait tu le submerger, le noyer. Il avait été amené par cette jeune plébéienne, il l'avait suivit sans même y réfléchir. Dans d'autre condition il n'aurait certainement pas réagit comme cela. Il se serait fait remarquer, il aurait fait entendre sa voix. Il aurait forcément dit qu'il ne recevait pas d'ordre d'un pauvre vieux plébéien. Mais celui-ci avait réussi à prendre la situation en main, sans ciller. Ce dont le génie, malgré sa grande intelligence, n'avait pas été capable.

Cependant une fois dans cette petite salle avec ses quelques personnes il se sentit un peu mieux. Il ne connaissait que Stephanus. Pour les autres il y avait deux femmes et un prêtre. Voilà qui est cocasse. Il va pouvoir nous protéger par la puissance des Dieux ! Gaius avait peur cela était sûr mais il ne le montrerait pas ! Pas besoin de paraître plus bas encore. Il en avait déjà fait assez un suivant cette gamine sans broncher.

Il alla donc s’asseoir sur un des sièges pour se donner une contenance et meilleure allure. Il avait bien repris le contrôle de lui même. Il avait mieux maintenant même s'il savait que l'image d'eau sanglante le suivrait longtemps dans ses cauchemars et pendant ses moments de dérives.

_Voilà une soirée de plus à Pompei. Somme toute plutôt classique quand on y pense n'est-ce pas mon cher Stephanus ? Et vous Mesdames qu'en pensez-vous ? Le Fils d'Etna est-il enfin sorti des jupons de sa brûlante de mère ?!

Il voulait tout de suite avoir l'air de prendre le contrôle de la situation de toute manière une de ces femmes en serait incapable. Certainement pas la cousines des Oppii, une femme qui lui est de surcroît inférieure. Gaius se présentait donc comme le meilleur leader pour ce petit groupe improvisé.

_Mon cher Prêtre ! Aidez-nous ! Voyez comme les femmes sont effrayées ! Que les Dieux nous viennent en aide ! Dit-il un sourire narquois aux lèvres.

Il s'inclina donc devant le jeune prêtre ! Cette démarche était seulement faite pour s'élever au détriment du jeune prêtre mais cela ne lui importait pas il ne connaissait même pas ce jeune roux.

Il se retourna pour voir la réaction de se bon vieux Stephanus qui il le savait rirait sûrement de cette petit pièce. Mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il vit sur sa toge des tâches pourpres. L'image de sang lui revint en tête. D'où pouvait venir ce sang. Il baissa les yeux sur sa propre toge étant donné qu'il se trouvait juste à côté de lui mais aucune trace de sang ne venait maculer la sienne. Comment cela se pouvait-il ? Est-ce que ? Non... cela ne pouvait pas être possible... Il ne ferait pas cela. Ou peut-être que ….

_D'où vient ce sang Stephanus ?




© Gasmask
Dim 7 Juin - 17:12
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Dans L'Apodyterium


Un cri met s'élève, mettant brusquement fin à toutes les conversations.
Un cri s'élève, et bientôt, tel un écho, il se répand parmi la foule.


Les cris de la foule sont alarmants, mais le silence qui s'empare lentement de la pièce est bien plus terrifiant. Que peut-il bien s'être passé pour faire taire toute une assemblée ?  Mais ai-je réellement envie de connaitre la réponse à cette question ? Ne vaudrait-ce pas mieux de quitter ces lieux, sans regarder en arrière ? Cette option semble devenir de plus en plus séduisant au fur et à mesure que les secondes s'écoulent et que le silence devient plus pesant. Et pourtant, je reste là et inconsciemment me cramponne au bras d'Ulysse - ou Kaeso, son nom importe bien peu à ce moment-là -, comme si j'espérais qu'il me protège de ce danger invisible.

Ce n'est finalement qu'une fois que la foule s'écarte pour laisser place à mon oncle que je vois la source de cette terreur. Que je la vois, cette femme blonde qui flotte tête en bas dans une eau pourpre.

Morte. Elle était morte.

Comment est-elle morte ? Qui est-elle ? De la où je me tiens, je vois seulement la blondeur de ses cheveux contraster avec les eaux pourpres dans lesquelles elle flotte. La voix de mon oncle s'élève, mais je suis bien incapable de comprendre un seul mot de ce qu'il est en train de dire : comme hypnotisée, je n'ai d'yeux que pour cette scène horrible.

Elle était morte. Assassinée. Il n'y a aucun doute à ce sujet : il y a un assassin dans la salle. Et il pourrait être n'importe où, caché sous son masque, et refrapper lorsque le désir l'en prend. N'importe quand, n'importe où, n'importe qui. Cette idée me terrifie, et je ne puis m'empêcher de chercher du regarder les différents membres de ma gens pour m'assurer qu'ils sont toujours en vie. Ce n'est finalement qu'à ce moment précis que je remarque le regard de mon oncle Scapula qui est posé sur moi, comme s'il attendait une réaction de ma part. L'esprit toujours embrumé par la peur, je finis par suivre son ordre silencieux et m'approcher de lui, tout en me forçant à ne pas regarder la scène cauchemardesque qui s'étendait juste derrière lui.

- Je pars chercher le legatus avec Pulchra. Vous quatre, mettez nos invités à l’abri. Séparez-les. Si le monstre est parmi eux, je refuse que sa folie puisse s’abattre sur tous. Ainsi, la plupart seront en sécurité. Que chacun emmène un groupe avec lui et l’enferme dans une pièce à l’écart des autres. Vous n’ouvrirez qu’à moi. Est-ce clair ?

Quatre têtes s'abaissent en même temps, acceptant sans rechigner l'ordre du maître de la maison. Pendant un bref instant, je reste immobile à regarder mes cousins s'éloigner à la tête de plusieurs petits groupes. Que je leur envie leur calme, leur maîtrise ! Je sais que sur ce point, je ne pourrais sans doute jamais les égaler. Mais il le faut si je ne veux pas décevoir Scapula.

- Veuillez me suivre. A ma grande surprise, ma voix reflète une certaine assurance, et rapidement plusieurs personnes emboîtent mes pas, dont mon oncle Stephanus. Après tout, peut-être me saurais-je montrer digne de la confiance des Oppii.

Peu de temps plus tard, je ferme les lourdes portes de l'apodyterium, non sans jeter un dernier regard dans le couloir, espérant y apercevoir le visage d'un certain gladiateur. Un espoir stupide, puisqu'il doit à présent être enfermé avec tous les autres esclaves, mais j'aurais aimé le savoir en sécurité. J'aurais aimé le voir à mes côtés. Sur cette pensée indigne d'une femme respectable, je ferme définitivement les portes, nous coupant du monde extérieur. Mon regard se pose alors sur un patricien qui ne semble pas pour le moins perturbé par la situation, bien au contraire même. Est-ce peut-être parce qu'il... ? Non, je ne dois pas me laisser influencer par ma peur et porter des accusations infondées.

- Je pense qu'il serait certainement plus prudent de barricader ces portes au lieu de nous laisser aller à de telles conversations, et ce d'autant plus si vos soupçons se révèlent fondés. Il n'est pas dans mon habitude de donner des ordres à des personnes d'un rang plus élevé que le mien, et pourtant, ce patricien qui aime tant se faire appeler 'le génie' semble avoir besoin que quelqu'un ne le rappelle à la réalité. Il était là, à se moquer des femmes, au lieu de ne serait-ce qu'un moment penser à ne serait-ce qu'essayer de les - de nous - mettre en sécurité. Et comme si cela ne suffisait pas, il fallait de plus qu'il ne se mette à accuser Stephanus...

- Vous semblez vouloir accuser tout le monde aujourd'hui mon cher Genius. D'abord vous insinuez que cet être répugnant qui se fait appeler le fils de l'Etna serait responsable d'un tel acte, et maintenant vous accusez un homme respectable... Et pourtant, c'est bien vous qui semblez le moins choqué par cet incident... Au moment même où je prononce ces mots, je sais que je suis allée trop loin. Que puis-je bien espérer accomplir en affronter directement cet homme, si ce n'est le braquer?  Mais l'heure n'est pas aux accusations infondées. continue-je sur un ton qui se veut conciliant. Scapula ne devrait point tarder à revenir en compagnie de legatus... alors soyons patients et laissons ce dernier faire son travail.
Patricien
Dim 7 Juin - 23:17
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Aulus Caelius Ahenobarbus
₪ Arrivée à Pompéi : 18/06/2014
₪ Ecrits : 590
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₪ Âge : 25 ans
₪ Fonction & Métier : Patricien, en formation pour devenir Flamine

Cogito ergo sum ₪
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Aulus Caelius Ahenobarbus
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Dans l'Apodyterium
Venus, veille sur nous.

La sœur de Lucretius Fronto avait été tuée. Après que lui ait failli mourir sous les décombres créés par le tremblement de terre, après que Priam ait perdu son combat contre Remus, c'était maintenant au tour d'Ilithyia de souffrir de la colère des dieux. Elle en était morte.

Pius, patriarche des Caelii et homme à la tête des troupes armées de Pompéi, avait emmené ses aînés avec lui hors des thermes pour aller mobiliser tous les hommes qu'il faudrait pour retrouver le coupable. Aulus avait vu ses sœurs, mains dans la main, se perdre dans la cohorte. Lui avait été poussé à droite et à gauche, loin d’Oppia Musca avec qui il discutait juste avant que le meurtre soit commis. Il n’avait pas vu la jeune femme blonde tomber dans la piscine, il l’avait seulement entraperçue une fois qu’un homme, apparemment patricien, l’avait sortie de l’eau, ensanglantée. Il n’avait jamais vu son visage, et n’aurait su la reconnaître si son nom n’avait pas été murmuré une centaine de fois autour de lui. Ahenobarbus songea à la discussion qu’il avait eue, quelques semaines plutôt, avec Claudia Cassia, sur l’omniprésence et l’omnipotence des dieux. Les mots de la Vestale prirent soudain une résonnance particulière, comme nouvelle, dans l’esprit du patricien. Il aurait pu laisser divaguer cette pensée encore longtemps, pris dans la cohorte, s’il n’avait pas senti quelque chose sous son pied, quelque chose qui n’était pas censé être là.

Son masque l’empêchait de voir, alors il l’arracha de son visage, et bientôt, il se retrouvait écrasé par une dizaine de sandales. Peu importe. Il y avait une femme, par terre, qui elle aussi, subissait les coups des sandales, recroquevillée sur elle-même. Aulus resta immobile quelques secondes, regardant autour de lui, ses yeux appelant à l’aide. Il ne savait pas quoi faire, et il espérait que quelqu’un prenne les devants. Il avait beau avoir voyagé jusqu’en Grèce, il n’était pas particulièrement courageux ou brave. Ses frères le qualifiaient même de lâche. Eux, en bons petits soldats, n’y auraient pas réfléchi à deux fois, ils se seraient baissés, et auraient porté cette femme qui pour tout ce qu’ils en savaient, étaient peut-être morte, assommée par les coups. Elle avait les cheveux très blonds, presque blancs. Etonnant, comme couleur de cheveux, pour une jeune femme, n’est-ce pas ?

Aulus, à force de ne pas bouger, fut violement bousculé, et manqua de tomber sur cette femme qu’il avait de plus en plus l’impression de connaître, bien qu’il soit incapable de mettre un prénom sur ce visage. Une fois son équilibre retrouvé, il se pencha définitivement et la souleva du sol. Il passa un de ses bras  autour des épaules de la blonde, tandis qu’il la maintenait par les hanches de sa main droite. Sur quelques mètres, il la traina, jusqu’à ce que ses jambes semblent se mettent en marche. Tant mieux, ça voulait dire qu’elle n’était pas morte. Pendant un instant, Aulus songea qu’il fallait qu’il dise quelque chose ; c’est ce que ses frères auraient fait, tout du moins, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Sans vraiment qu’il s’en rende compte, il atteignit une pièce qu’on ferma peu après lui. Pour y être souvent passé, il reconnut l'Apodyterium des thermes. Il y avait un certain nombre de personnes, et Aulus chercha un visage familier, tenant toujours la jeune femme contre lui. Ses sœurs n’étaient pas là, et pendant quelques secondes, son cœur s’accéléra : où étaient-elles ? Emportées par la foule dans une autre pièce, espérait-il. Il se reconcentra sur la blonde, à qui il proposa de s’assoir – sur le sol, il n’y avait déjà plus de places sur les quelques bancs de la pièce.

L’agitation était à son comble, et il se préoccupa de la fille jusqu’à ce qu’il se sente interpellé par un voix qu’il ne connaissait pas, mais qu’il entendait comme ironique :

« Mon cher Prêtre ! Aidez-nous ! Voyez comme les femmes sont effrayées ! Que les Dieux nous viennent en aide ! »  

Ahenobarbus se retourna vivement vers la personne qui  lui gueulait cela, et reconnu quelqu’un qui devait, vu son accoutrement, être un patricien. Il se fit la réflexion que la stupidité était aussi une tare des plus fortunés, mais encore une fois, les mots se coincèrent dans sa gorge quand il fut question de lui rétorquer quelque chose. Pourtant, il y avait de quoi, comme par exemple le fait que lui, au moins, avait aidé une femme effrayée à arriver jusqu’ici. Mais je vous l’ai dit, le courage n’était pas la qualité principale d’Aulus, et de toute façon, l’attention de l’homme avait été orientée vers quelqu’un d’autre : Stephanus, le foulon de la ville, dont la toge était visiblement recouverte de sang. Ahenobarbus ne put s’empêcher de bloquer son regard pendant de longues secondes sur le corps du plébéien ; pourquoi était-il recouvert de sang ? D’une voix pleine de reproche, celui qui s’était moqué de lui attaqua le foulon. Toute la pièce avait désormais les yeux sur les deux hommes, mais ce ne fut ni l’un ni l’autre qui brisa le silence : une jeune femme, brune, qu’Ahenobarbus reconnu comme étant Vettia, issue de cette même famille de foulons de Pompéi. Elle avait l’air d’être celle qui dirigeait tout le monde, et Aulus finit par se rappeler qu’elle était aussi une cousine des Oppii. Elle avait sûrement été choisie pour cela ; elle ordonna qu’on barricade les portes, avant d’ajouter :

« Vous semblez vouloir accuser tout le monde aujourd'hui mon cher Genius. D'abord vous insinuez que cet être répugnant qui se fait appeler le fils de l'Etna serait responsable d'un tel acte, et maintenant vous accusez un homme respectable... Et pourtant, c'est bien vous qui semblez le moins choqué par cet incident... »

Genius … Ahenobarbus avait déjà entendu ce cognomen. Définitivement un patricien. Il n’écouta pas la suite du discours de Vettia, se reconcentrant sur la demoiselle dont il ignorait toujours l’identité. Il plongea ses yeux dans les siens, l’air inquiet, et lui demanda :

« Comment vous appelez-vous ? Vous avez mal quelque part ? »


© charney
Lun 22 Juin - 18:43
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Dans l'Apodyterium

Cicurina, Stephanus, Genius, Ovidia & Ahenobarbus
La soirée était plus que réussie, c'était un fait indéniable. Les meilleurs vins coulaient à flot, les plus belles créatures de Pompéi des deux sexes ravissaient les yeux tandis qu'à son côté déblatérait éfrontément le jeune Genius dont le cognomen semblait de plus en plus usurpé à mesure que la soirée se poursuivait. Oui. Une soirée des plus réussies en somme.

J'avais laissé ma jeune nièce à son gladiateur tandis que j'essayai de me mêler à la foule, le meilleur moyen de conclure des affaires ainsi que de se tenir au courant des dernières rumeurs. C'était sans compter sur Genius me poursuivant sans relâche tel un bigorneau incrusté à un rocher. tandis que je passais près du bassin central, un cri strident retentit quelque part dans la salle. Je suivis la vague de regards des convives pour m'arrêter sur le corps flottant dans l'eau déjà rougissante du bassin.

Le moment de stupeur passé, les choses furent rapîdement prises en main par le pater familias qui répartit plusieurs groupes afin de séparer les convives. Applaudissant mentalement l'idée, je fus tout de même surpris que Cicurina ait été désignée comme l'un des Oppii et jetai un regard courroucé à Scapula. Que sa mère ait été une Oppii ne désignait pas ma nièce comme l'une des leurs ! Malgré tout j'emboîtai le pas de ma nièce dans la cohue générale, évitant certains convives et bousculant sans ménagement ceux s'en approchant trop près. Si un meurtrier se trouvait dans cette salle, il était hors de question que qui que ce soit l'approche le temps que celui-ci fut arrêté.

J'entrai donc à la suite de ma nièce dans l'Apodyterium, rapidement suivi de Gaius, toujours collé à mon train. Les derniers à entrer dans la pièce furent le jeune Ahenobarbus portant avec précaution la douce Ovidia visiblement malmenée par le bain de foule fiévreux auquel tout le monde eut droit.

La jeune Vettia ayant refermé la porte derrière nous, je pus admirer notre groupe disparate avec lequel je passerais sans-doute une bonne partie de la nuit. Tout d'abord ma nièce adorée. Il aurait été impensable que je n'aie pas été avec elle pour la protéger. Puis Genius, un jeune homme à la langue un peu trop bien pendue et à l'humour douteux. Sans-doute pas la meilleure compagnie possible dans ce genre de situations de crise... Puis le jeune prêtre. Si l'esprit allait avec la fonction, un peu de sagesse dans cette pièce ne serait pas de trop. Et enfin la jeune Ovidia. Celle-ci semblait secouée et ne serait sans-doute pas d'une grande aide.


"Que serait une fête romaine sans un assassinat...", me dis-je avec cynisme.

A peine avais-je formulé cette pensée que ce cher Genius y faisait écho en me prenant à parti. Bien que je n'apprécie que peu le côté théâtral du jeune patricien, force était de constater qu'il avait raison. Si le fils de l'Etna était en effet arrivé, cela ne présageait rien de bon. Il allait falloir que je prenne des mesures urgentes pour placer mes biens comme ma famille à l'abri. Je jetai un regard sévère qur le jeune éphèbe avant de répondre d'un ton sage et mesuré.

- Cela reste en effet possible mon ami. Et il n'y a pas matière à se réjouir. Si le fils de l'Etna est derrière ce meurtre effroyable, alors cet acte barbare est le messager de temps bien sombres pour Pompéi.


J'acquiescai à l'intervention de ma nièce.. En effet, le plus tôt cette pièce serait définitivement close, le plus tôt serons-nous en sécurité. Normalement... Je jetai un regard sévère à Genius toujours occupé à ses pitreries. Cette attitude ne nous mènerait nulle par et l'heure n'était pas à la comédie. Une femme était morte et un assassin se trouvait toujours en liberté et peut-être parmi nous. Malgré tout c'est avec un léger sourire amusé que je l'interpellai d'un ton sage et mesuré.

- Il n'est plus temps au théâtre mon ami. Venez donc plutôt nous aider à bloquer cette porte.

Mais à peine avais-je saisi le coin d'un meuble que le plaisantin me fit remarquier les tâches rouges qui maculaint ma toge telles des fleurs s'épanouissant sur le tissu blanc. J'avais été éclaboussé. Quand ? Sûrement durant la cohue qui avait suivi le meurtre. Vin ou sang ? Je grattai une tâche et portai deux doigts à mes lèvres. Sang.

Mon regard se durcit alors que je jetai un coup d'oeil circulaire au petit groupe. Alors que je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour répondre aux accusations à peine voilées du jeune homme, ce fut ma très chère nièce qui prit la parole pour prendre ma défense et répondit à l'accusation de Genius pour une autre. Mauvais calcul mais l'intention était appréciable. J'admirais le sang-froid dont faisait preuve la petite femme et passai un bras autour de ses épaules en signe de réconfort. C'est avec un regard dur que je répondis au jeune homme.

- Je ne saurais dire et ne tenterai pas de me justifier autrement qu'en supposant avoir été éclaboussé durant le mouvement de panique. J'étais avec vous tout du long, rappelez-vous en. Maintenant aidez-nous et par pitié, taisez-vous.

Poussant la table contre la porte de l'apodyterium je jetai un regard au prêtre ainsi qu'à Ovidia, toujours allongée à même le sol. Celle-ci semblait reprendre légèrement ses esprits après la bousculade. M'adressant au prêtre je désignai de la main la jeune femme.

- Peut-être devrions nous l'installer plus confortablement ?
crackle bones
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