Loreia ; La scandaleuse

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LOREIA MINOR incarnée par Ebba Zingmark Ave, étranger! Je suis Loreia Minor, fille de Lucius Loreius Blaesus aux yeux du monde, mais en réalité je suis la fille de Severus Caius... malheureusement. Né(e) à Pompéi, il y a vingt ans, je suis d'origine romaine. La déesse Fortune a fait de moi une patricienne, n'en déplaise à mon "père" et j'ai pour famille noms des Lucius Loreius Blaesus, l'époux de ma mère mais tout sauf un père, Severus Caïus, mon vrai père bien que je ne l'aie jamais connu, Cnaeus Loreius Tacitus, mon frère aîné adoré que je refuse de considérer comme "demi", Lucius Caïus Maïsto, mon autre frère que j'évite autant que possible, et cette voleuse de Nemetoria Loreia Ovidia, ma belle-soeur. Plus de 2000 ans plus tard, c'est Loreia qui m'incarne. Qui es-tu? C'est PRD, où je ne suis pas encore inscrite mais où je zone régulièrement, qui m'a conduite ici  j'ai 20 ans, je fais des études de lettres, je suis une novice en histoire romaine, mais ce forum a l'air tellement stimulant que... me voilà

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→ Ce que je pense de Pompéi
Si Loreia n'a pas la moindre affection pour le nom qu'elle porte ou sa maison -à l'exception de son frère Cnaeus- Pompéi ne subit pas le même traitement. Dans son malheur, lajeune fille a tout de même eu la chance de naître dans une cité vivante, vibrante, où il y a toujours tant à faire ou à découvrir. Que ce soit avec son frère ou en solitaire, Loreia adore courir les rues de la ville, aller aux jeux, aux thermes et tout ce qui s'ensuit. Bien sûr, avec un père violent qui l'aurait volontiers faite enfermer, elle a dû trouver des subterfuges, surtout depuis les fiançailles de Cnaeus, mais Loreia est une sacrée débrouillarde et a toujours réussi à trouver des échappatoires pour fuir ce foyer qui n'en est pas un et se perdre dans la belle Pompéi.

→ Ce que je pense de la politique
Si elle aime Pompéi, la politique la laisse en revanche parfaitement indifférente. Tout ce qui l'intéresse, c'est d'avoir son frère à ses côtés et pouvoir se libérer du joug tyrannique de Loreius Blaesus ; la politique ne pouvant l'y aider, elle n'a aucune raison de s'attarder dessus. Ces jeux de pouvoirs sont de toute façon réservés aux hommes, et à moins que cela ne finisse par servir ses intérêts, il n'y a aucune chance pour qu'elle s'y intéresse !

→ Ce que je pense des jeux
On n'exagérerait pas en affirmant que les jeux ont sauvé Loreia. Si son foyer est le lieu le plus oppressant et obscur qu'elle connaisse, les jeux sont synonymes de liberté et de lumière, seules issues à un quotidien morne et somme toute ien malheureux. Loreia s'y rend dès que possible, trompant la surveillance de son père ou des esclaves qui lui obéissent. Les courses de chevaux la passionnent, les combats d'animaux ou de gladiateurs exercent sur elle un étrange mélange de fascination et de répulsion, et le théâtre la délecte. Une chose est sûre, dès que son père se sera enfin décidé à mourir, elle ira aux jeux dès qu'il y en aura, pas seulement quand elle le pourra !

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions
Enfermée dans le carcan familial d'un père despotique qui la déteste, Loreia n'a que peu de perspectives d'avenir qui se résument pour le moment à une chose : se débarasser de son tuteur qui la gène et qu'elle hait de toute son âme. Une haine aveugle, dévorante et désespérée dont elle espère secrètement pouvoir se débarasser mais sans laquelle elle sait pertinemment qu'elle ne pourrait vivre ; une fois son Loreius Blaesus mort, elle pourra tourner lapage et songer à l'avenir. A vingt ans, elle n'est toujours pas mariée et s'en soucie bien peu, mais le mariage récent de Cnaeus lui a rappelé sa condition de paria, et l'idée de finir vieille et seule l'angoisse un peu sans qu'elle n'ose l'avouer. Indépendance, liberté et affection, voilà tout ce qu'elle demande. Et hélas, tant que Loreius Blaesus sera en vie, tout ça ne restera qu'une chimère.

→ Ma pire crainte
Elevée par un père peu aimant et violent, Loreia n'a pu que se raccrocher à l'affection d'un frère qui a eu assez de bonté pour l'aimer, seule lumière dans le monde bien sombre de son enfance. Si elle s'est longtemps convaincue que Cnaeus était tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse, son mariage avec Nemetoria a eu l'effet d'une grande claque : prise d'une peur panique à l'idée de voir son frère tant aimé s'éloigner d'elle, elle s'y accroche désespérément et sombre un peu plus dans la haine de sa belle-soeur -dont elle sait pourtant, tout au fond d'elle-même, qu'elle n'est pas responsable. Au fond, Loreia est restée une petite fille terrifiée à l'idée d'être abandonnée ; une gamine maladivement terrifiée par la solitude à laquelle elle se sent condamnée.

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.
Loreia aime se rendre aux cérémonies religieuses, prier les Dieux, et se plier aux rites. Bien que les divinités n'aient jamais vraiment répondu à ses prières, elle aime l'idée que l'un d'eux veille peut-être sur elle, ou au moins garde un oeil sur elle. Adorant les histoires, elle n'aime rien tant que s'entendre raconter les différents mythes de ces dieux qui l'intriguent énormément et leurs aventures sans fin. Son dieu de prédilection ? Bacchus, l'indomptable, le libre, l'incorrect dieu du vin et de l'ivresse, mais aussi des débordements. Voilà qui lui convient bien, à la petite rouquine au caractère entier, débordante d'énergie et ne versant jamais dans la demi-mesure, en amour comme en haine...

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle avait toujours détesté la villa Loreii. L’imposante masure, pourtant digne représentante de la belle architecture romaine dont toute la ville de Pompéi pouvait se vanter, avait toujours et avait encore le don de la rendre malade rien qu’à sa vue. A ses yeux, la villa était bancale, difforme, monstrueuse, monstrueusement vivante. A l’image de son propriétaire. Prête à la dévorer et la briser en deux d’un coup de mâchoire.

Loreia était la dernière fille de Lucius Loreius Blaesus et de son épouse ; avant elle étaient nés deux fils qui avaient eu la chance de ne pas survivre bien longtemps dans cette famille pourrie et un grand frère, Cnaeus, de huit ans son aîné. Après huit ans, elle aurait pu être l’enfant miracle, l’enfant qu’on n’attendait plus, l’enfant inespérée. Inespérée, elle le fut ; indésirable également. Son destin fut scellé le jour même de sa naissance, alors que sa mère mourrait en lui donnant la vie. Matricide bien involontaire dont son père lui fit porter la responsabilité toute son existence. Si Blaesus eut un jour une once de bonté dans son cœur amer et sec, elle s’envola avec l’âme de sa défunte épouse. Et le vieil homme n’eut plus que ses yeux pour pleurer des larmes de marbre et sa rancœur sans fin à déverser sur sa fille honnie.

D’affection parentale Loreia ne reçut jamais que le substitut. Les esclaves qui lui servaient de nourrices firent office de mères de remplacement sans jamais réussir à combler complètement le vide laissé par la vraie, dont personne n’osait plus parler de peur d’offenser le patriarche de la famille. De père elle n’eut point, et ce fut son frère Cnaeus qui se dévoua pour veiller sur elle avec toute la tendresse et le dévouement dont il fut capable. Veillant à son bien-être aussi bien qu’à sa survie, puisqu’il lui évita de nombreux coups qui auraient pu faire de sévères dégâts sur un corps encore fragile de petite fille. Loreia vivait dans l’ombre d’un confort matériel qui n’allait pas avec la cruauté dont son père vengeur se montrait capable. Une haine que, du haut de ses cinq, six, sept ans, elle ne parvenait pas à s’expliquer. Elle faisait de son mieux pourtant : durant les premières années de sa vie Loreia fut ce qu’on peut appeler une enfant facile, sage et docile, essayant sans relâche de s’améliorer, de gommer ses défauts imaginaires pour plaire à ce père envers qui elle avait forcément commis une très grande faute pour provoquer pareille fureur. Prémisses d’un caractère fort et solide, capable de soulever des montagnes pour atteindre ses objectifs : ici, à même pas dix ans, c’était l’amour d’un père dont juste un mot d’affection aurait pu tout effacer. Ce mot ne vint jamais, et quand Loreia réalisait, dans un accès de lucidité, que sa cause était perdue, c’était dans les bras de Cnaeus qu’elle allait verser toutes les larmes de son corps jusqu’à ce que toute l’eau de son corps se soit vidée. L’attentif, le dévoué, l’adorable Cnaeus qui faisait de son mieux pour porter secours à sa cadette mais dont le meilleur n’était jamais assez pour leur père perdu dans son exigence, sa rancœur et sa folie. Plus elle grandissait, plus Loreia comprenait à quel point leur père était pourri jusqu’à la moelle. Irrécupérable. Il n’y eu aucun moment de révélation où Loreia décida sciemment d’arrêter de tout faire pour lui plaire : ce fut un processus long et fastidieux, une réalisation progressive jusqu’à ce qu’elle se rende compte, vers l’âge de treize ans, que ce n’étaient plus des élans d’affection désespérés qu’elle ressentait pour son père. C’était de la détestation. De l’abomination.

Dès lors Loreia comprit qu’elle ne pouvait se fier qu’à elle-même et à son frère. Cnaeus, plus qu’un aîné, était son pilier, son roc, son unique repère dans la tempête tumultueuse que représentait la vie domestique à la villa Loreii. C’était lui qui la protégeait, lui qui la soutenait, qui la consolait contre son cœur quand le monde déjà fragile de la jeune fille volait un peu plus en éclats à mesure que la violence verbale ou physique de leur père s’intensifiait. « Assassine ! », « catin ! », « si seulement tu pouvais mourir ! » étaient devenus des phrases qu’elle entendait désormais quotidiennement. C’est Cnaeus également qui lui apprit la vérité complète : Lucius Loreius Blaesus n’était pas son vrai père. Dès cet instant, Loreia comprit enfin les raisons de cette haine disproportionnée à son encontre… Et n’eut plus le moindre scrupule à le haïr en retour. Puisqu’il n’était pas son père, elle n’avait aucune raison d’endurer ce traitement sans broncher et aucune raison de se forcer à aimer ce tyran. Ce jour-là, Loreia bascula dans la haine et la rancune de manière irréversible. Blaesus devait en faire les frais quelques années plus tard.

Déterminée par nature, calculatrice par nécessité, Loreia avait développé un excellent sens de la comédie nécessaire pour survivre avec le minimum de dommages dans ce foyer. Dès quatorze ans, elle avait appris à mentir et tromper comme elle respirait, afin de garder les esclaves de son côté et réussir à s’échapper quelques heures de chez elle quand Cnaeus était dans l’impossibilité de l’emmener dehors. Que ce soit en trompant la vigilance des esclaves ou en l’achetant, Loreia réussissait à sortir du domaine quelques heures pour aller explorer Pompéi en toute impunité, petites bulles de liberté qui lui permettaient de se conforter dans l’idée que le monde ne se résumait pas à sa famille et son père despotique. S’il y avait une issue de secours pour sortir de cet enfer, elle la trouverait. Loreia la docile se muait en une jeune fille bravache et indomptable, qui refusait de laisser la vie lui marcher à nouveau sur les pieds. Ca prendrait le temps que ça prendrait, mais Loreius Blaesus ne constituerait plus un obstacle à sa liberté.

Si Loreia se fichait pas mal d’être la « fille bâtarde » de la famille, il n’en allait pas de même pour Cnaeus qui se devait de protéger l’honneur de la famille. Pour lui, elle accepta de se taire et de réprimer les éclats d’ironie qui pouvaient la prendre en public ; pour lui, elle fit taire ses instincts de révolte et ses rêves de révélations fracassantes pour détruire le peu d’honneur qu’il restait à son père. Pour lui, elle accepta d’éviter soigneusement tout contact avec son autre demi-frère, Caïus Maisto, de quatorze ans son aîné et le fils de son véritable père, un plébéien dont sa mère était vraisemblablement très amoureuse. Le personnage étrange qu’était son autre demi-frère l’intriguait d’autant plus qu’elle savait devoir l’éviter pour éviter de renforcer des rumeurs déjà bien ancrées ; mais elle le trouvait souvent sur ses pas, dans son ombre, sage veilleur qui se contentait souvent d’être là sans rien dire et acceptant silencieusement la distance qu’elle mettait entre eux. Loreia n’était pas facilement attendrie et pour elle, seule comptait l’affection de Cnaeus aux ordres duquel elle se pliait toujours sans discuter. Et pourtant, cet homme qu’elle connaissait à peine et qu’elle évitait pour plaire à son autre frère, cet homme-là pouvait-il constituer une porte de sortie à son calvaire ? Elle refusait le moindre contact avec lui pour ne pas contrecarrer les plans de Cnaeus ; pourtant, elle sentait que la présence invisible de Maïsto occupait, malgré elle, une place dans son équilibre précaire. Après tout, il était la seule personne sur cette planète, à part Cnaeus, à sembler pouvoir lui offrir l’affection dont elle avait toujours si cruellement manqué.

Les années s’étaient écoulées, longues, monotones, ternes et sans éclat alors que la personnalité de Loreia se développait et devenait aussi flamboyante que le roux de ses cheveux. Un tempérament de feu qu’elle était obligée de contenir jusqu’au point de rupture, jusqu’au bord de l’explosion ; explosions qui se manifestaient lorsqu’elle laissait éclater son féroce enthousiasme aux jeux, seul instant où elle acceptait de libérer le feu qui l’habitait. Loreia avait désormais vingt ans : c’était une belle jeune fille, grande et élancée, au tempérament fort et rebelle soigneusement dissimulé sous ses airs sages et dociles de parfaite petite Loreii. Elle n’était toujours pas mariée ni même fiancée, son père ne s’en étant pas préoccupé le moins du monde. Ce fut là sa fatale erreur, car si elle avait été mariée, Loreia n’aurait certainement pas eu l’occasion de verser ce poison dans son verre au mariage de Cnaeus…

Ratée, elle s’était ratée. Elle avait pourtant minutieusement préparé la chose, ne voulant en aucun cas échouer et laisser à ce rat la moindre chance de survie et les faire souffrir encore, elle et Cnaeus. Pourtant, quelque chose avait cloché, dans le dosage peut-être, elle n’en savait rien et cela la rendait encore plus furieuse. Contre elle-même, contre la personne qui lui avait servi de complice pour élaborer le poison, contre son père, contre la terre entière. Ce vieux fou agonisait maintenant chez lui, avec Cnaeus pour lui tenir compagnie dès qu’il le pouvait. Loreia serrait les poings de rage, voyant là son père encore en vie et son frère s’éloigner d’elle pour remplir ses devoirs… Sans compter la présence de cette maudite Nemetoria. Cette présence intruse la fait enrager, cette inconnue débarquée de Rome venait s’immiscer entre elle et son frère, elle n’a qu’une envie : l’écraser ! Pour faire plaisir à Cnaeus elle a bien essayé de faire semblant de bien s’entendre avec elle, mais même ses talents de comédienne pourtant bien rôdés ne peuvent éternellement dissimuler son aversion pour elle. La voleuse, comme elle l’appelle au meilleur de son humeur, n’a pas sa place dans cette famille qui va bientôt être débarrassée de son despote, hors de question d’en accueillir une autre à sa place ! Alors qu’elle allait enfin pouvoir être seule avec son frère adoré, alors qu’ils allaient enfin pouvoir vivre heureux et en paix rien que tous les deux, les dieux lui envoyaient cette garce pour tout chambouler. Loreia ne supporte plus sa présence. Heureusement, elle a de la chance dans son malheur, et c’est peut-être Blaesus lui-même qui va fournir la solution à sa fille… Quelle ironie. Songeait-t-elle avec un sourire sarcastique. Elle n’avait plus qu’à s’armer de patience, et ses plans se réaliseraient, elle en était convaincue.

Jeune femme en guerre contre son père et son foyer, rancunière, haineuse, manipulatrice et menteuse, Loreia a de quoi inspirer l’antipathie de ses pairs. Peut-être même la vôtre chers lecteurs ; auquel cas je n’ai plus qu’à implorer votre indulgence et celle des Dieux, car Loreia Minor est certes une jolie et détestable petite peste, mais elle est aussi la petite fille recroquevillée craignant de se retrouver à jamais seule dans le noir. Et le monstre sous le lit n’est jamais bien loin.