Kaeso Nemetorius Carus ₪ A bove majore discit arare minor

→ Ce que je pense de Pompéi

Pompéi est un retour aux sources, toujours plein de souvenirs, plaisants ou désagréables mais jamais dérisoires. J'aime m'y promener le plus souvent possible, apprendre à découvrir chaque maison, déambuler dans chaque ruelle, en venir à connaître par cœur chaque recoin. Pompéi est ma maison, mon pays, le seul endroit où je peux dire que je me sens chez moi. Été comme hiver, la ville revêt ses différents manteaux, offre ses différents visages mais montre toujours la même beauté. Ici, le maestre enseigne sa classe à ses élèves disciplinés, là le forum est en ébullition à l'approche des élections et plus loin, le théâtre a vu naître les plus beaux combats de tout l'Empire. Toujours en ébullition, toujours aussi vivante, la ville ne dort jamais. Tout le monde à sa place, chacun a sa tâche. Que vous soyez Patricien, Plébéien ou simple serviteur, tous contribuent à animer la turbulente Pompéi. Il n'y a de différence que de tempérament, et si je semble ouvert d'esprit, je n'en reste pas moins attaché à la citoyenneté, accroché aux valeurs romaines comme un vautour à sa carcasse. Car tout le monde le sait, il n'y a rien de mieux que quelques règles pour maintenir l'ordre.

→ Ce que je pense de la politique

Je me contente de regarder de loin, d'écouter, sans jamais avoir un avis net ou tranché. Il n'y a pas de solution magique, pas de sénateur meilleur qu'un autre. Juste des gens qui essayent de travailler main dans la main pour faire avancer les choses. Ou pour avancer eux-mêmes. J'aimerai qu'ils se soucient moins de leur carrière respective que des problèmes existant dans l'enceinte de la ville. Mais l'homme reste un homme, opportuniste et ambitieux. Je ne les envie pas et je ne prétends pas être meilleur qu'eux, je possède juste moins de responsabilité. Juste une, qui reste un devoir tout autant qu'un droit : voter. Voter pour le plus grand orateur, celui qui aura su me convaincre, quand bien même ce ne soit qu'une façade. La politique n'est pas mon métier, je n'ai d'autre choix que de laisser la main à meilleur que moi et d'espérer qu'il mette autant d'ardeur à faire leur travail que moi le mien.

→ Ce que je pense des jeux

Je ne suis pas ce qu'on peut appeler un guerrier émérite, tenant bien plus de l'homme de lettres que du courageux soldat. Comme chaque citoyen respectable, je sais manier l'épée tant que cela reste un jeu, un entraînement et non pas un réel combat sans pitié. Il m'arrive de plaindre les gladiateurs une fraction de seconde, avant de me laisser prendre au jeu et de m'emporter avec le public en faveur du meilleur guerrier. J'admire sa force, son courage et son talent, reconnaît avec respect sa valeur et prie en secret pour que toujours il triomphe. Par ailleurs, les jeux déplacent les foules, l’arène est le lieu de nombreuses rencontres et c'est une opportunité à ne pas manquer de se forger un cercle étendu de relations, et de se faire connaître auprès de la majorité des Pompéiens. J'y ai rencontré la majorité de mes commanditaires et c'est une occasion supplémentaire pour voir Cornelia, même de loin.

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions

Difficilement. Je préfère de loin vivre au jour le jour, que de me projeter dans un avenir plus qu'incertain. Ma seule envie, peut être, serait de marquer d'une pierre blanche la belle ville de Pompéi, laisser ma patte, marquer d'une empreinte indélébile des monuments qui resteront à jamais dans les mémoires. J'ai eu le plaisir de côtoyer le meilleur des professeurs, il ne tient qu'à moi d'appliquer ses leçons et de sublimer les ordres Grecs. Mais je suis encore jeune, j'ai bien le temps de me voir confier de plus gros chantiers et de faire mes preuves. Outre briller dans ma profession, j'espère avoir la chance de contempler Tacitus suivre mes pas et prendre un jour la relève familiale. C'est bien le seul bonhomme qui arrive à me tirer un sourire un instant pour me faire râler le moment d'après. Je n'ai pas le souvenir d'avoir autant fait tourner en bourrique mes parents mais ce n'est pas à ce point désagréable. Si j'ose, j'irai jusqu'à dire que je m'imagine aisément marié avec elle, si je ne savais pas la chose totalement impossible. A moins de vouloir finir par mourir décapité, c'est un doux songe que je dois tout bonnement me résoudre à oublier.

→ Ma pire crainte

M'apercevoir que finalement je n'ai aucun talent. Que je ne possède pas ce « truc » qui te démarque du commun des mortels et fait de toi l'artisan que tout Pompéi s'arrache. On ne connaît pas ses limites tant qu'on a pas eu l'occasion de les tester. Jusqu'à présent, je suis resté dans l'ombre, je me suis contenté de faire ce qu'on attendait de moi, mais c'est en prenant des risques qu'on passe du statut de bon architecte à celui d'architecte de talent. C'est triste à dire, mais le tremblement de terre se trouve être dans mon cas bénéfique, ou comment construire sa réussite sur le malheur des autres. Sauf si mes œuvres viennent à leur tour de s'effondrer sous les assauts des humeurs changeant de notre volcan bien aimé. Mais pire que tout, ma plus grande peur serait de perdre ce qu'il me reste comme famille. Qu'il s'agisse de ma sœur ou bien de mon fils, je mords quiconque louche d'un peu trop près sur l'un ou l'autre. L'un est trop jeune pour avoir conscience du danger, l'autre bien trop naïve pour songer à s'inquiéter. Mais le danger rôde, souvent imprévisible et parfois destructeur. On se sent impuissant, et il n'y a pas pire sentiment au monde.

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.

Il y a toujours ce doute, quelque part, qui se manifeste à chaque fois qu'une nouvelle catastrophe fait surface. S'il y a réellement des Dieux qui veillent sur nous, comment peuvent-ils permettent qu'une telle chose se produise, qu'il y ait tant de morts et de blessés ? Malgré toutes les cérémonies, toutes les offrandes, toutes les prières et les sacrifices, le Vésuve toujours continue de cracher son feu. Je préfère et de loin honorer la mémoire des anciens, que de me plier corps et âme à prier un Dieu aux yeux duquel je ne suis qu'un citoyen parmi tant d'autres. Nos ancêtres sont ceux qui veillent sur nous, et je crois dur comme fer que mes parents sont quelque part pour guider les pas de notre famille. J'encourage le reste de ma famille à en faire de même, bien que ma sœur se trouve des prédispositions dans le culte de Vénus et espère entrer dans le collège de Cérès une fois mariée. Je ne reste pas totalement hermétique aux valeurs religieuses, et me plie avec ferveur au culte de Dionysos et Mercure, comme mes parents m'ont appris à le faire. Pour le reste, j'observe de loin et quand l'envie me prend de m'adresser à une force supérieure, je sais trouver mes Dieux.

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De Kaeso Nemetorius Carus à Marcus Vitruvius Pollio

Pompéi, 709 AUC

M

on nom est Kaeso Nemetorius Carus et je suis le fils de Kaeso Nemetorius Faustus. Je suis issu d'une ancienne famille d'artisans, œuvrant à Pompéi depuis des décennies. Seul héritier des Nemetorii, mes parents s'attendent à me voir épouser le métier de teinturier afin de reprendre le commerce familial. Mais j'embrasse en secret une toute autre voie depuis des années. Depuis un voyage effectué à Palerme où mon père était attendu pour négocier quelques tissus. Il m'avait emmené avec lui, dans l'espoir de me faire apprécier le métier, et de commencer à me forger pour prendre la relève. Mais mes yeux ne se sont nullement posés sur quelque toge en laine ou autre tunique en lin. Seul comptait l'amphithéâtre, qui était pour moi encore plus beau que Venus sortie des eaux. Nous possédons à Pompéi quelques bâtisses majeures, mais aucune ne m'a provoqué d'émotion comparable à ce que j'ai pu ressentir en visitant Palerme. Jamais je ne me serai douté qu'un tas de pierres posées les unes sur les autres serait capable de me provoquer autant d'émotion, et de mettre en route mon imaginaire. Bien loin de me conforter dans l'idée de poursuivre les pas de mes ancêtres, je me voyais déjà en bâtisseur d'un tel spectacle.

c

'est pourquoi je me permets de vous adresser cette missive sur les conseils de mon maestre, dans l'espoir d'apprendre l’honorable métier d'architecte à vos côtés. Votre réputation grandissante dépasse avec force l'enceinte de Rome et c'est de Pompéi que je trouve le courage de vous demander de m'accepter comme élève. Je suis prêt à quitter ma ville et mes repères pour vous suivre et vous seconder à Rome. A défaut de posséder une prédisposition pour commencer une telle carrière, je saurai me montrer motivé et enthousiaste, et je ne crains nullement de devoir travailler d'arrache-pied pour me faire un nom qui peut-être côtoiera un jour le vôtre. Malgré mon jeune âge, je sais avoir trouvé ma voie, et préfère renoncer à tout héritage que de devoir parler de broderies et de tissage toute ma vie.

V

ous trouverez ci-joint une lettre de recommandation écrite de la main de mon maestre qui saura, si je n'ai pas réussi à le faire, finir de vous convaincre de m'accepter comme apprenti. J'attendrai votre réponse avec toute l'impatience qui est due à mon jeune âge et vous prie de croire, Marcus Vitrivius, à mon plus profond respect.

Kaeso Nemetorius Carus

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De Titus Fulvius Felix à Marcus Vitruvius Pollio

Pompéi, 709 AUC

V

euillez excuser quelques tournures de phrases de ce jeune sot, emporté par sa fougue et son enthousiasme. Si quelques règles et un cadre moins permissif lui fontt sûrement défaut, il ne manque cependant pas de volonté. Vous devez savoir que ses parents ont cru pendant bien longtemps ne pas avoir d'enfant, et mon élève est arrivé tel un miracle longtemps boudé par Junon dans sa famille. Ses parents ayant déjà passé depuis longtemps l'âge auquel on s'attend à élever son premier enfant, Kaeso manque cruellement d'une éducation ferme et réglementée. Il a grandi dans un milieu qui lui était entièrement dévoué, et sa famille s'est montré à bien des égards beaucoup trop laxiste et cela s'est répercuté sans nul doute sur le caractère de l'enfant.

S

i je prends l'initiative de vous évoquer tout cela, ce n'est nullement pour vous faire peur et vous inciter à refuser sa candidature, bien au contraire. Je suis à l'origine de sa lettre et je me verrais fort peiné de voir qu'elle ne donne aucune suite. C'est simplement pour que vous ne soyez pas surpris devant le caractère quelque peu... turbulent et quelques fois incorrect du garçon. Je veille en tant que maestre à palier à ce qui a pu lui manquer dans son enfance. Et il m'est toujours désolant de me trouver fort démuni et incapable de le garder focaliser sur une leçon plus d'une demi heure. Pourtant, Kaeso est un garçon fort curieux, vif d'esprit et ma foi intelligent. Son imagination est sans limite et c'est pourquoi je m'en remets à vous.

C

omme vous avez pu le lire dans ses écrits, il est passionné depuis longtemps par votre métier et c'est bien la seule matière où j'arrive à la garder éveillé sans qu'il ne perturbe le reste de la classe. Chacune de ses rares interventions pendant les leçons sont pertinentes et recherchées. Je suis certain qu'il saura se montrer à la hauteur, et pour peu qu'on se donne la peine de lui inculquer quelques bases de bienséance, c'est un très bon élément. Il montre assez de ruse pour créer de nombreuses farces et se trouve être un fin meneur quand il s'agit d'y entraîner ses camarades. Il est question de mettre à profit ces qualités pour de bien meilleures activités. Quelques années de plus à mes côtés et il aurait pu être l'un de mes meilleurs élèves. Mais je crains de ne pas réussir à le passionner autant que vous. Si vous pensez avoir assez de courage pour supporter ses nombreux élans et essayer de le raisonner, alors sachez que vous avez trouvé à n'en pas douter un élément digne de prendre votre relève en tant que jeune et nouvelle génération.

J

e reste bien évidemment à votre disposition si vous avez besoin d'éclaircissements sur une question ou une autre. Il ne s'agit pas là de continuer à faire son éloge mais bien d'admettre que malgré quelques écarts de conduite, il saura s'assagir et se donner corps et âme à ce qui le passionne réellement. La motivation est son meilleur moteur et je sais qu'il n'en manque pas vous concernant. Je veux croire qu'il saura réussir dans la voie qu'il a choisi, c'est là le désir de toute maestre de voir ses élèves réussir dans leur carrière.

Maestre Titus Fulvius Felix

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De Kaeso Nemetorius Carus à Naevia Nemetoria Caelia

Rome, 717  AUC

M

ère, croyez bien que j'ai lu avec grand intérêt votre désir de me voir marié et de vous offrir la possibilité de connaître votre petit-fils. Rome ne me laisse pas une minute de répit, et Vitruvius s'avère aussi sévère qu'exigeant. Mais c'est ce qui fait de lui un excellent architecte et un bon professeur. Ces sept années m'ont beaucoup apporté, et il n'y a pas un seul jour sans que je n'apprenne de nouvelles choses. L'architecture est une discipline très complète et encore plus passionnante que ce à quoi je pouvais m'attendre. Je sens d'ici votre déception et votre désir de me voir abandonner ces idées farfelues pour venir succéder à père. Mais la vérité est qu'il me faut continuer cet apprentissage, je ne me vois nullement exercer un autre métier. Bien que mon maître est avare de compliments, je sais qu'il pense que je lui ferai honneur dans le futur, l'ayant entendu en parler à d'autres compagnons. Je lui serai éternellement reconnaissant d'avoir placé autant de confiance en moi, et j'espère ne jamais le décevoir de la façon dont je vous ai déçu.

R

ome est une ville agréable, bien qu'elle ne remplacera jamais Pompéi et ses habitants dans mon cœur. La capitale ne dort pour ainsi dire jamais et cela peut s'avérer aussi exaltant qu'éreintant, au final. Je commence doucement à m'habituer au rythme de vie tellement plus soutenu que par chez nous. Ici, tout est expédié, nous n'avons pas le temps de nous attarder sur un contrat qu'il nous faut déjà nous pencher sur le suivant. Tous les jours, un nouveau prétexte est trouvé pour faire la fête, mettre en place une cérémonie pour telle ou telle divinité ou encore organiser des combats de gladiateurs qui rivalisent à n'en pas douter avec les meilleurs de Pompéi. Comme vous le savez, je vis dans la demeure même de mon maître, auquel je suis apparemment plus que redevable. Mais il va m'aider à trouver un nouveau logement dans le cœur de Rome, pour que je puisse retrouver mon indépendance et un semblant de liberté. La seule chose qu'il me manquera, c'est votre présence et celle de Nemetoria. Comme ma petite sœur me manque, et je regrette tous les jours de ne pas la voir grandir. Comment est-elle ? Est-ce qu'elle parle de moi ? Je l'ai quitté beaucoup trop tôt, elle ne doit même pas se souvenir de moi ...

I

l me tarde d'être à cet été pour venir vous rendre visite, si le travail me le permet. Il y a quelqu'un dont j'aimerais que vous fassiez la connaissance. Si je cherche à voler de mes propres ailes, c'est aussi dans l'espoir d'épouser une jeune femme rencontrée il y a quelques temps alors qu'un valeureux gladiateur se voyait gracié après un combat haut en couleurs. Je ne connais pas de jeune femme plus gracieuse et puisque vos vœux vont en ce sens et que le devoir me l'impose, je pense demander incessamment sous peu sa main à son père. Sa famille me tient en haute estime, ils sont des connaissances proches de mon maître et j'ai de grandes chances d'être accepté. Vous voyez, malgré la distance je ne vous oublie pas et reste à tout jamais votre enfant dévoué.

J

'aimerai continuer cette lettre, ayant tant de choses à vous raconter. Mais il me faudrait plus d'un parchemin pour vous narrer toutes mes péripéties. Et déjà le temps me manque. Je suis attendu ce soir pour dîner à la table d'un sénateur nous demandant de rénover sa villa trop vétuste à son goût. Comme je vous le disais, je n'ai pas un moment pour trouver le temps long. Je vous embrasse fortement, et vous charge de saluer pour moi mon père et ma sœur.

Kaeso Nemetorius Carus, votre fils bien aimé.

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De Kaeso Nemetorius Carus à Marcus Vitruvius Pollio

Pompéi, 722  AUC

J

e suis au regret de vous annoncer que je vais devoir renoncer à mes plans. Je me trouve dans l'incapacité de quitter Pompéi et ce bien à contre cœur. En effet, la maladie rongeait ma mère depuis de nombreux mois, et elle a fini par succomber à sa douleur le mois dernier. Affaibli et accablé par le chagrin, mon père l'a suivie de peu, laissant ma jeune sœur sans autre protection que la mienne. J'ai hérité du même temps de la demeure familiale, ainsi que du commerce florissant qu'ils possédaient, comme vous le savez. Je pense garder quelques temps encore la teinturerie dans la famille, et l'offrir en dote à celui qui se trouvera digne d'épouser ma sœur. Je ne peux pas officier à la fois en tant qu'architecte et tenir le commerce comme le faisait ma famille. Mon oncle se charge de le suppléer en attendant de trouver le parti idéal pour Nemetoria.

M

ais vous comprendrez sans doute que je ne puis quitter Pompéi sans laisser un vide derrière moi. Et depuis deux ans que je suis rentré dans ma ville natale, je n'ai pas à rougir de la certaine notoriété qui court à mon sujet. Bien qu'elle n'égale pas encore la vôtre, je me félicite de l'avoir construiet seul. On ne me confie pas encore de lourds chantiers, mais ça ne saurait tarder et j'ai de bonnes raisons de croire qu'on fera appel à moi pour un projet d'envergure d'ici quelques semaines. C'est un grand honneur et je crois que je vous le dois. Je n'ai pas su vous remercier comme il se doit, suite à mon départ précipité de la capitale. Sachez cependant que je vous tiens en haute estime et vous considère depuis bien longtemps déjà comme mon père spirituel. Je saurai me montrer à la hauteur de la confiance que vous avez placée en moi.

J

'ai bon espoir de voir Tacitus me suppléer un jour, et peut être vous l'enverrais-je dans quelques années pour qu'il soit formé aussi bien que je le fus. Bien entendu, je ne le forcerai jamais à exercer un métier qui ne lui sied pas, ayant moi même pris quelques libertés quant à la carrière que l'on me destinait. Les parents de Livia me pressent de revenir pour qu'ils puissent voir grandir leur petit-fils. C'est le seul souvenir qu'il leur reste de leur fille unique. Je crois que quelque part, ils m'incombent la responsabilité de son décès. Je ne peux guère leur en vouloir, il faut un responsable à tout malheur et j'ai moi même longtemps rejeté la faute sur mon propre enfant avant de voir que cela ne servait à rien. Il lui ressemble beaucoup, et j'ai l'impression de la voir dans chacun de ses sourires. Nous avions fini par trouver un équilibre rare au sein d'un couple, même si nous ne pouvons nous vanter de nous avoir vraiment aimé, au moins étions-nous heureux.

M

ais j'ai épousé une toute nouvelle vie, centrée sur mon travail et l'avenir de mon enfant. Mes proches m'encouragent à trouver une nouvelle épouse, pour le bien de Tacitus, mais je n'ai pas encore le cœur à y penser. Nemetoria se débrouille fort bien dans ce rôle et je ne suis pas pressé de la voir mariée. Vous devriez venir jusqu'à Pompéi un de ces jours, je me ferai une joie de vous accueillir comme il se doit et de vous faire découvrir les beautés qu'elle recèle.

Kaeso Nemetorius Carus, votre élève dévoué, pour toujours.

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