Nasica

→ Ce que je pense de Pompéi
J'aime Pompéi. J'aime la vie que j'y mène. Et surtout que cette ville soit loin de Rome où ma Domina est loin de tout danger.

→ Ce que je pense de la politique
Je n'ai pas d'avis sur la politique. Quelqu'un de ma classe n'a pas à penser à la politique. Cependant, j'y pense seulement si ma maîtresse me demande d'y penser. Ou si cela peut lui servir bien sûr. Et je suis douée pour écouter les autres en parler et retranscrire les idées fidèlement à ma maîtresse. Surtout si cela concerne ses grands projets.

→ Ce que je pense des jeux
Comment peut-on aimer voir des hommes et des femmes se faire massacrer pour le plaisir des autres ? Bien que je dois avouer que les gladiateurs sont beaux, je ne prends aucun plaisir à les regarder. Cependant, je sais que maîtresse Helvia les apprécie donc je ne le montre pas.

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions
Mon avenir est celui de ma maîtresse, c'est-à-dire que je veux passer le reste de mes jours à aider et prendre soin de ma maîtresse. Je ferais tout pour elle.

→ Ma pire crainte
Ma pire crainte serait que domina Helvia ne veuille plus de moi et ne me fasse plus confiance, c'est l'unique personne auquel je tiens dans mon monde

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.
Je suis très croyante. La croyance que je place en eux m'a beaucoup aidé tout au long de ma vie. J'aime aussi croire que le fait que je sois une croyante fervente aide aussi Helvia.
Je vénère plus particulièrement Athéna, Déméter et Héra car elles symbolisent les modèles féminins que toute femme devrait atteindre

D’origine Epirote, fille de Dràkon, esclave depuis trois générations, c’est comme cela que je pourrais me décrire. Il n’y aurait pas grand-chose à dire non plus sur mon passé, à part le fait que je n’ai jamais connu mon père et que ma mère m’a élevé tant bien que mal en servant une famille plébéienne d’Antracie. Je pourrais aussi dire que j’ai vécu une enfance tout à fait convenable pour une esclave et cela malgré les dures labeurs ou les coups de fouet que je connus dès que j’eu la force de porter quelque chose en marchant. Je pense que j’aurais prise la place de ma mère si les romains n’avaient pas décidé de saccager et piller ma ville natale. Depuis que l’Epire était devenue une province romaine, les armées romaines venaient régulièrement sur nos terres pour trouver de la main d’œuvre servile. Ma mère et moi n’y avions pas échappé alors que nous revenions du marché. J’avais alors sept ans.

A partir de ce moment-là, livrées aux bons vouloirs des marchands d’esclaves qui nous avaient enlevés, je crois que j’ai vécu les pires moments de ma vie. J’ai eu beau prié les dieux, du matin au soir, aucun n’est venu pour alléger nos douleurs et nos peines. Nous avons marchés des kilomètres pieds nus sans boire ou manger, nous avons pris un bateau où nous étions tous serrés comme des rats dans une cale immonde. Et ma mère, ma pauvre mère, épuisée par ce si long voyage dont nous ne voyions pas le bout, mourut dans mes bras. Elle fut enterrée dans une fosse avec une dizaine de nos congénères beaucoup trop vieux ou trop faible pour survivre à des conditions si terribles. J’ai alors repris le chemin, seule, jusqu’à arrivée à Rome. Ville grandiose, certes, mais que je haïssais pour m’avoir arraché le seul être en qui je tenais.

Cependant, mon destin fut moins horrible que je n’aurais pu le croire. Je venais de fêter ma huitième année  lorsque les dieux entendirent mes nombreuses suppliques, ce fut un romain dont je ne me rappelle plus le nom qui m’acheta. Je me rappelle juste de son énorme ventre et des nombreuses bagues qui me firent mal lorsqu’il me palpa de partout. Et, en voyant mon apparence de plus près, il décida de me renommer « Nasica », parce que mon nez fin lui plaisait et qu’il trouvait que cela me donnait un bon air. Un air qui plairait au couple à qui il allait m’offrir pour leur mariage.

Ce fut ainsi que je me retrouvais, par le pouvoir des Dieux, à servir la famille des Claudii. A ma grande surprise, on m’apprit à lire et à écrire, ce qui était réservé à l’élite dans ma ville natale. Trop heureuse de ces connaissances même si je n’étais qu’une esclave parmi tant d’autre et malgré les charges harassante de ma condition d’esclave comme le ménage ou le service, j’apprenais sérieusement ses enseignements. Et, c’est aussi à cette époque là que je fis la connaissance d’Antonius Claudius, le neveu de Marcus Claudius. Ce dernier, était très intéressé par mes leçons. Je pense surtout qu’il était intrigué par mes manières de revoir tout ce que je savais en faisant mes tâches habituelles. Nous fîmes connaissance et il avait pris l’habitude de me rendre visite régulièrement en me ramenant des petites choses comme des galets polis ou des petites fleurs. Malheureusement, alors que nous grandissions tout les deux, je le perdis de vue mais je garde encore tout ce qu’il m’a offert et tout les bons moments que nous avons passés ensemble.

J’ai toujours osé croire que mes services dévoués à la famille Claudii me permis de devenir l’esclave personnelle de ma domina, Helvia Claudia Scaevola à l’âge de seize ans. Ce titre me permettait, en somme, d’acquérir un train de vie plus agréable et une certaine supériorité par rapport aux autres esclaves mais je dois avouer que je n’ai pas l’âme à en profiter. Les Dieux sont bien capables de déchoir quelqu’un de vantard, les légendes le montre bien. De même, je reçus avec douleur mais avec une certaine fierté, la marque de ma maîtresse sur le visage. L’omoplate plus exactement et je vécus cela, je m’en souviens très bien, comme un talisman protecteur contre les marchands d’esclaves que j’exécrais plus que tout. C’est ce sentiment de protection, pourtant illusoire je m’en suis rendue compte après, que je décidais de faire tout ce que je pouvais pour protéger ma maîtresse.
Helvia était, et l’est encore, une dame pleine d’ambition et d’intelligence. Je la voyais grandir, tout comme moi, dans un carcan qui ne lui allait pas. Je sentais qu’elle rêvait de grandeur. Elle me faisait penser à une colombe dans une cage. Et c’est pour cela que j’ai toujours voulu l’aider, quitte à me faire réprimander par mon dominus. En retour, Helvia ne m’avait, et ne m’a, jamais maltraité.

Mais certaines choses changèrent une nuit de ma vingt-deuxième année lorsque Marcus Claudius Celsus mourrut. Je ne saurais expliquer comment il est mort. A vrai dire, cela m’importait peu. Seule Helvia m’inquiétait. Je me souviens des sentiments de peine qui me rongèrent en voyant sa déchéance sociale et ma peur grandissante de voir quelqu’un chercher vengeance alors que ma domina ne méritait pas ! Je ne cessais de lui répéter de partir, de partir avant l’irréparable. Je pense que cela l’aida un peu dans ses réflexions car, deux semaines plus tard, après avoir organisé les préparatifs de son déménagement et après avoir été vendre la plupart des esclaves, nous partîmes pour Pompéï.

Aujourd’hui, cela fait dix ans que je vis à Pompéï et j’ai eu le temps de me faire à cette nouvelle ville. Ville que j’affectionne beaucoup plus que Rome. Je suis devenue, peu à peu, la confidente de ma maîtresse et je la protégerais quoi qu’il se passe, j’en ai fais la promesse aux dieux