MARCUS POMPEIUS ♣ Legibus idcirco omnes servimus ut liberi esse possimus.

→ Ce que je pense de Pompéi
Pompéi est la ville qui m'a vu naître. J'ai passé mon enfance, mon adolescence entre les murs de cette cité. Et je me sens chez moi. Il y a une atmosphère détendue ici, si on oublie les intrigues qui l'agitent. Et puis, la mer est à quelques mètres de la villa familiale. Je la vois chaque matin, et chaque soir avant de fermer les yeux. Et je ne trouve pas d'autre spectacle plus splendide qu'un levé ou un couché de soleil sur l'horizon. Quant à ses habitants, ils semblent oublier la vie au delà des murs et ne s'inquiètent que de leurs présents, et du restant de la journée. Sans voir qu'il y a une autre vie derrière les remparts de la ville. Mais ils sont dans un coin de paradis, alors pourquoi leur en vouloir.

→ Ce que je pense de la politique
Au grand dam de mon père, je m'ennuie fortement en politique. Je déteste devoir lire, relire, éplucher des décrets à longueur de journée. Je déteste devoir siéger au conseil des Decurions. Je m'ennuie. La politique n'est pas fait pour un homme comme moi. Je me sens davantage à l'aise sur un cheval, sur un terrain de bataille, qu'assis sur les gradins de la curie et portant la toge décuriale. Je ne veux pas devenir un élu de la cité, ni à Pompéi, ni ailleurs. Mais je sais que tout cela, tient beaucoup à mon père, le Diuumvir. Je me vois ainsi partagé entre l'obéissance que je dois à mon père, et l'envie de rejoindre les campagnes militaires et mener ma propre vie.
 
→ Ce que je pense des jeux
C'est une distraction comme une autre. Même si ce n'est pas celle que je préfère. J'avoue malgré tout, qu'il m'arrive souvent d'aller à l'amphithéâtre. C'est un spectacle qui me rappelle à quel point, l'homme est capable de tout pour survivre. C'est un honneur de combattre pour sa maison, bien plus que de faire preuve de lâcheté au détour d'une rue, pour ôter la vie ou dépouiller un quelconque habitant de la cité. Mais je remarque de plus en plus que les gradins de l'amphithéâtre deviennent un lieu de négociations politiques et matrimoniales, ce qui m'exaspère au plus haut point.

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions
Mon avenir, je le voudrais loin de Pompéi. Non pas que je déteste la cité, bien au contraire. Mais je n'ai pas envie de passer ma vie enfermé entre ses murs. J'ai envie de découvrir les régions alentours, de parcourir les terres, l'épée à la main. Je rêve de gravir les échelons de l'armée et de devenir un grand général. Un général respecté par ses subordonnés, qui sache prendre de bonnes décisions, faire honneur aux Dieux et à ses pairs. J'aimerai m'élever dans la hiérarchie par mes propres moyens. Malheureusement pour le moment, je ne vois qu'une vie triste et dictée par la familia, qui m'attend dans la cité.

→ Ma pire crainte
Déshonorer ma famille. C'est la seule crainte que mon cœur connaisse à cet instant. Je viens d'une grande lignée de patriciens, respectés et honorés par tous. Je ne veux pas venir à l'encontre de ce que mes aïeuls ont légué à notre famille depuis des années. Pour cela je suis capable de m'oublier, d'oublier mes envies, mes espoirs, mes rêves d'avenir. Pour elle, je suis prêt à renoncer à la seule chose qui pourrait faire de moi, un homme comblé.

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.
Je me considère comme quelqu'un de profondément religieux. Les Dieux sont omniprésent dans ma vie, dans celle de ma famille et des habitants de la Cité. La foi dans les divinités me permet de croire encore à un avenir différent, à assurer le maintien et le bien être de ma famille. Pour cette raison, je me rends régulièrement aux temples et je fais des offrandes régulières aux autels de notre villa. Je suis certain que les Dieux peuvent influer sur mon Destin mais je sais aussi que je leur dois la reconnaissance pour tout ce que j'ai obtenu dans ma vie, depuis ma naissance. Je prie volontiers Mars qui me donne la force à chacune de mes batailles et chacun de mes entrainements. Vesta pour qu'elle protège ma famille et la déesse Salus pour nous offrir la bonne santé.

Mes yeux bleus se posaient sur l'horizon. Le ciel avait pris une teinte orangée et les nuages zébrés le ciel, s'étirant de par et d'autre, au dessus de la mer Tyrrhénienne. Je vivais à Pompéi depuis ma naissance mais j'appréciais toujours ces levés de soleil. C'était un spectacle que je ne pouvais pas manquer. Et comme le sommeil se faisait souvent rare ou très court, j'étais souvent sur la terrasse de la villa pour observer cette merveille de la nature. Je me souvenais très bien de mon enfance et de ces fois où mon père et moi étions à cet endroit précis où je me tenais en ce moment. Il me montrait la mer face à nous, les terres plus loin, au delà de l'eau. Il me racontait comment notre patrie s'était construite. Il me parlait des héros qui avaient contribué à sa gloire. Il me parlait ensuite de notre famille, des Pompéi qui avaient donné le nom à cette Cité qui s'étendait près de nous. J'étais conscient dès cet âge, que j'avais un rôle à jouer, des engagements à tenir, des devoirs à respecter, une famille à honorer. Je devrais à mon tour, poser mon empreinte sur les dalles de la cité et faire en sorte que personne n'oublie notre nom. Mon père, je l'admirais et je l'admire encore. Il était un modèle pour moi. Il faisait toujours preuve de sang froid même quand les gens le haranguaient dans la rue. J'étais fier de lui, fier d'être son fils et son héritier. Et j'ai tout fais dans ma vie, dans mes gestes, mes décisions pour ne pas trahir la confiance qu'il avait mit en moi. Il attendait de moi que je fasse de grandes choses, que je marche sur ses traces et que je sois digne du nom qu'il m'avait donné.

   J'ai toujours voulu être un fils parfait à ses yeux. Je faisais des efforts pour le contenter et entendre un compliment de sa bouche. Malheureusement, bien que nous nous entendions très bien, il y avait des sujets que je savais qu'il était inutile d'aborder avec lui. Un notamment: ma passion pour les armes et le combat. Depuis que je suis petit, j'ai toujours apprécié me battre contre mes camarades. Je faisais preuve de beaucoup d'acharnement pour avoir le dessus. Mon épée en bois s'est transformée en épée de métal. Pendant des mois, elle m'avait suivi partout au grand dam de ma mère et surtout de mon père. Je n'étais qu'un gosse mais j'avais cet amour dans les veines. De ce point de vue, c'était la seule chose qui me différenciait de mon paternel. Je ne lui ressemblais pas sur ce point bien qu'il aimait les armes, il était davantage politicien dans l'âme. Les armes, l'armée, et les batailles ont été les premiers sujets de nos discordes. C'étaient des disputes impressionnantes pendant lesquelles ni lui, ni moi ne voulions reconnaître nos torts et s'avouer vaincu. Ce n'était pas digne d'un Pompéi. C'était souvent maman qui venait mettre un terme à nos joutes verbales. Sa douceur, sa diplomatie arrivaient à venir à bout de nos querelles.

En grandissant, il m'emmenait à la Curie ou au Sénat. Il me parlait des lois qui régissaient notre société, notre vie de citoyen. Il parlait avec un tel entrain que je ne pouvais que me rendre compte, que toute cela lui tenait à cœur. Pourtant, dès que j'avais un moment de libre, je filais à l'écurie, je prenais un cheval et je montais dessus. Je faisais des balades dans les environs. J'allais voir le forgeron qui s'occupait des commandes des légionnaires qui habitaient dans la Cité. Je regardais avec quelle adresse, il accompagnait chacun de ses gestes. Cette minutie dont il faisait preuve pour graver le métal, rendant chaque pièce unique. A mon quinzième anniversaire, je recevais une épée gravée à mon nom de la part du frère de mon père, l'homme duquel je tenais mon prénom. Marcus était comme moi, c'était un homme d'armes. Il en avait fait son métier et je l'enviais déjà pour ça. Mais je mesurais mon admiration quand mon père était à nos côtés. Je savais que sa colère pouvait me faire perdre la jouissance de ce que je tenais entre mes mains. Alors, j'avais décidé de donner autant de place à la politique, qu'à mes entrainements militaires. Je faisais en sorte pour que mon père ne puisse rien me reprocher bien que j'étais conscient qu'il n'attendait qu'un faux pas de ma part pour remettre cette « organisation » en cause. J'ai grandi ainsi, me forgeant une solide carapace et une détermination à toute épreuve. Les entrainements avec mes maitres d'armes, m'avaient rendu orgueilleux, combattant et déterminé.

   Je me suis endurci avec l'âge. J'ai appris à faire attention à mes gestes, à mes paroles et à me méfier des autres, surtout des femmes un peu trop vénales et des hommes un peu trop curieux. Je me suis forgé un solide caractère. J'apprends beaucoup en observant les gens autour de moi. J'ai un certain don pour me faire une opinion sur les personnes que je croise. Je suis le témoin des luttes qui secouent la Cité. L'une d'elle oppose ma famille à celle des Licinii. Ma famille leur voue une haine tenace. Quant à moi, je suis perplexe. A vrai dire, seule ma famille m'importe. Je la défendrai quoi qu'il m'en coute. Et je préfère donc garder un œil sur les Licinii bien que jusqu'à présent, ils n'ont jamais attenté à mon intégrité, ni à celle d'un membre des Pompeii. Mais s'ils le faisaient, ils gouteraient sans hésiter à mon épée et croyez-moi, elle est bien affutée.

   Une brise vint chatouiller ma nuque et me tira de mes pensées. J'observais le rivage où les vagues venaient y mourir. Il était encore très tôt et aucun bruit alentour ne venait troubler mes réflexions. Cela faisait à peine quelques semaines que j'étais revenu à Pompéi. A Rome, j'ai servi ma patrie en intégrant l'armée. J'ai fais mon service militaire en rejoignant un turme et en devenant un cavalier. Pour la première fois depuis des années, je faisais ce que je voulais. Je montais à cheval, je maniais l'épée avec des hommes qui avaient la même passion que moi. Et je n'avais qu'une envie: retourner à Rome. Malheureusement mon père avait d'autres projets pour moi. Il m'a obtenu une place au Sénat local alors que la politique me répugne toujours autant.
Je soupirais, fermant un instant les yeux avant d'entendre des pas. Je me tournais vers la grande allée qui menait à l'entrée de la Villa. Comme chaque matin, elle venait prendre son service. Comme chaque matin, elle tenait un bouquet de fleurs dans ses mains, donné par le jardinier de la villa. Elle allait le déposer dans la demeure des maitres qu'elle servait depuis son plus jeune âge. Les années avaient passé mais elle gardait les traits familiers de cet enfant que j'avais connu. De cette petite fille aux boucles brunes et au visage semblable à celui de la déesse Diane dont le buste ornait l'un des temples de la Cité. Elle avait grandi, elle était devenue une femme aux courbes harmonieuses malgré la tunique qui la couvrait, je pouvais encore les deviner. Je l'observais marcher, sans bouger. Comme chaque matin, j'allais l'ignorer et je ne lui adresserai aucun mot. Comme chaque matin, je ne ferais pas attention à sa présence. A la présence de cette femme qui hantait mon esprit et qui avait emprisonné mon cœur au sien, à jamais. L'esclave releva ses yeux sur moi. L'espace d'un instant, comme chaque matin, elle s'attendait à un geste de ma part, à une parole. Mais comme chaque matin, j'allais poser un regard impassible sur elle et aucun mot n'allait sortir de ma bouche. Et comme chaque matin, elle baissé ses yeux, détournait le visage pour ensuite entrer dans la demeure.

Je m'appelle Marcus Pompeius Fortunato, j'ai vingt-quatre ans. Je suis le fils de Lucius Pompeius Publicola et mon destin est tout tracé. Je m'appelle Marcus Pompeius Fortunato et mon destin est déjà en marche.