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 Pardonne-moi, Musca, cette fois encore... [Musca & Corvus]



POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Insula :: Repaire du Corbeau
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Ven 3 Avr - 19:26
Pardonne-moi, Musca, cette fois encore... [Musca & Corvus]   




Manius Oppius Corvus
₪ Arrivée à Pompéi : 15/06/2014
₪ Ecrits : 386
₪ Sesterces : 2
₪ Âge : 28 ans
₪ Fonction & Métier : Masseur aux thermes

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: C'est la femme qui choisit l'homme qui la choisira.
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: j'ai bien trop d'amour pour une seule femme !
Manius Oppius Corvus
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Pardonne moi, Musca,

cette fois encore...



Villa des Oppii - Forum - Auberge Fausta
Veille des Ides d’Avril, an 725 AUC - Suite de la venatio

Alors que tout autour de moi je n’entends que des rires et des embrassades exprimant tout le soulagement qui imprègne la cité enfin libérée des fauves, je m’engouffre dans les ruelles les unes après les autres, le souffle court et le regard teinté d’une angoisse qui me tiraille le ventre et ne cesse de me faire accélérer l’allure. Les légionnaires venus débarrasser Pompéi des prédateurs nous ont assuré que les rues étaient sûres, désormais. Mais qu’a-t-il bien pu se passer durant toutes ces heures durant lesquelles j’étais pris au piège dans cette maison délabrée avec Voroncius et la petite serveuse ? Qu’en est-il de mon père, de Lucanus et de mes sœur ? Ces questions ne cessent de se répéter dans ma tête alors que je refuse de freiner ma course jusqu’à la maison des Oppii. Et quand j’aperçois enfin la domus familiale, ma peur est telle que tout mon corps tremble et non seulement de fatigue. J’arrive à l’entrée et me surprend à hésiter quelques secondes, priant intérieurement pour que rien ne soit arrivé à ma famille et que les bêtes n’aient jamais croisé leur chemin. Mes entrailles me tiraillent comme jamais alors que je me décide enfin à franchir le seuil.

Dans la villa, l’activité des quelques esclaves est telle qu’ils ne me remarquent pas tout de suite. Chacun court d’un bout à l’autre de la bâtisse dans un chaos tel que j’en ai rarement vu. La confusion se lit sur leurs visages alors qu’ils doivent sans aucun doute effacer déjà toute trace des événements fâcheux d’aujourd’hui, qu’elles proviennent de l’épaisse couche de poussière qui macule le sol ou du désordre entraîné par quelques bibelots tombés par terre dans la panique. Se pourrait-il que l’horreur soit entrée jusqu’ici ? Je secoue immédiatement la tête pour faire sortir ces pensées noires de mon esprit et accoste immédiatement un homme, n’y tenant plus :

- Hé ! Toi, là-bas ! lancé-je à cet esclave de près de dix ans mon aîné, maigre comme un vieillard.

- Dominus !      

Je lis l’étonnement sur son visage. Ses yeux me détaillent un instant et je réalise alors mon état. Ma tunique bleue est déchirée de part en part et la poussière qui étouffe chaque parcelle de ma peau est même parvenue à blanchir mes fins cheveux noirs. Je crois qu’il cherche des blessures que je sais ne pas avoir, loués soient les dieux. Les seules égratignures qui marquent ma peau sont celles que je me suis moi-même infligées durant notre course folle ou lorsque je me suis effondré sur le sol de notre abri avec Ausonia Rufia dans mes bras. Alors qu’il m’inspecte ainsi, je demeure immobile, tentant de récupérer mon souffle, et gardant sur l’esclave décontenancé des yeux de merlan frit. Ce n’est que lorsqu’il ouvre de nouveau la bouche que je reviens pleinement à moi.

- Dominus ?      

- Où sont-ils ? lui demandé-je aussitôt. Vont-ils tous bien ?

- Oui, dominus, tous ont réchappé à ces créatures…

- Oh ! Merci…

Mon soupir de soulagement résonne dans l’atrium alors que mes jambes flageolantes parviennent à me mener jusqu’à un mur sur lequel je fais immédiatement reposer mon dos. A bout de souffle, je grimace en inspirant profondément alors que je fais l’effort d’avaler la salive pleine de poussière qui me laisse un goût âpre dans la gorge et rend ma bouche terriblement pâteuse. L’esclave me regarde un instant, ne sachant visiblement pas quelle attitude adopter. Alors que les battements de mon cœur ralentissent lentement la cadence, je lui demande d’une voix bien moins tremblante.

- Où sont-ils ? Sont-ils tous ici ?

- Oui, dominus. Ils sont ici, et en bonne santé, votre père, votre frère et votre plus jeune sœur.      

- Et Musca ?

Je sens alors l’esclave tressaillir et son regard se met à me fuir. Immédiatement, mes sourcils se froncent et mon cœur rate un battement car je sens qu’il regrette déjà d’être celui désigné pour répondre à cette question. Forçant sur mes muscles exténués, je me remets immédiatement debout et m’approche de lui d’un pas menaçant.

- Où est Musca ?

Ma voix grave vibre d’une colère sourde alors que l’esclave tremble devant moi, semblant lutter intérieurement pour trouver la force de répondre à ma question. Il balbutie alors, toujours en évitant mon regard froid qui n’est plus qu’à quelques centimètres de lui :

- Je vous en supplie, dominus… Nous… Nous avons essayé de la raisonner… Nous avons essayé…      

- Où est-elle ?

Ma phrase n’est alors plus qu’un cri qui fait se tourner vers moi les regards de tous les esclaves qui arrêtent brutalement leur office. Mais rien ne sort plus de la bouche du maigrelet que je toise. Chaque seconde de plus que dure son mutisme ne fait que rendre plus brûlante encore ma colère et, dans un accès de rage, j’empoigne le bougre juste sous le menton avant de le plaquer brutalement contre le mur sur lequel je reposais à peine quelques secondes plus tôt. Terrorisé, l’esclave plaque ses mains sur la mienne, mais chacune de ses tentatives pour échapper à mon étreinte ne me fait que renforcer davantage l’emprise de mes doigts sur ses joues qui viennent douloureusement se comprimer sur ses dents. Mes hurlements résonnent à présent dans toute la domus et j’entends des bruits de pas précipités venir des pièces adjacentes avant de s’arrêter net lorsque les derniers serviteurs réalisent enfin que j’en suis l’auteur.

- Vas-tu me répondre, espèce de cervelle d’huître ? Où est-elle ? Où est ma sœur ?

- Elle est partie à votre recherche. Dominus, pitié… peine-t-il à articuler.

Mon regard noir s’estompe instantanément pour ne plus laisser place qu’à l’inquiétude et la peur. Sans même le regarder, je relâche l’esclave qui s’enfuit aussitôt, plaquant sur sa joue endolorie une main consolatrice. Je demeure immobile quelques secondes, perdu, anéanti, terrorisé à l’idée que ma sœur ait été à la rencontre d’un danger inconscient par ma faute. Je regarde sans les voir mes mains tremblantes, sentant mes lèvres frémir incontrôlablement sans pourtant laisser passer aucun son.

Fermant les poings, je n’écoute alors plus les gémissements douloureux de mon corps dont les crampes et les tressaillements m’implorent de lui offrir le repos qu’il mérite. Je fais volte-face et ressors dans notre rue du quartier de Stabies baignée dans les derniers rayons du soleil. Je regarde alors de tous les côtés, priant pour distinguer quelque part la silhouette de Musca, mais rien ne paraît devant mes yeux exorbités par mon affolement. Complètement désarmé, je ne sais même pas de quel côté commencer mes recherches. Où aurait-elle bien pu partir ? « Musca, par tous les dieux… »

L’appel du temps criant à mes oreilles, je finis malgré tout par prendre une décision et me mets à courir vers les thermes à quelques centaines de mètres de là. Il faut que je la retrouve. Je dois la retrouver. Dès que je mets un pied sur le seuil du complexe, je hurle à l’attention des quelques travailleurs s’étant réfugiés ici et, alors qu’un d’entre eux sort précipitamment d’une pièce à droite du couloir, je lui demande d’une voix étranglée :

- Oppia Musca, où est-elle ?

- Dominus, je…    

Alors qu’un grognement se fraye un chemin le long de ma gorge, je reprends ma course sans attendre la fin de sa phrase que je sais d’ores et déjà négative. Immédiatement, je me dirige vers le forum où bon nombre de familles ont décidé de se rendre pour y retrouver leurs proches et s’assurer de leur survie. Peut-être espérait-elle m’y voir ? Chacune de mes respirations me semble me brûler les poumons tant la fatigue m’empêche de courir comme je le voudrais pourtant. Mais je reste sourd à mes faiblesses, galvanisé par cette épouvante qui me fait imaginer Musca perdue au milieu d’un groupe de vautours venus profiter des derniers stigmates de chaos de cette journée pour se livrer à tous les crimes les plus graves qui demeureront certainement impunis, ou face-à-face avec un fauve oublié par les légionnaires et qui, terré jusque-là, verrait en ma sœur une ultime proie facile à pourfendre de ses griffes. Chaque vision qui vient envahir mon esprit m’arrache un horrible frisson alors que mes foulée me portent jusqu’à la pente menant au forum. Trop concentré pour prêter attention à qui que ce soit, je bouscule bon nombre de passants qui m’empêchent d’avancer assez vite et, une fois au sommet, je me retrouve face à une véritable marée humaine. L’étonnement, l’impuissance et la fatiguent m’arrêtent toutes trois à la fois. Il me faut pourtant bien m’engouffrer parmi eux et tenter par tous les moyens d’y trouver Musca. Un seul regard, une seule seconde face à elle et je sais que je la reconnaîtrai. Sans ménagement, je me fraye un chemin entre les familles qui pleurent leurs disparus ou étreignent leurs rescapés.

- Musca ? Musca !

Mes cris sont si vites étouffés par le vacarme produit par tant d’affluence au forum que mon impuissance me saute au visage et j’arrache un grognement de colère. Partout, les gens se bousculent, soupirent et sanglotent. Mon avancée est difficile, trop pour me faire garder mon calme. Soudain, une vieille femme m’attrape le bras en tendant vers moi une gamelle dans laquelle tintent quelques piécettes.

- Quelques deniers pour une vieille femme ayant tout perdu, jeune homme…      

- Ecarte-toi, vieille morue ! m’écrié-je.

Je la repousse violemment d’un revers de main et continue de m’enfoncer vers le reste de la place publique. Mes yeux scrutent chaque parcelle du forum, chaque visage qui s’offre à moi. Chaque seconde qui passe ne fait qu’accroître mon angoisse et, alors que Musca demeure introuvable, je me mets à me maudire, à me maudire de ne pas avoir été là, encore, à me maudire de n’avoir pas accompagné ma fratrie à cette venatio ridicule pour préférer perdre mes derniers deniers en paris. La colère ne cesse de monter en moi, je fulmine, enrage, m’attendant au pire des châtiments pour mon comportement de mauvais frère que je ne parviens pas à combattre. Serais-je aujourd’hui un véritable corbeau, devant annoncer à sa famille pourquoi sa jeune sœur est morte par sa faute ?

Soudain, je me pétrifie, le regard perdu au milieu de la foule. La pensée a germé sans prévenir et c’est une nouvelle peur que je sens monter en moi. Un tremblement s’échappe alors de ma gorge.

- Musca, non…

Sans attendre, je reviens sur mes pas, bousculant avec plus de force encore tous ceux qui me barrent la route. Musca me connait trop bien, peut-être mieux que je ne me connais moi-même. Je sais où ses pas ont dû la mener et cette vérité me fais l’effet d’un glaive s’enfonçant lentement dans mes entrailles. Si le corbeau de Pompéi a réchappé à l’attaque des fauves, sa première réaction, puisqu’il n’a pas jugé bon de retrouver sa famille à la domus familiale, n’a pu être que d’aller fêter sa survie au seul endroit qu’il fréquente en dehors des thermes. Le Corvus que Pompéi connaît ne pouvait aller que là-bas pour chercher à s’oublier une nouvelle fois dans le vin et les bras des putes. Je ne pouvais aller que chez Faustus.

Alors que je descends la pente à toute jambe, les dernières bribes de souffle qu’il me reste me portent plus rapidement encore que je ne l’aurais cru car le soleil est désormais couché et la nuit sonne le retour des clients les moins fréquentables de l’auberge Fausta, dont je sais faire partie, mais qui ne sauront pas faire la différence entre la sœur de l’un des leurs et une pauvre fille malchanceuse s’étant trompée de chemin pour atterrir entre leurs pattes de scélérats. Avec la journée qui vient de se dérouler, les pichets de Faustus ont dû se vendre plus rapidement encore qu’à l’accoutumée, vidés les uns après les autres par les ivrognes bien décidés à célébrer leur victoire sur l’armée de fauve qui a terrorisé les ruelles de Pompéi sans leur crever la peau. Beaucoup doivent déjà être saouls à l’heure qu’il est et si Musca a bel et bien agi comme je le crains, c’est seule qu’elle doit les affronter en ce moment même.

La sueur inonde mon front et je livre ici un dernier effort alors que les ruelles s’enchainent pour me rapprocher toujours plus du repaire de Faustus. Je prie alors pour m’être trompé, pour n’avoir été que la proie de mon imagination assombrie par cette journée mille fois troublée. Pourtant, ce sentiment que je conserve me torture et je pressens au fond de moi que je me rapproche d’elle. Mes foulées s’accélèrent une dernière fois alors que je m’apprête à passer le dernier croisement. Et, alors que je ferme les yeux une seconde, je murmure une ultime fois :

- Venus, je t’en prie… Tout, mais pas elle…

« Pas elle… »
lumos maxima
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