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 On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia



POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Rue de l'Abondance
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Dim 2 Nov - 10:37
On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




Julia Felix
₪ Arrivée à Pompéi : 29/04/2014
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Julia Felix
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On ne nait pas femme, on le devient
Epidia Tullia Ravilla & Julia Felix




- Cinquante deniers ? Pour un produit que tu vendais encore trente, le mois dernier ?

Ce produit, c’est mon parfum. Une fragrance à la fois subtile et capiteuse de pivoine et de jasmin que je ne trouve que chez Flaccus, affranchi qui a repris le commerce de son patron à la mort de ce dernier.
Le maître était bon commerçant avec ses clients –clientes- réguliers, mais l’affranchi s’avère redoutable en affaires. Si les autres dindes s’y laissent abuser, on ne roule pas Julia Felix si aisément dans la farine… Même pour un parfum dont elle ne saurait se passer.

-Ah… Tous ces tourments dans le sud, avec le Fils de l’Etna… C’est pas bon pour les affaires… Les marchands ne veulent même plus  y descendre, ils disent que c’est du suicide…

L’homme a pignon sur rue, dans la Rue de l’Abondance, et il le sait. Il pense peut-être pouvoir se passer d’une cliente telle que moi. Grossière erreur.
Je plisse les yeux, la mine fermée, en écoutant l’homme me servir son discours déjà bien rodé. Je finis par approcher légèrement mon visage du sien, le regard cinglant, et lâche la voix courtoise mais le verbe sec :

-Tu me prends pour qui, escroc ? La pivoine et le jasmin viennent de l’Est, pas du Sud… Trente deniers, c’est mon dernier mot. Et je ne rapporte pas tes pratiques fumeuses aux édiles…

L’affranchi hésite un instant, mouché de s’être fait prendre sur le fait, l’envie de refuser purement et simplement le marché lui traverse l’esprit, j’en suis certaine.
Finalement, d’un signe muet de la tête, il accepte mon offre.  Je ne peux réprimer d’afficher un air effrontément satisfait devant son attitude raisonnable et je compte lentement mes pièces d’un doigt souverain avant de les lui glisse au creux de la paume en échange de l’odorant flacon.


Tandis que je fais volte-face accompagnée de mes deux esclaves, je m’attarde sur une silhouette qui se dessine devant l’étal du marchand. Pâle et fragile, elle courbe son cou blanc pour humer son poignet. Je m’avance vers la jeune femme ainsi reconnue et lui murmure par-dessus l’épaule en lui glissant une main chaude dans le ceux du dos :

- Ne te montre pas trop intéressée où ce moustique suceur de sang s’accrochera à ta bourse jusqu’à la dessécher comme une vielle datte.

Ne t’étonne pas de cette familiarité, lecteur, si je me montre si proche, c’est que je peux me le permettre face à celle qui pourrait bien être en âge d’être ma fille et qui a bien failli un jour devenir ma bru. Je souris à Epidia Tullia Ravilla avant de l’embrasser chaleureusement.

Voilà quelques mois, depuis qu’elle est devenue veuve en réalité, que ma route a retrouvé avec plaisir celle de cette charmante enfant que j’ai bien connu jadis alors qu’elle partageait ses jeux et sa gaieté d’enfant avec mon Marius. Les années et les aléas du destin nous avaient rendues presque étrangères l’une à l’autre, mais il s’en est fallu de peu pour nous laissions les circonstances renouer le contact ente nos deux personnes, bien différentes pourtant de celles que nous étions jadis.

Plebe
Ven 28 Nov - 23:48
Re: On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




Epidia Tullia Ravilla
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Ses doigts frictionnent le dos de son poignet, à l’endroit où la peau est étrangement bleutée. Son index tourne doucement jusqu’à faire chauffer l’onguent. Elle porte alors sa peau parfumée à son visage. Son nez humecte doucement cette senteur gourmande, hors de portée pour la jeune veuve qu'elle était. C’est discrètement qu’elle se laisse aller au gout de cette essence trop luxueuse et trop charnelle. Coing et amande, ses parfums préférés. Les yeux fermés elle se laisse alors à penser que si elle en avait les moyens elle se prélasserait telle Cleopâtre dans des bains aux senteurs sensuelles...

« Ne te montre pas trop intéressée où ce moustique suceur de sang s’accrochera à ta bourse jusqu’à la dessécher comme une vielle datte. »



Les doigts de la jeune femme frissonnent et elle rattrape de justesse l’onguent. Prise au dépourvue elle repose instantanément l’objet sur l’étalage du marchand. Ses joues s’empourprent comme si elle était une enfant qui venait de se faire prendre à jouer à la patricienne, mais plus grand encore est son désarroi lorsqu’elle comprend que son interlocutrice n’est autre que Julia Félix. 

Ses yeux se dérobent pendant un instant, si ses frères la voient en sa compagnie que diront-ils? Sa position est déjà si fragile depuis son retour dans la cité… Mais déjà la chaleureuse main de Julia réchauffe son coeur de mille souvenirs, et les traits de Ravilla se fondent dans un sourire énigmatique. Alors, elles s’embrassent et c’est comme si les affres du temps n’avaient jamais existé.

Combien de temps lui faudrait-il avant qu’elle n’agisse comme avant à ses côtés? Comme lorsque le futur semblait leur sourire d’un même et unique entrain?

« Ne t’inquiète pas, ma bourse n’a pas besoin de ce moustique pour ressembler déjà à une vieille date. »

Epidia laisse échapper un sourire un peu plus franc et un soupçon de malice semble virevolter dans ses yeux. Non qu’elle veuille apitoyer la matrone sur son sort, qui n’est pas tant à plaindre que ça, mais la vérité est bien qu’elle ne peut pas s’offrir le luxe de dépenser à foison, surtout pour des détails futiles. Ses besoins féminins attendront l’avènement de son frère cadet.

Epidia se penche légèrement vers le cou de Julia et elle murmure comme pour elle même ; « jasmin et pivoine… ». L’amour charnel mélangé à un soupçon de grâce et d’élégance… Un parfum d’enfance et de jovialité. Une odeur maternelle… Certaines choses ne changeraient jamais et resteraient immuables dans le coeur de la plébéienne.

« Je suis heureuse de te voir. »

Et c’était vrai, déjà ses traits étaient moins tirés et ses joues légèrement plus rosées. Il suffisait de savoir pour comprendre… Epidia avait toujours été proche de celle que la plupart appelé « la Félix ». Si proche qu’elle aurait pu être sa belle-fille si les dieux en avaient voulu ainsi… Aujourd’hui les choses étaient différentes, le fils aimé des deux femmes n’était plus, l’ancienne Julia avait laissé place à une femme d’affaire réputée et exigeante, une matrone d’un lupanar de luxe… Elle respirait l’aisance, mais sa condition auprès des Epidii était entachée à jamais et la famille voyait d’un mauvais oeil le lien qui pouvait toujours unir les deux femmes. Heureusement, ils savaient qu’Epidia n’entacherait jamais sa réputation, elle était bien trop rigide et effacée pour pouvoir être attirée par le monde de la Félix. Rigide et effacée. Et pourtant… le jasmin et la pivoine seraient toujours un appel vers une liberté qu’elle aurait du avoir et qu’elle n’avait pas eu.








Dernière édition par Epidia Tullia Ravilla le Mar 19 Mai - 17:33, édité 1 fois
Plebe
Sam 28 Mar - 0:29
Re: On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




Julia Felix
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On ne naît pas femme, on le devient
Epidia Tullia Ravilla & Julia Felix




Toute à ma joie de cette rencontre fortuite, je pourrais le lui offrir, son parfum. A la vérité, j’en nourris un instant la pensée. Moi que ma nature généreuse et opulente n’a plus ni enfant, ni époux à chérir et à gâter de présent. Mais je crains d’offenser trop brusquement sa fierté. J’ai rarement connu le besoin mais je sais que l’on accepte difficilement une main tendue, même amie et alliée, lorsque l’orgueil est l’une des rares richesses que l’on possède. Et je sais qu’Epidia est de ces femmes-là. Petite déjà, elle compensait en fierté ce que sa naissance et le métier de son père lui déniait en honneur. J’ignore encore trop de la femme qu’elle est devenue aujourd’hui mais ces traits de caractère ne s’estompent guère avec le temps, mais s’exacerbent au contraire. Voilà pourquoi je préfère n’en rien faire, nos retrouvailles ne sont que trop fraîches, nos liens trop distendus encore pour que je prenne le risque d’un geste mal interprété. Aussi, balayé-je l’air d’une main dédaigneuse :

-Qu’importe, une fleur fraîche comme toi n’a nulle besoin d’artifices. Cet escroc fait sa fortune sur la vanité des vieilles coquettes comme moi…

Je glisse mon bras sous le sien et m’éloigne en décochant un regard sombre au marchand qui me boude. J’avais besoin de fragrances pour mes filles aussi, mais je reviendrais un autre jour lorsque le fiel aura déserté sa bouche et que nous pourrons de nouveau traiter en affaires. Je fais signe à l’esclave qui me suit pour qu’elle veille à ce que l’ombrelle reste bien toujours au dessus de nous tandis que nous avançons, les Oppii reçoivent dans quelques jours : de quoi aurais-je l’air le teint basané comme une esclave des champs ?


Ses mots me font chaud au cœur et je regarde son teint soudain rosi, preuve de l’émotion de notre rencontre. Bien que femme faite, elle a gardé un peu de cette spontanéité gauche enfantine qui continue à m’émouvoir. Je lui rends son sourire tout en enveloppant ma  main de la sienne.

-Je suis heureuse de te voir aussi, qu’Apollon te bénisse. Ton fils se porte bien j’espère ?

Etrangement, la mondaine que je suis se laisse fort émouvoir par ces petits êtres potelés. Trop sans doute, car j’ai souvent bien du mal à faire abandonner ceux de mes filles sur les marches des temples lorsque les herbes ont mal fait leur ouvrage… C’est que la perte prématurée du mien –il est certes un adolescent, mais pour une mère n’est-ce pas toujours trop tôt ?- m’a laissé un trou béant à l’âme et la présence d’enfants au lieu de l’attiser agit comme un baume apaisant sur lui, ainsi que sur ma solitude, toute relative soit-elle.


Nous prenons un moment pour déambuler entre les étals. Je me lève tôt pour m’occuper de mes affaires et prendre congé des clients qui s’en vont au petit matin, aussi je sors rarement plus tôt que 10h et cette heure m’est agréable. Il y a certes du monde, mais il est suffisamment tard pour que les charrettes et leurs attelages aient dégagés la rue de l’Abondance, que les commerçants aient rentré leur marchandise fraîchement livrée et que l’essentiel des badauds et des esclaves commissionnés par leurs maîtres soient déjà partis.
Tandis que je l’écoute d’une oreille attentive, je me rapproche d’un étal de cerises dont j’apprécie du regard la maturité et la fraîcheur. J’en raffole et bien que celles-ci ne semblent pas encore assez sucrées, je ne peux me passer du plaisir d’acquérir les premières de la saison. Maia revient, un petit sac à la main, j’y plonge mes doigts gourmands et invite Epidia à faire de même. En mordant dans le fruit rouge, un léger goût acidulé vient titiller le bout de ma langue et tandis que j’en contemple la chair rosé, je l’interroge :

-A présent que ton deuil est terminé, songes-tu à te remarier ?

Tu te dis peut-être que la Felix se mêle aisément de ce qui ne la regarde pas et tu aurais tort, lecteur. Entre femmes romaines, à l’époque où le mariage est avant tout affaire de contrat et où le veuvage n’est qu’un des aléas naturels de la vie, cette question amicale frôle la banalité convenue.
Epidia est toujours jeune mais a déjà eu la charge d’un ménage et elle s’est déjà avérée productrice de mâles. Cela fait d’elle un parti à haute valeur ajoutée sur le marché matrimonial, bien au-delà de la médiocrité de sa condition de naissance, et les intéressés ne sauraient manquer.

Et s’il y a bien une femme avec laquelle on peut sans crainte exposer ses opinions –bienséantes ou non-  sur le mariage, c’est bien avec la Felix, deux fois épouse et deux fois veuve.
Plebe
Lun 30 Mar - 1:10
Re: On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




Epidia Tullia Ravilla
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« Qu’importe, une fleur fraîche comme toi n’a nulle besoin d’artifices. Cet escroc fait sa fortune sur la vanité des vieilles coquettes comme moi… »

Ses yeux la remercient. Ils remercient cette femme qui en venant de glisser son bras sous le sien vient de balayer toutes ces années. Un tourbillon. Un tourbillon de souvenirs s’empare de sa peau qui désormais s’imprègne de l’odeur capiteuse. Fraîcheur. Son corps tout entier s’allège de cette soudaine promiscuité. Et, le gris de ses yeux se confond dans la noisette des siens… Un tourbillon. Elle ne lui serait jamais assez reconnaissante, elle ne lui serait jamais assez reconnaissante de l’accepter comme elle était, d’accepter la datte qu’elle était. 

Leurs doigts s’entrecroisent et Ravilla pourrait laisser ses paupières se fermer, pour attraper cette vague de liberté qui émane de leur rencontre. Elle pourrait le baigner de sel ce moment… Mais elle ne le fait pas et à la place ses deux mains se pressent avec ferveur sur celle de la Félix. Cette mère qu’elle aurait du avoir et que les dieux lui avaient arraché sans pitié. Elle voulait croire, oui elle le voulait croire que cette puissante femme voit en elle la fille qu’elle aurait du avoir. Etait-ce fou de le penser? Et plus encore de l’espérer ardemment? L’ombrelle leur procure un espace intime, à l’abris des regards et la veuve laisse ses joues rosirent de cette rencontre fortunée. Son corps ondule à travers les étals des marchands comme si de cette main qu’elle tenait dans la sienne, elle était déjà ailleurs… A des milles de cette ville qui lui avait enfermés ses sens enfantins dans une fiole amère et cauchemardesque.

« Je suis heureuse de te voir aussi, qu’Apollon te bénisse. Ton fils se porte bien j’espère ? »

Seule lumière, ce fils. Ce fils d’années glorieuses, cette lueur pour laquelle elle aurait donné la vie et avait donné la mort. Manilius. Un jour elle lui présenterait, un jour elle lui présenterait dans un silence maternel. Comme la gaieté c’était attristée, tristesse s’égayerait. 


« Il essaie de retrouver ses repères dans cette nouvelle ville… Caeso m’aide beaucoup. »



Sourire timide. Ce fils prodige était son arme comme son point le plus faible. Elle en était conscience et c’est pour cela qu’elle ne parlait jamais de lui. Parfois, l’obscurité de la nuit la rattrapait et elle se demandait si il savait... Les enfants comprennent les silences mieux que quiconque… Ils ont cette faculté de deviner l’impossible ... et de la garder dans leurs petites mains. Ne jamais parler. Ne jamais avouer. Ne jamais dire la souffrance dont on peut être témoin, mais grandir avec elle, une pierre marquée dans le coeur. Oui, elle craignait que son fils devienne amer, comme elle l’était devenue. Et si plus tard il se retournait contre elle? Alors oui, c’était vrai, il essayait de trouver ses repères, mais Pompéi n’était pas seul dans la balance.
Evidemment, Caeso ne savait rien. Naples était un secret entre elle et son fils, et ces petites morts. Mais les morts ne parlaient pas. Ils avaient la seule faculté d'hanter ceux qui détenaient leurs secrets. Sa soeur était plus abstraite, plus glacière que d’ordinaire mais Caeso ne posait aucune question. Il prenait soin de son fils, comme il aurait du prendre soin d’elle quand elle était enfant… Ils riaient tous les trois, ils riaient beaucoup. La vie était presque banalement simple... 



« Je ne serais pas ce que je ferais sans lui. »



Ses doigts se pressent doucement dans la paume douce de la perte qu’elles partagent. Mieux que quiconque, Julia savait ce qu’était un fils, ce qu'il représentait dans une vie… Et Ravilla n’aurait jamais pu parler de Manilius sans penser à lui. Pendant longtemps, Ravilla s’était imaginée, recroquevillée dans son lit ses doigts tremblants pour seul point fixe, ce qu’aurait été la vie s'il n’était pas mort… Aurait-elle connu l’oisiveté de l’amour? La douceur de la chair? Les frissons de la tendresse? Elle se souvenait de son sourire à chaque fois qu’elle le croisait, si tendre… L’avait-elle aimé? Ses boucles brunes se secouent autour de son visage… Elle ne l’oublierait jamais et ce fils aurait du être le sien, du moins c’est ce qu’elle aurait voulu. Mais la Fortune en avait décidé autrement, l’agonie avait duré quelques jours, quelques nuits, de trop longues heures… et elle avait repris l’homme en devenir.



Sa main blanche plonge dans le sac de l’esclave. Les cerises… c’était une de ses gourmandises qu’elle ne pouvait refuser. Le sucré que lui procure la chair croquante, porte une douceur sur le goût mortuaire de ses pensées. Elle fait fondre le fruit sous l’ivoire de ses dents savourant le moindre instant de cette rencontre avec Julia.



« A présent que ton deuil est terminé, songes-tu à te remarier ? »



Ses yeux ricochent vers le sol. Si son veuvage était officiellement terminé, officieusement il en était tout autre… Seule, devant son miroir d’étain elle laissait parfois ses doigts se prélasser sur sa peau nue. Elle commençait toujours par la nuque, derrière le creux de son oreille gauche. Là où la peau était si tendre, si douce comme si c’était le seul endroit de son corps qui restait inviolé. Il lui arrivait de frissonner, tandis que son index descendait le long de sa nuque à l’idée que la sensualité pouvait exister… Mais alors, sa main continuait vers son ventre, et la main à plat, elle se souvenait de cet enfant qu’on lui avait arraché. Qu’il lui avait arraché. Cette petite fille… Alors dans ses mains il n’y avait plus aucune sensualité. Non. Des paumes froides retrouvaient des traits déterminés. Ses traits qui ne voulaient plus du joug d’un homme. Ses traits qui refusaient l’idée qu’un autre époux puisse attenter à sa personne. Aussi misérable était-elle, non, elle ne le voulait plus. Elle ne le voulait plus.
Pourtant, les choses seraient différentes. Elle le savait. Elle était mère d’un fils en excellente santé, elle avait encore l’âge de procréer -bien qu’enfanter serait dire adieu à cette enfant morte entre ses cuisses quelques mois plus tôt-, ce qu’elle n’avait pas en dot, elle l’avait en image. C’était suffisant pour la plupart des hommes à la recherche de descendance. C’était suffisant.



« Nulle n’épouse le second sans avoir tué le premier… »



Elle porte son pouce dans sa bouche, pour détacher le suc rouge du fruit. Une lumière presque malicieuse dans les lèvres. Elle savoure sa salive qui vient se mélanger au goût du printemps. Le renouveau. Ses mots planent pendant un instant, mi-réels… 


« Mon père serait très heureux de ne plus avoir nos bouches à nourrir, c’est certain… Mais il y a certaine chose dont je ne suis pas certaine de vouloir à nouveau. Est-ce mal? »



Ses doigts libèrent les noyaux qui viennent se heurter sur les pierres de la chaussée. Etait-ce mal que de vouloir connaître quelque chose, autre qu’un devoir conjugal, un devoir d’inertie féminine? Etait-ce mal que de ne pas vouloir dire au revoir à cette douleur de la perte de son enfant? Etait-ce mal encore, d’espérer du plaisir après avoir tué de sang froid un homme? Ses pensées étaient fantasques et trop contradictoires. Elle aurait du se maudire pour penser ainsi, mais à la place elle se rapproche de Julia.

« Une matrone ne peut pas… elle ne peut pas… Je n’ai jamais eu de plaisir dans mon mariage... sa main vient trouver celle de la félicitée, pour lui donner contenance et courage, et je ne souhaite plus porter douleur au silence. »
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Mar 12 Mai - 1:41
Re: On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




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On ne naît pas femme, on le devient
Epidia Tullia Ravilla & Julia Felix




« Nulle n’épouse le second sans avoir tué le premier… »



De toutes les réponses qu’Epidia pouvait fournir à ma question, elle a choisi celle-ci… Mordant dans un fruit, j’arrête mon geste, autant surprise qu’intriguée par cette phrase qu’elle me laisse le soin d’interpréter à ma guise. Si elle souhaitait là signifier son attachement au défunt père de son enfant, voilà une bien étrange formule… Je n’ose imaginer qu’il s’agit là d’un aveu, en pleine rue et d’un air si froid et si détaché, si loin du souvenir qu’elle me laisse…

Tandis que je reprends ma dégustation interrompue, je scrute le visage d’Epidia à la recherche d’un cillement pouvant m’aiguiller sur la bonne piste. Se pourrait-il que la petite ait grandi bien plus encore que je n’aurais osé l’imaginer ? Allons, des années d’intrigues et de louvoiement dans les affaires m’auront détraqué l’esprit ! J’ai frayé avec trop de crapules pour en voir désormais partout. Oh, ce n’est pas le fait qui me choque, comprend moi bien l’ami, mais je reste trop attachée au souvenir de l’adolescente pour pouvoir l’imaginer en épouse vengeresse.

Et la suite de notre conversation, me donne toute les raisons d’être confortée dans mes certitudes : voilà qu’elle s’inquiétait de ce qu’elle pouvait vouloir, souhaiter, de ne peut-être pas vouloir jouer ce rôle que la société voulait lui faire endosser. Au fur et à mesure qu’elle parle, je vois se dessiner le portrait d’une jeune fleur à peine éclose et cueillir trop tôt. Elle goûte à une semi-liberté pour la première fois de sa vie, loin des liens du mariage et loin des entraves de l’enfance, et n’est pas certaine de vouloir retourner si vite dans son devoir de matrone. Qui serais-je pour l’en blâmer ? Moi qui n’ait de cesse de braver les convenances depuis cinq ans…


Un sourire bienveillant vient étirer mes lèvres comme ses doigts entourent les miens. Nul n’est besoin de dire comme cette confidence ne pouvait pas tomber dans meilleure oreille. A vrai dire, je suis heureuse de sa confiance et de sa liberté de ton à mon égard, j’ai pour elle autant d’affection que je pourrais en porter à un membre de ma propre famille, une fille ou une nièce.
Je présume que si elle se trouve aujourd’hui en si grande confusion, c’est peut-être parce que sa propre mère n’a pas conseillé ou guidé sa fille au moment d’endosser son rôle de femme. Toutes les matrones ne sont guère à leur aise avec ces questions, et pour cause, rares sont celles qui osent même y penser. Et ainsi, involontairement, elles reproduisent avec leurs filles un schéma séculaire dans lequel la femme, matrice, ne connait pas ni son corps, ni ses désirs et n’a d’autre alternative que de les dissimuler, l’un comme l’autre, derrière les atours de la bienséance et de la soumission. Je poursuis sur le même ton de confidence qu’elle vient d’adopter :

-Détrompe-toi ma douce, le plaisir peut exister dans le mariage. Mais le plaisir d’une femme est complexe et exigeant. Aussi, il peut se trouver de plusieurs manières et sans forcément impliquer son époux…  Attention, je ne parle pas d’adultère ! Disons, pas que…

Je lui accorde un regard mutin. Voilà bien un discours qu’on n’osera imaginer trouver dans la bouche d’une femme respectable. Voilà bien un mot à la valeur fluctuante… Et la suite ne manquerait pas de faire s’étrangler une Vestale si par hasard elle nous écoutait.

-Corrige-moi si je fais fausse route, mais quelque chose me dit que tu ne t’es jamais…

Je cherche le mot exact, sans tomber ni dans l’euphémisme, ni dans le crû. Suffisamment précis pour être clair, mais sans trop bouleverser ma jeune interlocutrice.

-Et bien… satisfaite toi-même…

Mes yeux l’interrogent, presque candides tant, en réalité, la question me semble simple, tandis que mes dents se referment sur la chair sucrée d’une nouvelle cerise. Oh ne me fais pas croire que tu rougis, lecteur… Pas à moi !
J’ose espérer me tromper pour tout te dire, et que la charmante enfant a au moins une fois fait l’expérience de ces délices solitaires dont on ose que trop peu parler. Je ne serais pas celle que je suis si je devais rechigner à mettre des mots sur les choses. Et sans doute que si Epidia avait voulu entendre un discours vertueux et bienséant de Romaine, elle n’aurait pas recherché mon conseil.

Plebe
Mar 19 Mai - 17:32
Re: On ne nait pas femme, on le devient ₪ Epidia   




Epidia Tullia Ravilla
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« Détrompe-toi ma douce, le plaisir peut exister dans le mariage. Mais le plaisir d’une femme est complexe et exigeant. Aussi, il peut se trouver de plusieurs manières et sans forcément impliquer son époux…  Attention, je ne parle pas d’adultère ! Disons, pas que… »



Contenance et courage ce sont les réconforts que sa main égarée dans la sienne recherchait. Ce n’est pas ce qu’elle y trouve. Les paroles de la Félix sont étrangères, interdites et inespérées. A son appel elle avait répondu. Son regard insoumis lui décroche sa lèvre inférieure. Sa bouche s’entrouvre inspirant les paroles de la belle. Elle tait la voix intérieure qui lui dit que dans quelques instants elle sera une femme perdue. Aucune matrone ne s’adonne aux conseils d’une maquerelle. Ces conseils… ils sont pour les putains. Et pourtant… pourtant son buste se relève un peu plus pour cueillir en son sein les confidences de sa protectrice. 


« Corrige-moi si je fais fausse route, mais quelque chose me dit que tu ne t’es jamais… Et bien… satisfaite toi-même… »



Ses yeux gris scrutent un instant les siens, mais il n’y a que l’inconnu. Latin jamais ne lui avait enseigné ce mot. Latin ou sa mère… La satisfaction personnelle d’une femme ne se trouvait que dans une demeure tenue et dans l’écho des rires d’enfants héritiers. La satisfaction c’était le cadeau qui enorgueillissait l’homme et anoblissait la femme. Un ventre arrondit. Ravilla savait que son époux aux dernières lueurs de sa vie avait parcouru les bordels pour satisfaire son plaisir personnel. Un plaisir que la couche nuptiale n’offrait pas ou n’offrait plus. Un plaisir qu'elle ne connaissait pas. Je ne souhaite plus porter douleur au silence. Ses mots résonnent encore dans son esprit. Parfois, elle avait cherché le regard de Manius pour la rassurer des soupirs bestiaux qui s’émanaient de sa gorge. Si elle avait vu son regard peut-être que les choses auraient été différentes… Peut-être qu’il aurait su la réchauffer. Mais c’était comme avec les bêtes. Elle ne voyait jamais son visage. C’était une formalité. Une formalité auquel elle s’était pliée comme toutes les femmes avant elle et comme ses filles le feraient. Sa main se porte sur son plexus, c’est comme un coup de poing. Elle ne sait pas de quoi elle parle. Elle ne s’était jamais abandonnée aux bras de son époux, à ses caresses et ses baisers. Efface-toi, laisse le faire et endors toi après lui. Les explications maternelles. C’était simple et ces règles toujours avaient été respectées. Tant respectée que son lit était devenu aussi froid qu’elle. Les visites espacées. Qui aurait pu rivaliser avec les louves napolitaines? Elle avait essayé, parfois quand il revenait vers elle, elle avait essayé. Il l’avait guidé. Elle avait obéit. Mais à la tendresse jamais elle ne s’était abandonnée. Elle était trop glaciale pour laisser quelqu’un laisser rentrer au plus profond de ses espérances, de ses envies et de ses secrets. Elle s’était perdue elle-même et aujourd’hui il lui semblait que jamais elle ne retrouverait toutes ces choses qui faisaient d’elle l’enfant souriante.


Elle secoue la tête. Et pendant un temps elle n’ajoute rien à cette confession silencieuse. Elle n’était même pas certaine de ce que cela sous-entendait. Elle ne savait pas même comment il fallait faire. La racine de son front rougit… non elle ne savait pas comment on faisait et c’était mal pour une veuve d’y penser. Surtout que les Dieux savaient le prix de son veuvage. Douleur au silence peut-être devrait-être après tout. Il lui semblait qu’un mot d’elle et que Félix lui donnerait réponse à toutes ses questions… C’était à portée d’elle… Il lui suffisait de presser la main pour l’encourager à continuer l’apprentissage. A quoi servirait ce savoir? A quoi servirait-t-il de se satisfaire soi-même? Cela voulait-il dire s’abandonner à soi-même? Pour chercher quel plaisir? Les mères en parleraient à leur fille si c’était le cas… Si ça existait réellement. Ce n’était pas à sa portée. Ce n’était pas pour elle. C’était une mère, une meurtrière dissimulée, une veuve respectable. 


« Je suis veuve, on ne pourra donc pas m’accuser d’adultère. Ne crois-tu pas? »



Une voix inconnue avait parlée pour elle. Cette voix inconnue qui savait que celle qui lui parlait avait été une mère, une épouse, une veuve. Tout comme elle. Elle serait la mère qui lui apprendrait. Elle lui apprendrait la complexité et l’exigence, si elle le voulait. Ses yeux balaient les étales colorées, les visages anonymes, et les regards baissés des esclaves. Dans l’intimité de l’ombrelle elle demande à mi mots : « apprends-moi. » Et ses yeux brillent d’une rébellion silencieuse. Trop longtemps elle a été emprisonnée de la froideur maladive de son corps… de son âme.
Plebe
Mer 22 Juil - 22:38
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Julia Felix
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On ne naît pas femme, on le devient
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Face à l’ingéniosité, la candeur presque qui émane de sa question, je souris et secoue silencieusement la tête pour lui signifier un « non ». Epidia a beau avoir désormais le corps et les atours d’une femme, il me semble retrouver dans ce regard qu’elle m’adresse en cet instant beaucoup de l’enfant de jadis.
Si j’avais eu une fille je lui aurais appris. Je lui aurais appris que la respectabilité n’exclue pas le plaisir, que notre corps peut-être vénérable tout en étant vénéré. Et si mon fils avait vécu, il aurait su être amant autant que mari et père. Je lui aurais appris à faire ses dévotions à sa femme comme on honore une déesse et considérer son corps comme un temple sacré.
Marius est parti, avant même de connaître l’amour. Mais Epidia se tient devant moi, celle que nous avions espéré comme bru. « Apprends-moi » me murmure-t-elle. Je lui dois bien cela.

A présent à l’écart de la presse, je lui confie à mon tour à mi-voix après m’être assurée d’un regard que notre conversation ne puisse éveiller aucune suspicion:

-Ma douce, s’il y a bien une science des moins exactes, c’est celle-ci… Mais il certain qu’aucun femme ne peut se revendiquer comme telle si elle ne connait pas son propre corps. On croit souvent les hommes motivés seulement par leur propre satisfaction, faisant peu cas de celui de leur épouse ou amante, mais c’est faux ! Il n’est rien qu’un homme n’aime tant que de se savoir instigateur du plaisir d’une femme. Cela les flatte… tellement ! Plus qu’aucun compliment ne saurait jamais le faire.


J’adresse à Epidia un sourire entendu. Il n’est guère besoin d’être une maquerelle pour être en mesure d’affirmer cela, il me suffit d’avoir été mariée deux fois. C’est le partage qui fait le ciment du couple, on ne peut aimer recevoir si l’on ne sait donner. Mes coffres sont pleins à cause –ou grâce- à la résignation, pis encore ! l’ignorance, d’épouses comme Epidia.
Je poursuis mon propos, tout en attirant davantage la jeune femme à l’écart. Il s’en faudrait de peu pour que, si quelques oreilles indiscrètes venaient à saisir des bribes de notre conversation, nous soyons toutes deux appréhendées pour impudicité.

-Or, comment veux-tu guider un aveugle dans une cité qui t’est étrangère ? Commence donc par cela. –mes lèvres se hissent à hauteur de son oreilles, mon souffle chaud vient effleurer le creux de son cou tandis que je murmure - Ce soir, après avoir couché ton fils, ne détourne pas ton regard du miroir au moment de te dénuder. Contemple-toi, longuement, sans honte. Et imagine une main chaude, peut-être un peu rugueuse, suivre tes courbes, reconnaître ta peau et demande toi où tu aimerais qu’elle s’attarde. Tu peux donner à cette main un visage et un nom, il doit bien y avoir un homme quelque part à qui tu aimerais qu’elle appartienne, cette main… Un patricien, un plébéien, un esclave même pourquoi pas ! Ces pensées t’appartiennent Epidia, tu en es la maîtresse et dans ce monde là, il n’existe aucune censure.

Enfin, lorsque je m’écarte, j’abandonne ce ton de complot et conclue simplement, un sourire plein de promesses planant sur mes lèvres :

-Viens donc me voir demain, dès que tu le pourras. Et amène donc ton fils avec toi, j’aurais plaisir à le voir. Nous le laisserons gambader dans le patio, tandis que nous causerons…
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