Cornelia Lepida Ω Aquila non capit muscas

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Cornelia Lepida incarnée par Natalie Portman Ave, étranger! Je suis Cornelia Lepida, fille de Tiberius Cornelius Gracchus et d'Aurelia Cornelia Cara. Née à Pompéi, il y a 28 ans, je suis d'origine italienne. La déesse Fortune a fait de moi une Vestale issue de la Plèbe Pompéienne et j'ai pour famille Appius Cornelius Probus, son frère foulon. Ses parents sont décédés dans l'effondrement de leur maison lors du dernier tremblement de terre. Plus de 2000 ans plus tard, c'est Phil qui m'incarne. Qui es-tu? Une rôliste qui s'était dit qu'elle avait assez de personnages sur la Toile avant de tomber sur ce forum via PRD et de ne pas parvenir à résister. C'est ça d'être une passionnée d'Antiquité, une ancienne latiniste, aussi, et de se perdre sur un forum aussi spectaculaire. Allier beauté, rigueur et sans du détail en évitant l'écueil de la rigidité excessive, j'adhère. Sinon, je m'appelle Sophie, j'ai 22 ans et poursuis des études de droit (parfois, se sont elles qui me courent un peu après. *pan*) Ah oui, j'ai un humour moisi, aussi.

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→ Ce que je pense de Pompéi
Que pense-t-on de l'endroit qui nous a vu naître ? C'est un mélange de routine, d'habitudes réconfortantes et de facilité mâtiné d'une tendresse mélancolique. Toute notre vie se résume finalement à un lieu. On y inscrit chaque seconde de son existence, conscient qu'il n'y aura rien ailleurs. Conscient que, plus le temps passe, plus l'espace du parchemin diminue, sinistre rappel que le rouleau touchera inexorablement à sa fin. Le quotidien à Pompéi, comme partout ailleurs, n'est pas toujours rose, en somme, certes. Mais une Vestale n'a pas vraiment à se plaindre de sa situation. Sa chance lui permet de porter en parallèle un regard plus détaché sur une ville, une communauté. Ce ne sont plus eux qui lui servent de cadre et de soutien, c'est elle qui œuvre pour leur équilibre. Si sa piété justifie sa dévotion à Vesta, son sacerdoce transcende la religion en tant que telle pour être une réelle allégeance à ces rues qui l'ont vue grandir, ses gens qui l'ont vue se construire. Ce sont au minimum trente ans de sa vie qu'elle a offerts à Pompéi et à ses habitants en érigeant la Flamme comme principale préoccupation dans son existence, n'est-ce pas une belle preuve d'affection ?

→ Ce que je pense de la politique
Le moteur d'une cité, ce courant qui transporte toutes les foules vers un même objectif, celui de diriger d'une main ferme, si possible juste, et d'apporter à la ville ce dont elle a besoin. Non, on ne parle pas ici de la guerre mais de la politique, bien qu'on y trouve tout autant de combats. Cornelia s'y intéresse même si elle est une femme et ce parce qu'elle est avant tout une Vestale. Son statut lui confère une importance particulière. Médiatrice, gardienne du secret, une des rares personnes face à qui le veto d'un tribun de la plèbe n'a aucune force ou encore qui a le droit de demander la grâce d'un condamné à mort qu'elle croiserait fortuitement sur le chemin de son exécution, elle joue indirectement un rôle dans ce monde d'hommes. Respectée, la Vestale est par conséquent écoutée et ses conseils comptent plus qu'on le le croit. Ainsi, rester informé à un degré appréciable en la matière s'avère important si on désire se montrer utile et pertinent en cas de consultation.

→ Ce que je pense des jeux
Est-ce distrayant ? Simplement enflammé et bruyant ? Cornelia n'en a cure, fondamentalement. En tant que Vestale, elle a le droit d'y assister et sa place est de choix. Seulement, ce n'est pas par goût qu'elle s'y rend. Le spectacle se déroule sous ses yeux avec une scénographie sans cesse renouvelée, de nouveaux visages, des champions connus ... L'adrénaline pulse dans les veines des combattants et, même si ce n'est pas une activité de prédilection pour la jeune femme, elle finit par se laisser prendre au jeu. Pour une seule bonne raison. Vous la verrez qui guette cet instant fatidique où l'adversaire est acculé, au sol, que le fil de sa vie est fermement tendu et que la main des Parques se matérialise, prête à le couper si le signal est donné. Loin de vouloir offenser les divinités, Cornelia se met généralement au devoir de lever le pouce, boudant le jugula quelle qu'ait été la vigueur du gladiateur. Elle est miséricordieuse et pieuse, pas vindicative et avide de sang pour se divertir. Une vie pour son amusement lui paraîtrait bien cher payé.

→ Mes souhaits, mes rêves, mes ambitions
Un sacerdoce de Vestale dure trente ans. Cornelia veut pouvoir se dire, lorsqu'il touchera à sa fin, qu'elle s'est montrée suffisamment probe, intègre et juste pour pouvoir regarder en arrière et ne pas rougir du chemin parcouru. Voire devenir Vestale honoraire par la suite. Ce n'est pas par orgueil, c'est par souci d'honneur. Le sien, celui de sa famille, peu importe, les deux sont confondus dans un même tout que préside l'honneur de la Déesse Vesta qu'aucune inconduite de la part de ses prêtresses ne peut venir bafouer. Cela ne lui déplairait pas de devenir Virgo Vestalis Maxima si elle est un jour doyenne. En attendant, elle remplit au mieux son office, prête à bientôt enseigner et former les nouvelles Vestales, ce qui sera autant un aboutissement qu'une vraie consécration.

→ Ma pire crainte
Ne pas être à la hauteur de sa charge. Cornelia est une jeune femme pieuse qui œuvre chaque jour avec dévotion pour remplir ses engagements et honorer Vesta. Sa droiture n'est pas mue par la crainte de la flagellation ou, pire, de la mise à mort en cas de violation de son vœu de chasteté. Elle veut être à la hauteur de ses idées, conserver intacte sa parole donnée et se montrer digne du choix du grand pontife quand elle était encore enfant. Malgré tout, sous ce sens du devoir poussé et sa loyauté sans borne dort une peur sourde. On a beau être né à Pompéi, le Vésuve reste une menace silencieuse, la plupart du temps, mais toujours mortelle. Chaque grondement peut être interprété. Chaque drame qu'il cause peut être sujet à réflexion. Chaque heurt dans la cité peut être attribué à un manquement des Vestales. Chaque accusation remet en question les conduites d'elles toutes. Et depuis que Kaeso est revenu le volcan a tremblé, sans vomir sa bile brûlante, certes, mais sous ses assauts, des maisons se sont écroulées sans crier gare. Parmi elles, une demeure familière à Cornelia, celle qui l'a vue naître ... et qui a vu mourir ses parents. Et si ce signe avant-coureur n'annonçait pas qu'une éruption ? Si l'odeur n'était pas celle du soufre mais de la mise en garde ?

→ Heureusement, les Dieux veillent sur moi.
Vesta guide ses actions, modèle sa philosophie de vie et guide ses pas. Pourquoi Elle plus qu'une autre divinité ? Parce que les Dieux l'ont décidé ainsi lorsqu'elle n'était encore âgée que de neuf ans, simplement. Depuis dix-neuf ans, maintenant, Cornelia n'a d'yeux que pour la Flamme, veillant à la prospérité de Pompéi et à la vie paisible de la ville. Quand l'ombre du Vésuve plane toujours menaçante au-dessus de la cité, aucun effort n'est superflus pour garantir son salut. Honorer Vesta, c'est rendre un culte à l'unité, au salut d'une communauté, en priant pour que la Déesse apaise Vulcain s'il venait à gronder. Cette dévotion particulière n'empêche pas Cornelia de respecter également plus particulièrement la triade capitoline, Jupiter, Junon et Minerve, pour des raisons propres à chacun d'eux. Qu'il s'agisse de la majesté de leur caractère, de la sagesse de leur attitude ou de leurs attributs spécifiques, ils sont autant de modèles pour elle et de symboles pour Pompéi. Dans tous les cas, peu importe vers qui s'envolent ses prières, la jeune femme respire constamment une grande piété.

Ω Afin de pratiquer les rites sacrés que la règle prescrit à une Vestale de célébrer, dans l'intérêt du peuple romain et des Quirites, en tant que candidate choisie selon la plus pure des lois, c'est toi qu'à ce titre je prends, “ Amata „, comme prêtresse Vestale Ω Une formule consacrée, répétée d'innombrables fois, à d'innombrables jeunes filles, mais qui, toujours, produisait ce même effet : leur vie s'illuminait sous un autre jour. D'enfant de parents encore vivants, libres, résidant en Italie et exerçant d'honnêtes métiers, celle à qui l'on prononçait ces mots prenait le titre de Vestale. Il lui suffisait de répondre à ces quelques conditions, d'être âgée entre six et dix ans, saine de corps et d'esprit ainsi que d'être vierge ; le tour était alors joué.

Mais est-ce si mathématique, comme sélection ? Additionner des critères, donner une jolie somme qui devient le prix de l'accession ? Du haut de ses neuf ans, Cornelia y apportait un autre regard. Non pas un regard plus nuancé mais un regard plus complet, plus investi. Une telle cérémonie n'était pas que synonyme d'honneurs pour elle et sa famille. Elle était riche de sens. Un signe divin, sans doute, une main invisible qui l'avait poussée vers le destin qui serait le sien. La fillette ne poursuivait pas d'ambitieux objectifs, tout au plus voulait-elle s'assurer que les Dieux voulaient bien lui confier la charge de veiller sur la Cité et ses habitants en dédiant son temps et son énergie à la Flamme. Parce que Cornelia n'avait rien de plus cher que le berceau qui l'avait vue naître, la famille qui était la sienne, au sens restreint qui ne visait que la gens Cornelia, mais aussi au sens large, englobant Pompéi toute entière. Protéger avec conviction, s'abandonner à sa tâche était l'unique désir qui brûlait dans son cœur.

Avec tant de vigueur, d'ailleurs, qu'il obscurcit tous les autres. Tous ceux des autres, aussi, ou, puisqu'il n'y en avait pas quand même pas pléthore, celui d'un en particulier. Qu’elle n’aperçut même pas. Naïve ? Peut-être. Aveuglée par son sens du devoir ? Certainement. Et disposant de merveilleuses œillères morales, probablement. Pas un faux pas, pas une erreur n’était toléré par Cornelia qui ne se pardonnait rien. Peut-être parce qu’elle avait peur de la moindre chose qui la ferait basculer. Ou qu’elle était si habile en matière de déni qu’elle avait fini par se convaincre elle-même qu’elle travaillait si dur dans le seul but d’atteindre l’excellence et pas pour s’empêcher de chuter. Dix ans d’apprentissage, dix ans de maîtrise, dix ans d’enseignement. Un programme linéaire que rien d’extraordinaire ne venait troubler. Son père, foulon, était un habile teinturier dans la guilde et gagnait bien sa vie. Aurelia l’aidait au négoce. Appius, marchait sur leurs traces. Kaeso était parti pour Rome. Pompéi était prospère bien que régulièrement secouée par les humeurs du Vésuve quand les forges de Vulcain grondaient.

Kaeso était parti pour Rome ?! Ils avaient grandi ensemble, voisins jouant dans les rues de la cité aux heures où la chaleur était la moins accablante. Elle le connaissait depuis toujours et n’avait jamais imaginé qu’il disparaisse de son entourage sans crier gare. Elle était Vestale pour protéger et servir … les Pompéiens. Il y avait d’autres foyers dans d’autres villes avec d’autres vierges pieuses qui couvaient la flamme pour qu’elle brille de mille feux. Et c’était dans une de ces autres villes, avec ces autres vierges pieuses qui couvaient la flamme pour qu’elle brille de mille feux, qu’il s’était choisi un autre foyer.

Elle avait douze ans à peine et l’incompréhension au cœur. Etouffant ce trouble dans un coin de sa poitrine, elle l’y laissa, exsangue, pendant près de dix ans. Il y trépasserait bien un jour ou l’autre, tel était son destin d’émotion parasite qu’un esprit rationnel peine à déchiffrer. Et le manque fut comblé par la patience, le travail, le passage à la deuxième étape de son sacerdoce et la protection effective de la Flamme, l’entrée proprement dite dans le monde des responsabilités.

Son existence était semblable à une ligne droite, sans détour ni accroc. Rien ne la faisait dévier de sa route, seules comptaient ses charges et, pour toute récompense, si tant est qu’elle en désire une autre que la prospérité de Pompéi, Cornelia recevait la satisfaction du devoir accompli. Sa rigueur extrême ne l’empêchait néanmoins pas d’assister aux jeux du cirque – essentiellement pour réclamer le salut du vaincu -, de recevoir ou de donner des dîners. Elle n’était guère fermée au monde, ayant saisi l’importance du rôle qu’était le sien en matière de politique, de conseils et de médiation. De plus, s’investir pour rendre plus agréable la vie des gens était une sorte de protection active qui comblait les journées de Cornelia de la meilleure manière. Tout comme l’inviolabilité du temple de Vesta encourageait les gens à déposer auprès des prêtresses des testaments, textes importants, traités solennels, signe supplémentaire de la réelle utilité de leur mission. Et Cornelia, elle, appréciait de se sentir utile, de prouver qu’elle rendait grâce aux Dieux de l’avoir laissée accéder à la prêtrise.

Le plus grand tremblement de terre dans sa vie ? Le premier, du moins, fut le retour de Kaeso. Avec son fils. Malgré les lettres échangées de temps à autre, missives lentes et sporadiques qui n’apportaient que de bien nébuleuses nouvelles, Cornelia ne s’était pas figurée ça, une vie ailleurs et avec d’autres et un retour qui n’était mû que par une déception encaissée dans ce nouveau foyer. Amère ? Bien sûr que non. Elle n’avait pas de raison de l’être. Et la vie poursuivit son cours. Au calme succédèrent les tempêtes politiques, les derniers soubresauts de la République puis l’avènement de l’Empire. Actium, c’était loin, même si les répercussions se firent ressentir avec force au cœur même de l’Italie. Une aube nouvelle nimba les Romains et les promesses d’un retour de la paix séduisirent Cornelia que les affrontements affectaient grandement. Mais l’espoir a beau conférer des ailes, la réalité les tranche avec une dextérité sans pareille. Le dernier séisme qui secoua son quotidien emporta dans la tourmente une demeure parmi d’autres pour l’observateur non averti. Seulement, dans cette ancienne bâtisse aux fondations trop souvent ébranlées par le Vésuve, se trouvaient ses parents qui jamais n’en sortirent. D’eux, il ne reste à Cornelia qu’une profonde peine, la lourde tâche d’annoncer le drame à Appius lorsqu’il reviendra de sa dernière affaire et ... l’étrange impression qu’un tel drame a tout de l’avertissement.