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 Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard ₪ Serena



POMPEII, TERRA DEORUM ₪ :: Marché
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Arene
Mar 3 Mar - 23:00
Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard ₪ Serena   




Priam
₪ Arrivée à Pompéi : 21/08/2012
₪ Ecrits : 4319
₪ Sesterces : 283
₪ Âge : 29 ans
₪ Fonction & Métier : Gladiateur pour la maison Lucretius

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: The Gods have no mercy, that's why they're Gods
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Gauche...
Priam
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Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard
Serena & Priam





A la fin de l’entraînement de la veille, nous avions été prévenus que nous aurions  exceptionnellement quartier libre pour la matinée, Doctore se rendant au marché aux esclaves pour y effectuer quelques nouvelles acquisitions.
Nous sommes toujours dans un état mêlant appréhension et curiosité lorsque nous savons que de nouvelles recrues doivent faire leur entrée dans notre meute, spéculant sur leurs chances de demeurer parmi nous ou de mener une carrière honorable dans l’arène.
Notre fraternité n’est pas disposée à accueillir n’importe qui, car bien que les Romains nous soumettent nous avons notre propre fierté, nos propres codes et nous ne sommes pas disposés à laisser galvauder ce pourquoi nous suons jusqu’au sang, ce pour quoi tant d’entre nous sont morts dignement : notre réputation.

Ce genre d’occasion est rare, elle arrive à peine une fois toute les lunes. Le reste de mes compagnons s’est arrosé la gorge de vin hier soir pour célébrer la nouvelle de cette matinée chômée et a joué aux dés jusque fort tard pariant sur les nouveautés que débusquerait Voroncius et même sur leur espérance de vie.

Pas moi. Pas que l’envie m’en ait manqué, car j’ai bien des pensées sombres à perdre dans l’alcool ou les paris depuis ma défaite. Simplement parce que Voroncius l’a défendu, d’un lapidaire :

- Toi, tu m’accompagnes. Sois prêt à la première heure.

Les rires goguenards de mes frères, ne  jouissant que davantage de leur privilège que moi, l’ancien Champion, j’en étais privé. Ses paroles furent cinglantes à mon oreille et j’en ai nourri de l’amertume le voyant s’éloigner dans la pénombre pour regagner sa cellule. Voilà deux mois pourtant que je sue de toutes mes pores, toutes mes pensées tournées vers l’unique ambition de regagner le titre perdu ; deux mois que je m’applique à faire oublier mon échec pour un excès de zèle qu’aucun de mes compagnons n’égale :  devrais-je payer ma déchéance encore longtemps ? Comme toujours, mon cœur est prompt à se noircir et mon orgueil à être blessé. Bien que je fusse récemment forcé à davantage d’humilité, ma nature couve en moi comme le feu sous la cendre.
Au moment de souffler ma chandelle et de sombrer dans le sommeil en essayant de faire abstraction des rires et des cris de mes frères, j’ai repensé à ma dernière entrevue avec notre doctore et à ses dernières paroles. Signe, peut-être, d’une sagesse que je ne me connaissais pas et qui grandi en moi récemment, je me suis endormi le cœur et l’esprit plus légers : se pourrait-il que mon œil et mon avis concernant les hommes présentés demain  lui soit de quelque importance ? Et plutôt que de voir dans son ordre un signe de privation et de châtiment, je préfère m’endormir en y espérant un geste de confiance et de respect.


Le lendemain, le soleil printanier est aussi matinal que nous. Et que tout Pompéi d’ailleurs : nous devons presque jouer des coudes pour remonter la rue de Stabies jusqu’au marché tant la presse est forte. Un instant, après avoir vu une charrette débouler à quelques centimètres de moi, je perds de vue Voroncius. Je le retrouve presque aussitôt, parvenant sans peine à remarquer la carrure du Gaulois qui les toise tous ces latins d’au moins une bonne tête.
Contraint de louvoyer entre les badauds, les marchands, la fange et les animaux, je n’arrive pas à rattraper son allure, mais parvenu enfin au marché, je sais où le trouver. Ce ne sont pas le blé, l’huile ou le vin qui retiennent son attention.

Je me rends sans délai dans le quartier réservé aux ventes d’hommes et d’animaux où je le retrouve enfin, placide et l’œil affûté tandis que le marchant aligne sa première sélection d’esclaves mâles sur le podium, juste devant nous. Les femmes et les enfants viendront ensuite mais ils ne nous sont d’aucune utilité et donc d’aucun intérêt.  Il est tôt, mais j’ai déjà chaud dans cette foule qui bouscule, hurle et m’oppresse. Je la préfère dans des gradins et à distance. J’étouffe. Je rassemble prestement mes cheveux emmêlés dans une queue de cheval liée par un lacet de cuir, un œil levé sur le piteux spectacle que ce commerce servile nous donne à voir.
Après toutes ces années, on apprend étrangement à se détacher de la pitié qu’inspirent ces corps exposés comme la viande sur l’étal du boucher. Je me suis toujours satisfait que les Dieux m’aient épargné cette humiliation-ci qui fait de moi, croyez-le ou nous, un privilégié.

Aujourd’hui pourtant, l’indifférence a laissé place à l’interrogation : je songe à ce que j’ai entendu il y a quelques jours dans une cave, remplie d’être semblables à eux. Semblables à moi. Il y a encore peu, j’aurais juré sur mes deux glaives, sans l’ombre d’un doute ou d’une hésitation, que je n’étais pas comme eux. Pas un esclave. Pour me rassurer.
Et aujourd’hui, toute honte bue, me voilà à ressentir ce sentiment étrange de communion tacite sur lequel pourtant je ne mets aucun mot qui me soit connu. Empathie. Se peut-il, vraiment, que les choses puissent être différentes ?  Se peut-il, vraiment, que l’Humanité soit un rêve accessible ?

Je garderai pour moi mes réflexions, j’ai entendu les paroles de Voroncius à l’occasion de cette réunion de laquelle il partit prématurément. J’estime son opinion et ses conseils malgré les élans de ma nature, et j’ai à cœur de me montrer assidu dans la tâche qu’il m’assigne ce matin, aussi je chasse mes pensées troublées de mon esprit.


Son attention s’est déjà fixée sur un esclave, je suis son regard et le pose sur le grand rouquin dont le marchand flatte la valeur. Je laisse mes yeux évaluer sa taille, la longueur de ses membres, la formation de ses muscles, et rechercher les vices - visible du moins - dont il pourrait être affublés sans en trouver aucun. A peine un homme fait, mais sa carrure laisse envisager quelque endurance ou talent pour le combat. Le seul peut-être du lot qui puisse être digne de suivre l’entraînement, en tous cas. Le Thrace à ses côté a les côtes creuses, le Numide derrière les jambes très légèrement arquées, sans compter le nombre de ceux qui n’auraient pas la force de soulever jusqu’à un bouclier…

-Le rouquin fait bonne figure, quoiqu’un peu jeune. Il est racé, il devrait pouvoir attirer l’attention de la plèbe. Des femmes, c’est certain…

J’accompagne cette remarque d’un sourire entendu. A Doctore les compétences techniques, Voroncius n’a pas son pareil pour juger celles des autres. En revanche, je me targue de savoir bien cerner aux attentes du public en matière de spectacle et d’apparat, pour mieux m’y conformer et y répondre afin de l’avoir toujours de mon côté. Car après tout, si le talent et l’entraînement sont ce qui nous fait tenir debout ou le nez dans le sable à l’issue d’un combat, c’est bien la foule qui décide si le pouce sera levé ou baissé.

Mon sourire satisfait se ternit quelque peu pourtant, frappé par un brusque retour à la réalité. Je parle comme si je les avais toujours, ces faveurs. C’est oublié un peu tôt que je n’ai pas foulé le sable de l’arène depuis des lustres pour pouvoir en juger.  Je sais qu’il me reste des partisans férus, qui ont certainement aussi peu digéré que moi ma destitution du titre de Champion et qui rêvent de me revoir juché sur le piédestal dont je n’aurais pas dû déchoir. Mais Remus a les siens lui aussi, et en cet instant, je suis bien loin de me douter que je m’apprête à faire la rencontre de la plus fervente.

Mer 4 Mar - 23:05
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I KNEW IT WAS GOIN TO BE A BAD DAY

Si certains avaient quartier libre et pouvaient librement se promener dans le marché, c’était loin d’être le cas de Serena. La brune aux yeux bleus repensait à la nuit dernière, alors qu’elle avait eu le sentiment d’avoir à se justifier auprès de Remus. Pourquoi être allée à cette réunion ? Parce que, dans la maison, elle était l’une des seules à avoir eu la possibilité d’y aller et que ceux travaillant dans la villa le lui avait demandé. Certains voulaient écouter ce fils de l’Etna, Serena pour sa part n’avait pas été convaincue et la seule certitude qu’elle avait acquise en sortant de cette réunion c’était que l’issue lui serait toujours défavorable. En effet, si elle décidait de rester avec son Dominus, elle pouvait être tuée par les rebelles, ou bien punie par les romains par la suite. Ne se vengeraient-ils pas sur ceux qui leur serait restés fidèles ? Ne les traiteraient-ils pas plus durement même si les lois interdisaient de maltraiter un esclave ? Et si elle poussait Remus dans la rébellion... Où iraient-ils ? Et il était un romain, elle sentait bien qu’il était toujours fidèle à Rome. Il lui disait pouvoir outrepasser ses envies pour faire ce qu’elle lui demandait mais la responsabilité était bien trop lourde à porter pour la jeune femme. Elle n’était pas habituée, depuis sa naissance, on décidait de tout pour elle. Aussi, elle avait été plutôt soulagée d’apprendre qu’il n’entrerait pas dans les rangs des rebelles et qu’elle ne s’inquiéterait pas pour lui si jamais il était pris... Oh, elle avait pensé pouvoir fuir, s’installer ailleurs et vivre mais elle ne connaissait absolument rien à la liberté : comment regretter alors quelque chose que l’on n’avait jamais connu ?

Mais le voir devenait de plus en plus difficile. Non pas qu’elle n’appréciait pas, mais leur Dominus, s’il avait accordé à son champion le droit d’avoir Serena pour quelques heures, leur avait tout de même interdit toute relation physique. Tout en lui demandant de le masser... Offre que le gladiateur avait accepté puisqu’il apprenait de nouvelles méthodes de combat. Toute la nuit, les images du corps de Remus n’avaient cessé de la hanter. Lorsque les premières lueurs du jour apparurent, Serena se réveilla épuisée. Et, alors qu’elle pensait pouvoir tranquillement s’occuper à la villa, elle croisa le chemin de Naevius. « Bonjour, Dominus ». Le saluant respectueusement, elle baissa la tête. Ce fut après avoir réfléchi un moment qu’il lui annonça avoir besoin de différentes choses. Il comptait recevoir quelque personne importante et voulait s’assurer qu’il aurait de quoi contenter les goûts spécifiques de ce romain : il voulait du poisson. Et des huiles. Entre autres. Songeant qu’il lui faudrait aller au marcher, Serena n’émit aucune protestation et hocha la tête. Docile, elle prit l’argent qu’il lui confia.

Elle alla chercher de quoi se couvrir, ne voulant pas éveiller les commentaires graveleux des gladiateurs qu’elle risquait de croiser. Connaissant Remus, il n’apprécierait certainement pas et elle ne voulait pas lui créer des problèmes. Tête couverte, elle ne put s’empêcher de glisser un regard vers les grilles du ludus et ce ne fut que quand elle croisa le regard de Remus qu’elle hocha la tête. Elle se montrait discrète bien qu’elle se demandait quel était le contenu des rumeurs qui devaient circuler à présent alors qu’ils n’avaient absolument rien fait. Le soleil brillait, le printemps s’installait. Une belle journée s’annonçait mais elle avait hâte d’être au soir, lorsqu’elle pourrait le rejoindre. Si elle en avait toutefois la force parce qu’elle se sentait vraiment exténuée.

Marchant dans les rues de Pompéi sans vraiment prêter attention, elle emprunta l’avenue principale, bousculée par tous les romains qui la voyaient esclave et qui donc ne lui prêtaient pas vraiment attention. Pourquoi la ville était-elle déjà si effervescente ? Observant les stands où les amphores s’alignaient, la jeune femme trouva que la clientèle était déjà trop nombreuse, aussi, mieux valait commencer par la viande. Ou le poisson. Il avait demandé du poisson. Elle soupira, le soleil semblant déjà cogner assez fort. Manquant de tomber sur une chèvre qui traversait la route, la brune reprit à temps son équilibre. Il lui fallait un raccourci, elle ne supportait plus cette foule.

S’engageant dans la première ruelle à sa portée, elle contourna plusieurs rue et tomba dans le marché aux esclaves. Ce n’était pas son quartier préféré. A vrai dire, la fois où elle s’y était retrouvée ne lui avait pas laissé un bon souvenir. Son coeur se pinça, lui rappelant combien son premier Dominus lui manquait. Et combien encore une fois sa situation était précaire. Finalement suivre le fils de l’Etna n’était peut-être pas une mauvaise idée...

Son regard tomba malgré elle sur la ligne d’hommes qui attendaient leur sort sur une estrade. Certains rejoindraient un ludus. D’autres seraient appelés à d’autres fonctions et seraient plus ou moins bien traités. Adressant une prière muette pour que leur destin soit clément, elle détourna le regard. La place s’était emplie à peine le marchand avait-il aligné ses hommes et certains commençaient déjà à scander leur prix. Etait-elle choquée ? Non. C’était comme ça que l’on vivait à Pompéi, dans le monde romain. Certains naissaient citoyens, d’autres naissaient esclaves ou le devenaient. Le destin était une chose sur laquelle même les dieux n’avaient aucune emprise. Venus ne put sauver un amant abattu par un dieu jaloux, et seulement le transformer en fleur. Même les dieux subissaient leur destin.

Bloquée loin derrière le champion du ludus ennemi, la brune ne le reconnut pas de dos. Il fallait dire qu’elle voulait simplement réussir à traverser pour couper par deux autres ruelles et arriver enfin à ce fameux marchand de poisson. « Ramène moi celui-ci de l’échoppe que je t’ai montrée l’autre jour Serena. On dit que c’est le meilleur marchand de la ville mais si jamais sa marchandise est trop chère, va chercher quelques volailles. Je prétendrai que le poisson n’avait pas l’oeil suffisamment vif pour être servi. » qu’il avait dit. Le temps qu’elle y parvienne, il n’y en aurait sûrement plus. Et elle n’aimait pas échouer dans les missions qu’on voulait bien lui confier, elle qui se sentait en sursis depuis le décès de la femme de son maître.

Soudain, elle se fit bousculer et se cogna contre le dos d’un homme. « Oh pardon, excusez-moi ». Son attitude changea quand elle s’aperçut qu’on venait de lui voler l’argent qu’on lui avait confié. «Au voleur ! ». Non, elle n’accusait en rien le romain, mais plutôt l’homme qui fendait la foule avec son butin. Serena sautillait pour l’apercevoir et essayait tant bien que mal de se frayer un chemin. « Arrêtez-le ! ». Mais il fuyait toujours et se rapprochait sans le savoir de Priam. Le coeur battant à tout rompre, Serena se sentait en colère. En colère parce qu’elle faisait attention mais dans cette foule compacte il était difficile de faire attention à tout. Et apeurée, parce que si jamais elle annonçait s’être fait voler l’argent, elle risquait bien de ne plus avoir le droit de voir Remus, ou bien d’être tout simplement revendue. Ce n’était pas le moment de mal faire les choses, aussi, elle espérait que quelqu’un saurait arrêter ce goujat et qu’elle pourrait récupérer au moins de quoi acheter le poisson.


Dernière édition par Serena le Mer 13 Mai - 17:11, édité 1 fois
Arene
Dim 22 Mar - 12:30
Re: Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard ₪ Serena   




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Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard
Serena & Priam





Je suis à mille lieues de pressentir le drame qui se joue en ce moment même pour une jeune esclave à quelques mètres de moi, sur ce même marché. Tandis que Voroncius discute du prix du rouquin, j’en apprends la provenance en tendant l’oreille vers la conversation de deux hommes juste à côté de moi: la Germanie. J’ai eu à en affronter plus d’une fois dans l’arène, je les compte parmi les plus rudes adversaires qu’il soit possible de trouver dans le monde connu. Taillés dans le roc, ils font d’excellents hoplomaques et affrontent à mains nues les bêtes sauvages comme nul autre. A croire qu’ils sont issus d’un quelconque croisement entre un ours et une montagne. Il se dit même que les Romains peinent à les contenir et encore plus à conquérir leurs terres là-bas, au Nord.
Au cours de leur discussion, les deux hommes –propriétaires d’un commerce en construction de bâtiments, je crois, à la recherche d’hommes forts donc- lâchent qu’un nouvel arrivage doit arriver d’ici la fin du mois e qu’il vaut mieux donc garde ses deniers dans cette perspective avant de tourner les talons. Riche de cette information, j’envisage d’aller la rapporter à notre doctore, avant que la vente ne soit définitivement conclue.


Tandis que je louvoie autour de l’estrade, une voix s’élève dans mon dos. Au voleur! Plus forte que les autres, plus féminine aussi, elle détonne au milieu des harangues des marchands et des conversations des badauds. Arrêtez-le! Tandis qu’elle se rapproche, je tends l’oreille et amorce un volte-face. Non, sans surprise, je me retrouve arrêté dans mon mouvement par des mains qui me saisissent le bras et la voix qui continue d'haleter.
Peut-être est-ce parce que j’en ai trop eu l’habitude, enfant voleur des rues de Naples, mais mon esprit interprète aussitôt ce geste. Je n’y vois pas l'acte d’une femme paniquée tentant d’alerter la population sur le larcin qu’elle vient de subir, mais une marque d’accusation et d’entrave à ma liberté.
Aussi, tandis que mon regard se pose sur la jeune femme aux cheveux de jais, je referme mes doigts sur son poignet. Mon œil s’est accoutumé, depuis le temps, à reconnaître une esclave d’une Romaine ou d’une femme libre et je ne pense pas commettre ainsi d’impair en osant toucher une femme supérieure à moi. J’ancre mon regard dans le sien, courroucé et défieur :

-Est-ce moi que tu accuses ainsi… ?–je baisse les yeux sur la marque de servitude qu’elle exhibe à son poignet et termine - Servante de Sextus Naevius ?


J'aime savoir qui porte ses accusations contre moi. Face à son appartenance, une moue de dédain se dessine sur mes lèvres. C’est bien vite oublier que je ne méprise pas autant que je le devrais toutes les servantes de Sexus Naevius… Elle l’a fait exprès, j’en suis certain. Et je m’en trouve outragé, c’est un coup de trop porté à mon honneur par quelqu’un de la maison de Naevius. D’autant que les passants s’arrêtent un instant, curieux et attirés par tous ces éclats de voix, avant de reprendre pour la plupart leur route : les prises de bec entre esclaves ne les préoccupent, ni ne les concernent guère…
Quoi qu’il en soit, piqué au vif, je m’offusque. Je dois si souvent ravaler ma fierté face aux Romains que face à une esclave, je ne saurais me laisser bafouer sans répondre. J’élève ainsi une voix autoritaire et je me dresse de toute ma superbe:

-Ignores-tu qui je suis ?

Elle ne le peut guère et je le sais. Priam, Panthère de Cappadoce, Vainqueur de Fortius, Titan de Lucretius. Mes titres de gloire ne manquent pas et je sais encore les faire valoir, en quelque occasion que ce soit.

S’il en est un qui peut me remercier, c’est ce voleur, auquel je viens d’offrir, sans le savoir, une formidable porte de sortie.
Dim 22 Mar - 23:05
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LET'S BE PRACTICAL : I AM DEFINITELY CURSED!

A mille lieues de s’intéresser à la vente en cours, Serena essayait de rattraper le larron qui venait de lui dérober l’argent que l’on lui avait confié. Ce n’était pas la première fois que cette mésaventure arrivait. Et elle était loin de se douter que ses pas la mènerait justement à l’auteur du premier vol dont elle avait été victime. A l’époque, elle était encore une enfant qui, dans les rues de Naples, avait eu la malchance de rencontrer un petit voleur devenu gladiateur depuis. Cette seule expérience de la ville napolitaine avait suffi à lui faire penser que Pompéi était une ville bien meilleure. Jusque aujourd’hui.

Bousculée, elle se rattrapa au bras d’un homme et s’aperçut immédiatement du larcin. Se hissant sur la pointe des pieds pour ne pas le perdre du vue, elle dût cependant abandonner lorsque la carrure du romain empêcha ses yeux de poursuivre la brute. S’il ne percevait pas sa panique, elle était pourtant désespérée. Jamais elle ne parviendrait à le rattraper maintenant qu’il venait de lui saisir le poignet et de lui poser une question. Hein ? Un voile d’incompréhension passa sur son visage. Il y avait manifestement méprise. « Quoi ? Non ! » répondit-elle alors qu’il lisait ses origines. « Non je ne vous accusais pas, il m’a bousculé, je me suis rattrapée à vous , il n’y a rien de plus ! ». Elle tirait pour se défaire de sa poigne. Cette attention sur elle ne l’arrangeait en rien. Et elle en voulut grandement à cet homme de balancer le nom de son maître : des oreilles indiscrètes pourraient lui rapporter sa mésaventure. Il l’exposait. Heureusement, peu de passants restent. Mais il suffisait d’un seul...

A contre jour, elle ne pouvait distinguer clairement les traits de cet homme qui manifestement n’avait pas décidé de la lâcher. Voilà qu’à présent, il prenait des airs de diva. Alors même qu’elle venait de découvrir la marque sur son poignet. Et le fait qu’il n’était peut-être pas vraiment romain. Un esclave. Et du ludus de la maison Lucretius qui plus est. Infortune complète. Elle accumulait définitivement toutes les difficultés en ce moment. Il se redressa et l’apostropha avec un mépris et un ego qu’Achille lui-même aurait réprouvé. « Suis-je sensée connaître le nom des esclaves de tout le ludus Lucretius ? ». Elle le défiait avec un aplomb rare. Priam. Elle ne l’avait vu que de loin. Elle le reconnaîtrait à sa coupe de cheveux ou bien encore à sa manière de se déplacer dans l’arène mais en dehors de ça... Et quand bien même il avouerait son nom, elle saurait bien lui cracher à la figure qu’il n’était manifestement pas si dégoûté par les femmes servant Naevius. « Comme je vous l’ai signifié, je ne vous accusais pas vous mais l’homme qui maintenant a eu le temps de s’éloigner avant que je n’ai pu le rattraper et le confondre. Grâce à votre intervention inutile et prétentieuse, je vais mécontenter mon maître qui trouvera sûrement bien le moyen d’empêcher tous les nôtres de sortir pour la lune à venir. » Autrement dit : il ne verrait peut-être pas la blonde avant un bon moment. Tirant encore fermement pour dégager son poignet. « Il n’y a qu’un gladiateur pour réagir ainsi mais Priam est l’un de ceux qui selon moi ait assez d’honneur pour ne pas se sentir menacer à la moindre bousculade. ». Oui, un champion, même déchu, restait un champion. Il était toujours aimé des habitants et rien n’empêchait qu’il ne regagne son titre un jour. Il était à ses yeux une menace très sérieuse pour Remus, celui qu’elle aimait et qui se trouvait être le principal adversaire de l’homme qui lui faisait face.

Comment allait-elle faire pour le poisson ? Ennuyée, et consciente que manifestement cette journée était l’une des pires de sa vie, elle osa le tout pour le tout. « Maintenant que vous m’avez pris à parti publiquement... Auriez-vous l’obligeance de me prêter la monnaie pour que je puisse remplir ma mission ? Je vous rembourserai sans faute. Je pourrai réunir la somme d’ici trois jours. S’il vous plaît. ». Elle plissa légèrement les yeux et finit par baisser le nez, la lumière du soleil l’éblouissant. « A moins que vous ne sachiez comment retrouver un voleur, ce dont je doute, il a du quitter le quartier maintenant. » Le ton n’était plus agressif. Seulement découragé. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle n’avait pu que percevoir quelques éléments et elle n’était même pas certaine que ce serait suffisant pour l’identifier.
Arene
Mar 12 Mai - 0:31
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Serena & Priam




« Suis-je sensée connaître le nom des esclaves de tout le ludus Lucretius ? »

De tous les esclaves, non, mais le mien…
Je grogne et desserre mes doigts pour libérer son poignet. Avoir mécontenté - cette manière vaut bien une autre - Naevius ne me cause guère d’état d’âme. La rivalité entre les deux maisons a fatalement rejailli sur nous autres et à notre tour, à notre niveau, nous menons tous cette guerre privée. Tous sauf une… Oui, sauf une, et c’est son souvenir qui m’intime de ne pas me montrer plus désagréable encore avec l’esclave qui se tient face à moi, aussi brune qu’elle est blonde, même si je me demande à l’instant où elle prononce mon nom si elle ne se paye pas ma tête. D’une certaine manière, j’ai appris, preuve que mon crâne épais peut malgré tout laisser passer quelques informations.

Alors qu’elle me demande remboursement, ou plus exactement prêt, de la somme volée, mon visage ne manque pas de se teinter d’une expression aussi cynique qu’indignée et j’attends simplement qu’elle ait terminé pour faire pleuvoir sur elle une cataracte de dédain.
Je me tiens, prêt la bouche entrouverte, lorsqu’elle termine par un « S’il vous plait ». Mmh… Voilà qui n’était pas prévu dans le plan initial mais qui change tout. Comment se montre abject et condescendant après un « s’il vous plaît ? » ? Oh ça, les Romains savent fort bien le faire et j’aurais pu apprendre – là encore - à leur contact, mais on me le demande si peu souvent. Personne ne se soucie jamais de ce qui peut me « plaire » ou pas, et à vrai dire moi non plus.
Mais inconsciemment, mon esprit apprécie cette marque de politesse à sa juste valeur et toute la mauvaise foi du monde ne saurait passer outre. Alors je lâche simplement :

-Combien ? –tandis qu’elle m’annonce la somme, je ris- Si tu crois que j’ai une telle somme sur moi ! Attends, je vais aller demander à mon doctore, je suis sûr qu’il me prêtera de bon cœur l’argent de mon maître pour satisfaire le tien…


TLe sourire ironique qui se dessine sur mes lèvres montre que je n’ai peut-être pas fini d’apprendre en fin de compte… Néanmoins, pas un instant je ne songe à la laisser, toute impertinente soit-elle, à son désarroi. Un effet de la réunion de l’autre soir ? Je l’ignore, mais ce qui est vrai c’est que je ne parviens plus à ignorer si bien qu’auparavant les liens qui m’unissent malgré moi aux autres esclaves. Même ceux de Naevius.

-Ca, c’est simplement parce que tu ne sais pas où chercher…

Un vieil ami à moi, un Germain tué dans l’arène l’année passée au cours d’une venatio, disait « Si tu ne trouves pas le loup dans le bois, trouve donc sa tanière ». Ironie du sort, c’est un loup qui lui a ouvert la gorge… Bref, mes années napolitaines m’auront au moins enseignées ceci : je sais reconnaître un quartier mal famé lorsque j’en vois un et je n’avais pas tardé, dès mon arrivée à Pompéi, à reconnaître les bas-fonds locaux. Rien à voir avec ceux de Naples, ceux-là étaient plus dissimulés, moins visibles. Ils abritaient des plébéiens, des pérégrins ou des affranchis peu fortunés, qui vivaient de l’aumône de la cité ou de larcins, petits ou gros, comme celui dont l’esclave de Naevius venait d’être victime. Je réfléchis un instant et soupire :

- Attends-moi là.

Je m’approche de Voroncius toujours en pleine transaction. Pour ce que j’attrape de leur conversation les négociations semblent ardues. Je lui glisse à demi-mots que je dois faire une course et que je rentrerai au ludus avant midi. Il me grogne, signe qu’il a entendu, et me chasse d’un signe du menton, signe qu’il vaut mieux que je dégage et que je le laisse finir sa discussion. En retournant vers l’esclave de Naevius, je lui intime de me suivre d’un signe de tête :

-Allez, viens…

Je me fraye un chemin à travers les badauds du marché, ce qui n’est pas si difficile avec une carrure de gladiateur, la brunette saura trouver son intérêt en me talonnant pour profiter de mon sillage. Alors que nous avançons, je me retourne à peine pour lui demander par-dessus l’épaule :

-A quoi est-ce qu’il ressemble ton voleur ?

Mer 13 Mai - 17:18
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YOU'RE MAYBE NOT SUCH A PRAT

Le défiant sans non plus se montrer totalement téméraire au point de ne pas voir le danger, Serena osa tout de même lui répondre. Nul doute que le gladiateur était habitué à être reconnu, voire adulé mais il ne restait qu’un homme hors de l’arène. Un homme que Remus avait combattu et vaincu. Un homme qui, s’il connaissait leurs sentiments respectifs, pourrait se montrer vraiment dangereux. C’est pourquoi elle se montrait particulièrement discrète au ludus. De toute façon, Remus n’avait pas le droit de poser la main sur elle, Naevius s’amusant à le faire languir pour s’assurer de sa motivation. Des dessins que la brune n’avait pas forcément perçu. Pour elle, il s’accrochait encore au souvenir de sa défunte épouse. Et un gladiateur qui se montrait aussi arrogant... Tous les gladiateurs avaient une certaine prétention, se prétendant parfois être des dieux, se donnant le nom de héros mythiques pour se démarquer de la foule qui venait les acclamer mais l’homme qui lui faisait face... Les cheveux bruns, la stature... Elle était quasi certaine de ne pas se tromper mais quand bien même il était un adversaire redoutable, il n’était plus champion et son comportement était déplacé.
Serena n’avait pas peur de se défendre mais n’aimait pas foncièrement le conflit non plus. Aussi, après lui avoir répondu avec une certaine sècheresse dans la voix, elle préférait apaiser les choses. Elle n’avait pas de temps à perdre et préférait éviter la mauvaise publicité, pour l’un comme pour l’autre. Consciente qu’elle était vraiment en mauvaise position, elle se décida à jouer le tout pour le tout et à lui demander s’il pouvait au moins l’aider à défaut de rattraper le vrai voleur qui s’était sûrement planqué dans un lupanar pour dépenser la somme auprès de louves fébriles. La réaction, elle s’y attendait : elle lut tout le mépris et la moquerie qu’il lui crachait au visage. Décidément... Autant Remus pouvait parfois se montrer un peu trop fier, autant Priam était carrément un être imbu de sa personne. Son jugement se forgeait dans sa tête alors qu’elle se souvenait de la réaction de cet autre gladiateur, Ulysse, dont le comportement hautain valait également tout le nectar des dieux. Bien. La maison Lucretius était bourrée d’enfants pourris et gâtés qui n’avait aucune once de compassion. Pourtant, elle y avait mis les formes, et se montrait respectueuse. Elle avait tout de même été polie.

Observant le gladiateur avec espoir, même si la lueur disparaissait au fur et à mesure de son discours, elle nota inconsciemment son changement d’humeur car elle se montra plus détendue. Evidemment, il lui demanda la somme dont elle avait besoin et même si elle n’était pas insensée, c’était tout de même une petite somme. Lui donnant le détail pour chaque course qu’il lui fallait, voilà que Priam se montra encore une fois cynique. Inspirant calmement, Serena avait vraiment l’impression de passer pour une idiote avec lui. Elle garda le silence et détourna le regard, contrariée. Il valait mieux pas que le Doctore soit mis au courant mais revenir vers Naevius et lui annoncer qu’on lui avait volé la somme... Quoi faire ? Peut-être que cette idée de fuir au loin avec le fils de l’Etna n’était pas si mauvaise en fin de compte... Depuis la réunion, Serena se montrait plus attentive aux autres esclaves, estimant ceux qui prendraient part ou non à la révolte.
Mais impliquer Remus là dedans... Elle pourrait le lui demander à lui, il l’aiderait très probablement mais il la trouverait vraiment idiote aussi. Que Priam le pense, elle pouvait passer outre. Mais Remus... « Ça, c’est simplement parce que tu ne sais pas où chercher… » Levant les yeux vers lui, elle l’interrogea du regard. Et lui, évidemment, le savait. Il allait lui sortir des pièces d’or de... Elle retint la fin de sa pensée. Se fâcher ne servirait à rien, surtout qu’il semblait prêt à l’aider malgré tout. Hochant la tête, elle l’attendit donc.

Sans le perdre de vue, elle le vit aller auprès d’un homme et lui parler rapidement. Allait-il vraiment revenir ? Oui. Elle le suivit et cette scène lui sembla étrangement familière. Fouillant sa mémoire, elle se souvint de ce petit incident à Naples. Un garçon était venu à son secours dans des conditions similaires. Observant le gladiateur de dos, Serena semble y trouver une certaine ressemblance mais la probabilité pour que... Pouvait-elle se souvenir d’un détail qui lui permettrait de l’identifier définitivement ? Tirée de ses pensées, elle se rapproche de lui pour lui répondre. « Il était plutôt roux, avec un dessus marron. Il me dépasse d’une tête environ. Avec une cicatrice sur la joue. ». Voilà. C’était tout ce qu’elle avait pu voir du voleur. Priam pensait-il vraiment pouvoir le retrouver ? Gardant ses doutes pour elle, consciente que c’était son ultime chance, elle réfléchissait déjà à comment le remercier sans se compromettre. « Je te remercie pour ton aide. Je te retournerai la faveur si jamais un jour tu en avais besoin. » Comment annoncer à Remus qu'elle avait une dette envers Priam ?

Arene
Mer 22 Juil - 20:06
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Priam
₪ Arrivée à Pompéi : 21/08/2012
₪ Ecrits : 4319
₪ Sesterces : 283
₪ Âge : 29 ans
₪ Fonction & Métier : Gladiateur pour la maison Lucretius

Cogito ergo sum ₪
₪ Citation: The Gods have no mercy, that's why they're Gods
₪ Moi en quelques mots:
₪ Côté Coeur: Gauche...
Priam
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Les chemins du passé se recoupent au carrefour du hasard
Serena & Priam




Alors que nous marchons d’un bon pas pour nous extirper de la presse matinale, Serena me décrit l’homme et je m’efforce de dresser un portrait mental de l’individu et d’en retenir les principaux traits. Je laisse glisser un sourire désabusé sur mes lèvres à l’écoute de sa dernière phrase :

-Il ne nous appartient de faire des promesses lorsque l’on est esclave. Tu sais qui est mon maître et je sais qui est le tien, ne gaspille pas ta salive pour des serments que tu ne pourrais pas tenir.

Et puis soudain, réfléchissant toujours à l’homme qu’elle m’a décrit, je fronce les sourcils, persuadé de reconnaître à travers son portrait un visage qui m’est vaguement familier. Mon visage s’éclaire soudain en même temps que mes yeux s’écarquillent sous l’effet de cette révélation inspirée par les Dieux eux-mêmes à n’en pas douter :

-Ah ! Attends, je te parie c’est Callidus ton voleur ! Fieffée canaille… A l’heure qu’il est, il est sans doute déjà à l’auberge Fausta, prêt à dépenser son butin aux dés… Nous n’aurons pas à chercher bien loin.

Inutile de se demander comment un gladiateur peut connaître les raclures qu’abritent les bas-fonds de cette cité. Les gladiateurs, de l’un ou l’autre des ludi, ont des gains à dépenser, leurs domini ont bien compris que pour entretenir le moral de leurs hommes on ne pouvait guère les priver de loisirs eux-aussi, et lorsque le jeu, les putains et le vin ne viennent pas à eux, ce sont les gladiateurs qui vont dépenser leurs gains dans les tavernes, les bordels et les tripots. Je connais Callidus plus de réputation que de l’avoir véritablement fréquenté : Kerta m’en a parlé souvent, Ulysse s’est souvent vanté de l’avoir bellement plumé.

-Il est affranchi depuis un an à peu près, il était esclave agricole du côté d’Herculanum je crois avant. Ici, il travaille dans la construction, assez pour vivre à ce qu’on dit mais il dilapide tout dans le jeu et lorsque les fonds viennent à lui manquer ou qu’il a des dettes à éponger, il a recours à d’autres méthodes... Avec le tremblement de terre du début d’année, c’est pas l’ouvrage qui manque pourtant dans son milieu…

Nous pénétrons dans le quartier de Stabies en direction de l’auberge Fausta. Les insulae sordides tranchent du tout au tout avec la solennité qui règne dans les abords du forum. Les autorités de la ville semble faire grand cas de montrer de leur cité une image de prospérité, pourtant à deux pas de là la grandeur côtoie la décadence. Et la population change du tout au tout.
Si pour nous autres, l’heure est matinale, elle est pour certains très tardive. Des catins, maquillées à outrance, battent le pavé, la gorge offerte et palpitante, des ivrognes soulagent leur vessie contre un mur, d’autres peinent de toute évidence à retrouver le chemin de chez eux. Me frayer un chemin parmi cette faune ne m’est pas étranger ou inconfortable. Des quartiers comme celui-ci, il en existe partout et j’ai grandi dans l’un d’entre eux.
Bien sûr ma carrure et mon statut ne me font rien craindre, mais j’ai appris que derrière une louve prompte à ouvrir les cuisses se trouve souvent une femme prête à vous ouvrir ses bras, et que l’alcool ou le jeu qui enivre ces hommes permet bien souvent d’oublier les trahisons de la Fortune.

-C’est un conseil que tu prends comme bon te chante, mais tu ne devrais pas laisser ta bourse à la vue sur le marché. Callidus n’est pas le seul et la misère pousse plus d’un homme au délit ou au crime…

Un cri au dessus de nos têtes indique le lâché d’un contenu de pot de chambre dans un caniveau. Je retiens Serena par l’épaule pour lui éviter d’être aspergée d’immondices. Il s’en faut de peu d’ailleurs et c’est tout juste si nous parvenons à en réchapper d’un petit bond vers l’arrière. J’entraîne l’esclave pour contourner la flaque nauséabonde qui nous bloque désormais le passage et qui s'échappe dans la rigole. L’auberge Fausta n’est plus qu’à quelques dizaines de mètres. Je reprends notre conversation là où nous l’avions interrompue :

-Pour ta gouverne, il n’y a pas de bons voleurs, seulement des victimes trop peu vigilantes…

Ce faisant, l’œil fier et malicieux, j’agite sous son nez un large bracelet de cuivre.

Un bracelet qu’elle portait il y a tout juste quelques minutes.



Spoiler:
Dim 26 Juil - 12:34
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THAT'S CHILDISH

Serena se mordit la lèvre. Oui... Et si jamais Remus apprenait qu’elle était en compagnie de Priam, nulle doute que l’idée ne lui plairait guère. Et elle essayait de conserver son calme, même si l’attitude du gladiateur lui sortait par les yeux. Il lui semblait si prétentieux et si autoritaire qu’elle faisait un véritable effort pour ne pas éloigner celui qui lui offrait encore son aide. Remus n’était pas comme ça. Certes, il pouvait avoir des idées qui ne lui plaisaient absolument pas et il pouvait parfois insister pour obtenir ce qu’il voulait mais Serena parvenait à lui exprimer le fond de sa pensée. Avec Priam... C’était peine perdue, il correspondait parfaitement à l’archétype du gladiateur champion. Son assurance, un jour, il la paierait chère dans l’arène. « Je rembourserai ma dette. Et c’est bien parce que nos maîtres sont qui ils sont que j’y tiens. Nous sommes rivaux mais nous dépendons les uns des autres aussi. C’est parce que les deux maisons existent que tu ne tues pas tes frères dans l’arène mais ceux d’un autre. Non ? » Elle ignorait ses attaches avec la blonde aux yeux vairons mais un jour, peut-être qu’elle pourrait les aider. Bien sûr, elle ignorait pouvoir apporter un soutien sur cette affaire parce qu’Eirene et elle ne parlaient plus depuis un moment maintenant.

Marchant derrière lui, elle nota son changement d’attitude. Elle comprit alors qu’il venait de reconnaître le larron qui l’avait volée. Callidus ? Qu’il soit maudit ! Si jamais il avait dépensé la somme dans des paris stupides, elle invoquait déjà Mercure de le frapper. Certes, le dieu protégeait les voleurs, mais pas les imbéciles. Du moins, elle l’espérait. « Aux dés ? Attends, comment tu connais ce Callidus ? ». Oui, la réflexion venait tout juste de lui traverser l’esprit. Comment Priam, un champion, pouvait connaître un voleur ? Etait-ce la raison de son esclavage ? Haussant un sourcil, elle le suivait. Quelque chose en lui lui semblait de plus en plus familier. « J’espère pour lui qu’il n’aura pas encore eu le temps de dépenser cet argent... ». La colère commençait à sourdre dans ses veines. Si jamais le drame se produisait, elle se jura de ne pas attendre que Mercure aveugle le voleur, elle s’en occuperait elle-même ! Sauf si Priam prenait les devants mais elle en doutait sincèrement.

Ecoutant Priam lui donner des détails sur leur homme, elle secoua la tête. Alors c’était ça, être affranchi ? En venir à voler et à risquer de nouveau l’esclavage ? Quel était alors l’int rêt de la liberté ? Serena était née esclave et ne se plaignait pas de sa condition. Jamais. Contrairement à d’autres qui regrettaient tout un tas de choses qui lui étaient étrangères. Herculanum. Une ville voisine, qu’elle ne connaissait pas. « Ce n’est donc qu’un voleur. A quoi bon être libre si c’est pour risquer à nouveau l’esclavage ? Autant rester dans la maison de son maître si l’on est bien traité. Au moins, nous avons accès à un confort. J’ai l’impression que la liberté n’en promet pas autant. » Consciente que ses mots pouvaient heurter, elle confrontait cependant son opinion aux autres. Pour elle, c’était le moyen aussi de comprendre ce qu’il y avait de si merveilleux dans la liberté. Remus, romain d’origine, ne pouvait qu’en apprécier tous les bienfaits et encore. Certains étaient aussi pauvres que les affranchis.

Alors qu’ils pénétraient dans le quartier mal famé, Serena se rapprocha instinctivement du gladiateur en veillant cependant à ne pas le toucher. Seulement assez pour qu’on les comprenne ensemble et que l’on ne vienne pas lui chercher d’autres histoires. Si jamais elle se faisait agresser... Les femmes qui vendaient leurs corps lui semblaient terrifiantes. Les hommes sous l’emprise de l’alcool également. Il embrumait les sens et les poussait parfois à agir de façon tout à fait illogique. Ah, elle détestait son ton moralisateur aussi. Inspirant profondément, elle mourrait d’envie de lui répondre qu’elle n’était pas sotte et que l’autre imbécile avait coupé le cordon qu’elle avait pourtant soigneusement nouée et profité de la foule pour commettre son forfait mais elle n’avait pas envie de débattre, pas ici. Si jamais il l’abandonnait, elle serait dans une infortune bien plus grande. Alors, elle hocha la tête et baissa les yeux. « Je m’en souviendrai. Même si la foule impose des contacts que l’on ne peut toujours surveiller... » Oui elle s’était faite avoir mais quand l’on était pressée dans tous les sens, se cognant aux uns les autres, il avait suffit d’une bousculade pour qu’elle ôte sa main par réflexe et se fasse voler. Ne faisant donc absolument pas attention à ce qui se passait au dessus de leur tête, Serena entendit un cri. Qu’était-ce encore ? Elle se fit saisir à l’épaule et poussée vers l’arrière. Surprise, elle leva la tête vers le gladiateur alors que le bruit des souillures s’abattent sur le pavé, accompagnées d’une odeur répugnante. « Merci. » Cet endroit était une plaie. Vraiment. Elle se sentait tellement mieux dans les murs du ludus. Tellement plus protégée que dans cette ville infernale ! Contournant la flaque, Serena soupirait de soulagement. Et il répondit. Ses dents se serrèrent. Bien. Oui, elle avait compris, tout était de sa faute ! Elle allait lui crier à la figure avoir compris quand il agita sous son nez son bracelet. Quoi ? Elle leva son avant bras, nu. Interloquée, elle était surtout renvoyée à bien des années en arrière. Un tour qu’on lui avait déjà fait. Plissant les yeux, elle était vraiment prête à exploser mais son attitude espiègle lui faisait penser à... « Digne d’un gamin de Naples... » Levant la main pour reprendre son bracelet, elle ajouta : « Je connais ce tour, je t’ai tout simplement laissé faire pour ne pas blesser ton orgueil ». Sa propre fierté trahissait sa mauvaise foi, mais elle-même était malicieuse dans son sourire. Oui, le souvenir de ce gamin de Naples était un bon souvenir. Elle n’allait pas humilier celui qui l’aidait, encore une fois.

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